Quarantaine des voyageurs : l’AHGM nuance les frais de 2 000$

« Les 2 000$, ça semble être à titre indicatif. » Invitée ce matin (9 février) à l’émission Tout un matin, diffusée sur les ondes de la radio de Radio-Canada, Eve Paré, pdg de l’Association des Hôtels du Grand Montréal, a nuancé le montant de la facture que devront possiblement prochainement payer les voyageurs forcés de se cloîtrer dans une chambre d’hôtel de quarantaine à leur retour au Canada.

« Le processus d’appel d’offres est en cours, donc il est trop tôt pour moi pour dire combien ça va coûter, et aussi parce que chaque hôtel va établir sa propre tarification. Les 2 000 $ que le premier ministre Justin Trudeau avait annoncés, ça semble être à titre indicatif, et ce qu’on entend, c’est que les hôtels développent (actuellement) des tarifications par nuitée pour la chambre, et par personne pour les repas. Donc le 2 000 $ pourrait ressembler par exemple au tarif pour une famille de quatre personnes. »

Rappelons que le gouvernement a lancé un appel d’offres pour désigner des hôtels qui pourraient accueillir les voyageurs durant leur quarantaine de trois jours, qui pourrait devenir obligatoire sous peu, en attendant de recevoir leur résultat d’un test de dépistage de la Covid à leur retour de voyage.

Les hôtels intéressés doivent répondre à des critères, et l’un d’eux est de se trouver dans un rayon de 10 kilomètres de l’Aéroport International P-E Trudeau (l’un des quatre aéroports canadiens accessibles). « Une douzaine d’établissements répondent à ce critère. Cela représente une capacité de 2 à 3 000 chambres » précisait Madame Paré à l’animateur de cette émission, Patrick Masbourian.

S’il paraissait d’une facilité déconcertante il y a quelques jours à peine, pour le gouvernement canadien, d’avancer que la facture à payer serait de 2 000$ (lire l’article Frais de 2 000$. Quarantaine à l’hôtel. Le Mexique mais pas la Floride. Les nouvelles mesures aux voyageurs : précisions ici dans OJ Québec), plus les faisabilités des possibilités du comment et du concrètement sont étudiées, plus ce sera visiblement relatif.

« Il y a eu beaucoup d’écoute de la part des hôteliers durant un appel conférence. Chaque hôtel est à faire ses propres calculs actuellement. Chacun évalue si l’opération en vaut le jeu. Je m’attends à ce que plusieurs propositions soient déposées. Il n’y a donc pas de souci au niveau de la capacité » a expliqué Madame Paré. « On s’attend à ce que des hôtels soumettent des propositions, et donc les prix pourraient varier. »

À la lumière de cette explication, l’animateur a questionné la pdg sur la possibilité, pour les voyageurs concernés, de choisir leur établissement de quarantaine.

« Je n’ai pas de réponse mais les indices qu’on a, c’est que les hôtels ne sont pas appelés à fournir la totalité de leurs chambres. Donc ils peuvent par exemple libérer un étage complet pour les quarantaines, pour isoler les voyageurs des quelques autres clients réguliers qui pourraient s’y trouver. Il pourrait donc y avoir des petites quantités de chambres disponibles dans plusieurs hôtels, et c’est cela qui nous porte à croire qu’effectivement, le client pourrait avoir le choix de l’établissement parmi les hôtels désignés. »

Chaque hôtel intéressé va soumettre une proposition, qui détaillera un nombre de chambres disponibles pour la quarantaine des voyageurs, et le montant de la facture à payer. Le prix va donc varier d’un hôtel à l’autre.

« C’est effectivement ce qui va se produire au niveau des propositions. Ce qu’on ne sait pas à l’heure actuelle, c’est si le gouvernement fédéral va retenir plusieurs propositions, ou un nombre restreint d’hôtels. Est-ce que les voyageurs seront dispersés dans plusieurs établissements? On n’a pas d’indication à ce moment-ci. »

Quant au souci du mélange des clients durant les transferts de l’aéroport à l’hôtel et durant le séjour une fois à l’intérieur de l’établissement, le flux actuel des voyageurs apaise à lui seul les inquiétudes. « L’achalandage est tellement faible par les temps qui courent (dans les hôtels) que ce n’est pas un enjeu. Il s’agit ici d’un petit peu plus de planification à l’avance. De toute façon le client doit avoir fait sa réservation à l’avance. Les mesures seront planifiées sans problème avec l’hôtel pour le transfert des voyageurs » a ajouté Eve Paré.

« Quand la période d’appel d’offres sera terminée, c’est le fédéral qui va annoncer la date de mise en vigueur de cette mesure. Et ça peut aller très rapidement. » a conclu Madame Paré.

Rappelons les critères établis par l’Agence de Santé Publique du Canada :

  • l’hôtel doit se trouver dans un rayon de 10 kms de l’Aéroport International P-E-T
  • l’hôtel doit pouvoir assurer le service de transport des voyageurs entre l’aéroport et son établissement
  • l’hôtel doit pouvoir offrir des repas conformes au Guide alimentaire canadien, un accès à une télévision, à une radio et à une connexion à Internet.

Les hôteliers ont jusqu’à demain 10 février minuit pour présenter leurs propositions en réponse à l’appel d’offre du gouvernement canadien.

Le malheur des uns ne fera pas, possiblement, le bonheur des autres

Certains hôtels qui répondent aux critères de la Santé Publique, voient ou ont possiblement vu là une manne probable de clients qui pourrait ou allait pouvoir les aider à traverser la période creuse actuelle de leur achalandage. Mais certains déchantent déjà : « Il y a beaucoup de restrictions du côté des hôtels » déclarait Imad Sawaya, directeur général des hôtels Holiday Inn Express et Novotel à proximité de YUL, à La Presse. « Et est-ce que les voyageurs, eux, vont appliquer ce que le gouvernement leur demande ? » se questionne-t-il.

Un montant de la facture indéterminé, mais quand même problématique pour certains

L’Association canadienne des libertés civiles remet en question cette décision du gouvernement fédéral, en affirmant notamment que la facture à payer pourrait nuire aux Canadiens à faible revenu. L’association rappelle que parmi les voyageurs qui voyagent actuellement, il y a des Canadiens à faible revenu qui se rendent à l’étranger, non pas pour se faire bronzer, mais pour assister un proche malade.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.