Plaidoyers et initiatives de l’ACTA : des coups d’épée dans l’eau?

Manon Martel, directrice générale de l’ACTA, chapitre Québec

L’ACTA menait récemment un sondage auprès des agents concernant les programmes d’aide. À la lecture des résultats, que l’association a dévoilés hier, doit-on se questionner si les plaidoyers et les initiatives de l’association sont, dans une certaine mesure, des coups d’épée dans l’eau?

Dans les faits saillants, les indices… inquiétants?

Le nombre de répondants

On apprend d’abord que ce n’est qu’un peu plus de 1 000 personnes qui ont répondu à ce sondage national, sur un bassin donc de milliers d’agents (proprios, conseillers et agents indépendants) en situation de crise à travers le pays.

Question : c’est satisfaisant?

Manon Martel, directrice générale de l’ACTA-Québec : « on est satisfaits du taux de réponse quand on sait que les trois quarts des agents ne travaillent pas actuellement. La plupart des agences fonctionnent à personnel réduit et plusieurs agents sur l’assurance-emploi ne suivent peut-être pas l’évolution des choses sur une base régulière. On est également satisfaits parce qu’il y a beaucoup d’agences au Canada dont on n’est pas encore au courant qu’elles ont fermé. Aussi, on reconnait que ce sondage a été demandé en un court laps de temps. »

Autre question : si les appelés à répondre ne répondent pas, quel portrait vraiment juste de la situation l’ACTA peut-elle dresser devant les différents paliers d’aide?

« Notre message doit être entendu auprès des gouvernements. Et les résultats de ce sondage ont produit un message clair » répond Manon Martel.

Le nombre de demandeurs d’aide

Les résultats du sondage ont également appris à l’ACTA ceci :

« Sur le faible pourcentage de répondants – 7 % – de ceux qui ont présenté une demande dans le cadre du PCSDT (Programme de crédit pour les secteurs durement touchés), 24 % ont pu en profiter, alors que le double, soit 54 %, ont vu leur demande rejetée. 93 % ne se sont pas prévalus du PCSDT, alors que 43 % de ces répondants déclarent qu’ils craignaient de s’endetter davantage et 33 % ont affirmé qu’ils ne croyaient pas répondre aux critères. »

Question : quand on juxtapose ces résultats à cette citation de l’ACTA – « L’ACTA … continuera de défendre avec véhémence la prolongation de tous les programmes d’aide – c’est-à-dire la SSUC, la SUCL, la PCRE/AE, ainsi que le programme de prêts du PCSDT – jusqu’à la fin de la présente année », pourquoi défendre des programmes qui pour certains sont très faiblement accueillis par l’industrie?

« Même si plusieurs agences n’appliquent pas sur les programmes qui leur sont proposés, nous allons continuer de défendre les agences » souligne Manon Martel.

Et la question suivante : si, par exemple, 93 % ne se sont pas prévalus du PCSDT, et que 33 % avouent qu’ils ne l’ont pas fait parce qu’ils « croyaient » ne pas répondre aux critères, il faut continuer de plaider sur tous les fronts?

« Certaines agences ont leurs raisons de ne pas appliquer sur des programmes de prêts. On ne peut pas laisser tomber parce que certaines agences décident de ne pas appliquer sur certains programmes » souligne Manon Martel.

Sonder pour informer

Toujours dans le cadre du dévoilement des résultats de ce sondage, la présidente de l’ACTA, Wendy Paradis, a déclaré ceci :

Wendy Paradis, présidente de l’ACTA

« Alors qu’on assistera au dépôt du budget fédéral le 19 avril prochain, l’ACTA doit continuer d’informer le gouvernement à quel point la situation est critique pour les agences de voyages, les conseillers en voyages et les agents de voyages indépendants, en citant des données précises qui proviennent de notre sondage. »

Comment le gouvernement recevra-t-il ces résultats ?

« Les résultats soulignent les problèmes de durabilité dans notre secteur sans un accès continu et accru aux programmes d’aide du fédéral et des provinces alors que les restrictions dans le domaine des voyages restent en place » souligne la présidente de l’ACTA.

Mort annoncée de 75 % des agences

Si on termine par le début de l’annonce faite par l’ACTA au dévoilement des résultats de ce sondage, on y apprend que « 75 % des agences ne survivront pas si les programmes d’aide financière ne sont pas prolongés jusqu’à la fin 2021 ou jusqu’à la levée des restrictions ».

Quand on y regarde d’un peu plus près, ce serait l’arrêt des subventions, plus particulièrement – et non pas spécialement des programmes comme les prêts, selon l’ACTA – qui présagera une hécatombe du genre. « On parle particulièrement des subventions salariales, la PCRE et les subventions au loyer » précise Manon Martel.

Rappel des commissions : un dossier partiellement réglé

Le sondage demandait aux répondants quels programmes et politiques du gouvernement les aideraient le mieux à rester en affaires. Selon l’ACTA, les réponses ont soulevé la préoccupation première des répondants : le rappel des commissions « qu’on vient partiellement de résoudre grâce au programme d’aide qu’Air Canada annonçait lundi ».

Priorité suivante

L’ACTA signale que la priorité suivante concerne la prolongation de la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) et de l’assurance-emploi (AE) suivies de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) et de la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL).

L’association souligne que les répondants au sondage ont fortement insisté sur le besoin d’un plan de reprise des voyages – incluant l’ouverture des frontières, le retrait du programme de séjour à l’hôtel et la réduction/l’élimination de la quarantaine de 14 jours. Parmi les autres recommandations, il est mentionné l’extinction de la TVH et la prolongation du programme de remboursement des prêts liés au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC).

L’ACTA souligne que le gouvernement lui a également demandé des commentaires additionnels au sujet du programme de prêt dans le cadre du Programme de crédit pour les secteurs durement touchés (PCSDT) afin de comprendre s’il est efficace auprès de ceux auxquels il s’adresse – c’est-à-dire les entreprises les plus durement touchées, incluant l’industrie du voyage.

Les autres faits saillants du sondage

Sur les plus de 1 000 répondants, 58 % étaient des agents de voyages indépendants, 31 % étaient des propriétaires et 11 % étaient des employés.

Si le gouvernement ne prolonge pas les programmes d’aide au-delà du mois de juin :

-18 % des répondants ne seront pas en mesure de payer les dépenses courantes pendant plus d’un mois

-ce pourcentage augmente à 54 % après trois mois

-ce pourcentage augmente à 75 % après six mois.

34 % seront incapables de poursuivre leurs activités sans un accès soutenu à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) et à la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL) jusqu’à la fin de 2021.

61 % seront incapables de poursuivre leurs activités sans un accès soutenu à la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) et à l’assurance-emploi (AE) jusqu’à la fin de 2021.

16 % des répondants ont déclaré qu’ils seront incapables de rester en affaires s’ils n’ont pas accès au PCSDT.

Programmes provinciaux de subventions/prêts

L’ACTA souligne avoir reçu une quantité incroyable de commentaires sur les défis entourant l’accès aux programmes de subventions et de prêts dans les provinces. Sur la liste des programmes de financement provinciaux offerts, selon les observations du sondage de l’association, la majeure partie des répondants (84 %) n’ont reçu aucun montant, alors que 28 % n’ont pas présenté de demande et 31 % ne l’ont pas fait parce qu’ils se croyaient inadmissibles.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.