FICAV : sa stratégie enfin dévoilée

Visiblement, il en a fallu du temps pour comprendre le langage des signes de l’agent de sécurité du FICAV : l’OPC. Au fil des prêts qui sont déposés dans les comptes des transporteurs, l’industrie saisit mieux la stratégie silencieuse entourant ce fonds, sans tout approuver.

Nous avons assisté aux deux conférences Zoom organisées la semaine dernière par l’Association des Agents de Voyages du Québec (AAVQ) et l’Association des Tours Opérateurs du Québec (ATOQ). Toutes deux se sont prononcées sur « le cas FICAV » et « le cas OPC ». Voici les grandes lignes.

Pourquoi l’inaction et le silence de l’OPC

Claude St-Pierre, trésorier de l’ATOQ et directeur général de Tours Chanteclerc

Claude St-Pierre, trésorier de l’ATOQ et directeur général de Tours Chanteclerc : «Autant les assureurs que le FICAV et les transporteurs ou les tours opérateurs, on cherchait le premier payeur et tout le monde s’est défilé. Et c’est ce qui a causé cette situation-là. Aussi, qu’on soit d’accord ou pas, la position de l’OPC a été de se dire : « ok, on est pris avec un paquet de recours collectifs, on se retire de toutes communications officielles ». Et le contentieux de se dire « on se tient tranquille et on ne donne plus d’entrevue ». Je ne dis pas que je suis d’accord. Je fais seulement extensionner la pensée de l’Office. »

Moscou Côté, président de l’AAVQ

Moscou Côté, président de l’AAVQ : « La raison pour laquelle le FICAV n’a pas payé cette année, c’est parce qu’il ne pouvait pas, il manquait d’argent. Car il y a un potentiel de centaines de millions de dollars de réclamations, mais aussi parce que le FICAV ne voulait pas décaisser tant que l’argent d’Ottawa n’était pas annoncé pour les trois gros joueurs. Mais c’est normal, car pourquoi au Québec on paierait avec l’argent du FICAV alors que l’Alberta et l’Ontario avaient de l’aide d’Ottawa.

« Maintenant que AC est réglé (et maintenant aussi Transat, NDLR), il y aura suffisamment d’argent dans le FICAV une fois que les Sunwing et autres auront remboursé les consommateurs. Pour les dossiers restants, il y aura suffisamment d’argent dans le FICAV. »

Claude St-Pierre : « Mais la loi étant ainsi écrite en ce moment, seul un pourcentage de 60 %, des 138 millions dollars du Fonds, peut être consacré à un seul événement. Donc, c’était imminent que le ministre québécois avait affaire à un problème : celui de dire aux consommateurs que 1 dollar ne valait plus 1 dollar, dans un cas où l’on prend toutes les réclamations. Comme c’était clair qu’il n’y avait pas assez d’argent dans le FICAV, Québec s’est dit on va attendre de voir ce que Ottawa va faire. »

Philippe Arseneau, membre du CA de l’ATOQ et directeur général de Vacances Tour Est

Philippe Arseneau, membre du CA de l’ATOQ et directeur général de Vacances Tour Est : « Il y a forcément cette logique : le FICAV attend que tous les transporteurs se soient entendus avec le gouvernement avant d’intervenir pour compenser les gens. Le FICAV va attendre que tous les autres transporteurs aussi aient leur propre politique de remboursement, sur la base d’un financement fédéral ou pas. »

 

Joane Tétreault, présidente de l’ATOQ et pdg de Skylink Voyage

Joane Tétreault, présidente de l’ATOQ et pdg de Skylink Voyage : « On a retiré certains pouvoirs à la présidente de l’OPC, dans le cadre de son rôle. Ces pouvoirs ont été retournés au ministère de la Justice. Tout a été arrêté, parce qu’ils attendaient après le Fédéral. »

Les dommages causés par le silence de l’OPC

Joane Tétreault : « L’absence totale de l’OPC dans ce dossier-là est incompréhensible, injustifiable et inacceptable. Ils se sont cachés, sans jamais prendre le temps de dire aux consommateurs « ok, voici la stratégie, voici pourquoi nous n’intervenons pas ». Ils nous ont laissé l’odieux de confronter nos consommateurs. À part dénoncer, il n’y avait rien qu’on pouvait faire. Une éducation aurait dû être faite auprès des consommateurs, et l’OPC devait tenir ce rôle, mais ils ne l’ont pas fait. À ce chapitre, on a été laissés tout seuls. »

Cristinela Ancuta, nouvelle membre du CA de l’ATOQ et vice-présidente de Celebritours

Cristinela Ancuta, nouvelle membre du CA de l’ATOQ et vice-présidente de Celebritours : « Ce qui nous a fait le plus mal au début de la crise, c’est qu’on a eu l’air des idiots devant nos clients, qui nous demandaient « pourquoi vous nous avez obligé d’acheter une assurance FICAV, qui n’est pas là, qui n’existe pas ». Nos clients nous disent « ça fait un an qu’on attend », mais nous aussi, on n’est pas au courant! »

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.