Dossier spécial. Pour tous les pays du monde, on le sait déjà, la pandémie a bousillé les plans des uns, forcé telle décision chez les autres, provoqué fermetures ou repositionnement, etc. Alors quelle France post-pandémie vos clients retrouveront-ils? Open Jaw Québec a posé la question à Atout France.
Open Jaw Québec : Le touriste québécois qui prendra enfin l’avion dans quelques jours pour aller dans l’Hexagone, à quelle France touristique post-pandémie doit-il s’attendre?
Mélanie Paul-Hus, directrice d’Atout France pour le Canada à Montréal : Beaucoup de lieux sont rouverts. Pas la Tour Eiffel par contre! Sa réouverture aux visiteurs est prévue pour le 16 juillet. Les bars et les discothèques aussi ne sont pas encore rouverts. Leur ouverture se fera de façon progressive dans quelques jours.
Ce qu’il y a en moins cet été, c’est l’effervescence des festivals. Ce secteur n’a pas encore complètement redémarré. Les festivals ont eu le ok, mais ils doivent réduire de beaucoup le nombre de personnes participantes. Aussi, ils doivent obliger les gens à s’assoir durant les concerts. Donc le visiteur ne retrouvera pas cette ambiance magique des grands événements. Sauf les matchs de l’Euro!!
OJQ : Comment se déroulent actuellement la logistique et la gestion des visiteurs?
MPH : Le voyageur doit s’attendre que les choses ne sont pas encore exactement comme avant, comme d’habitude. Pour certains sites, il y a parfois un nombre maximal de visiteurs admis par jour, et même par heure. Dans certains musées aussi il n’est pas impossible que la visite doive se faire en deux heures ou moins par exemple. Dans les restaurants, des limites du nombre de tables sont encore imposées.
Tout cela fait partie des gestes barrières et du protocole sanitaire en place. Ce n’est pas bien différent de ce qu’on voit et vit ici au Québec. Les lieux culturels où il peut y avoir foule doivent être gérés adéquatement.
Le voyageur doit également savoir qu’il est possible qu’on prenne sa température. Le port du masque n’est plus obligatoire à l’extérieur, mais dans certains contextes comme les marchés publics, on recommande aux gens de porter le masque. Dans les files d’attente en général, si respecter la distance physique est difficile, il faut porter le masque.
En résumé, notre touriste habituel, qui aime beaucoup la France, va voyager un peu différemment, c’est évident.
OJQ : Qu’en est-il du secteur des congrès et tourisme d’affaires?
MPH : Les congrès peuvent reprendre doucement leur calendrier en France. Le voyageur d’affaires qui voudra participer à un congrès réunissant 5 000 personnes ou plus devra prouver qu’il est double-vacciné, à l’entrée. Si ce voyageur n’est pas double-vacciné, il devra subir un test de dépistage pour pouvoir être admis sur les lieux.
Accessible aux touristes, oui, mais pas un « bar ouvert »
OJQ : Donc la France n’est pas dans un contexte de « bar ouvert » aux touristes étrangers…
MPH : Les gestes barrières sont omniprésents. Et c’est normal que ce soit le cas, notamment parce que la population française n’est pas encore totalement vaccinée. La France devance un peu le Canada, mais elle n’a pas encore terminée sa campagne de vaccination.
OJQ : Le voyageur qui doit revenir au bercail avec un test négatif en poche trouve-t-il les ressources facilement en France?
MPH : Les voyageurs qui doivent faire un test de dépistage avant leur retour à domicile peuvent trouver ce test dans toutes les pharmacies et les aéroports aussi.
Un hasard qui fait bien les choses
OJQ : La réouverture aux touristes réserve-t-elle quand même de belles surprises aux visiteurs?
MPH : La chance qu’a la France, c’est qu’elle avait déjà entreprise, avant la pandémie, un grand programme d’investissements pour améliorer la qualité de son offre. Et donc, ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’il y a plein de nouveautés, plein de nouveaux sites, des musées tout nouveaux, des musées rénovés, des hôtels qui rouvrent, à Paris mais partout en France aussi, dont la Fondation Luma à Arles, qui vient d’ouvrir, et la Fondation Pinault de la Bourse de Commerce à Paris.
Toutes ces nouveautés ont bénéficié d’engagements qui avaient été pris avant la pandémie. La France avait déjà réfléchi à cette volonté de maintenir son offre très actuelle. Elle savait déjà qu’elle devait investir, et aujourd’hui, elle en récolte les fruits. C’est une chance qu’elle ait eu cette vision.
Les pertes
Open Jaw Québec : La France a-t-elle perdu des têtes? Allons-nous apprendre sous peu, si on ne le sait pas encore, que la France a perdu des lieux importants, chers dans le cœur des touristes, pour cause de fermeture en raison de la pandémie?
Mélanie Paul-Hus : Pour l’instant non. Des sites qui étaient très nouveaux avant la pandémie se sont repositionnés, pour certains. On attend de connaître le destin des sites qui sont très liés au tourisme d’affaires. Car on comprend que cette industrie ne se remettra pas aussi rapidement que l’ensemble de l’industrie du tourisme. Les vrais voyages de congrès vont devoir attendre à 2023 pour la plupart, même 2024. Pour ce type de produits, il faut s’attendre à de gros changements.
Si les conseillers en voyage ont travaillé avec des hôtels très spécifiques aux congrès, ils doivent se rapprocher de ces hébergements pour savoir à quel moment ils comptent rouvrir. Certains attendent l’automne car pour eux, l’été n’est pas la grande saison.
Pour le reste, nous n’avons pas de liste de sites fermés définitivement. Et espérons que ce ne soit pas le cas. Du côté des restaurants, on imagine que certains auront fermé, comme partout dans le monde. Mais il y aura d’autres restaurateurs. Pendant quelques mois, on découvrira que certains ont été rachetés ou se sont associés à d’autres réseaux pour être plus forts, par exemple.
OJQ : Qu’en est-il des hôtels?
MPH : Plusieurs hôtels comptent sur une clientèle domestique et celle-ci est parfois très intéressante en raison des différentes et nombreuses périodes de vacances des Français. Et les Français ont pris des vacances, crise ou pas! Donc pour cette industrie, il y a une base solide, qui est la clientèle locale.
Le très haut de gamme, qui compte beaucoup sur le visiteur international, s’est repositionné dans plusieurs cas. Il a commencé à le faire au début de la pandémie.
Ce qui déterminera peut-être la suite, c’est de voir comment le retour en présentiel s’effectuera en France, dans la vie au quotidien. C’est le présentiel aura un impact important sur les restaurants, les hôtels et plusieurs autres produits.