« Le marché de Plattsburgh est le marché à aller rechercher et à ramener chez nous. En pleine saison hivernale, on perd 4 avions par semaine. Avec une moyenne de 150 passagers par avion, ça fait environ 600 passagers par semaine que le Québec perd. C’est beaucoup d’argent! »
Éric Boissonneault, vice-président de l’AAVQ, répondait à l’appel de la station radiophonique 98,5, le mois dernier, afin de partager son point de vue et celui de notre industrie sur les intentions de l’Aéroport de St-Hubert de développer un service de vols internationaux commerciaux.
« Je suis tout à fait d’accord que l’Aéroport de St-Hubert pourrait tout à fait reprendre le marché qu’on a perdu au profit des États-Unis. Les Américains ont été très agressifs dans ce dossier, mais on doit reconnaître que c’est un marché qu’on a laissé aller. Un St-Hubert-Floride pourrait selon moi être rentable » a ajouté M. Boissonneault.
« On veut aller chercher les Québécois qui vont à Plattsburgh, a expliqué Jane Foyle à cette même émission de radio, qui agit à titre de directrice générale du Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L), qui gère l’Aéroport de St-Hubert.
« Ce qu’on veut attirer, c’est les vols à rabais. »
On le sait, c’est pour économiser de l’argent que des Québécois se rendent à Plattsburgh pour prendre leur vol. S’il est vrai que c’est une grosse perte pour le Québec, peut-on en vouloir à quelqu’un de se laisser tenter par un vol Plattsburgh-Floride à 109 $, 99 $ ou même 69 $, comme ce fut effectivement le cas?
C’est dans ce marché concurrentiel des prix que St-Hubert porte son attention.
« On veut offrir ce que Burlington fait. Nous ne voulons rien enlever à Aéroport de Montréal, dont le plan d’affaires repose sur l’international. Nous, ce qu’on veut attirer, c’est les vols à rabais, a expliqué Madame Foyle.
« Nous travaillons à offrir un avantage financier pour les compagnies aériennes. C’est comme ça qu’on réussira. ADM est très dispendieux pour les compagnies aériennes. Notre objectif est d’offrir des coûts d’opération moins élevés aux transporteurs à bas prix, pour qui chaque dollar doit être calculé. »
Objectif 2022
« Nous avons fait des prévisions de passagers, élaboré un plan directeur et toutes les études qui s’imposent. Si tout va bien et si tout se passe bien avec la construction d’un nouveau terminal passagers, on pourrait voir des vols offerts depuis un édifice privé de l’aéroport au début de 2022 », a annoncé Madame Foyle.
On peut dire que DASH-L a des alliés qui ont faim d’expansion et qui peuvent certainement lui être bien utiles dans ses démarches.
Le premier est Chrono Aviation, dont le siège social se trouve à l’Aéroport de St-Hubert. Chrono Aviation y a également construit un terminal passagers flambant neuf en plus d’avoir récemment fait l’acquisition d’un gros porteur – Open Jaw Québec en parlait ici.
Le deuxième est sans doute aussi la compagnie aérienne OWG, une division de Nolinor Aviation qui est propriétaire d’un gros hangar situé à l’Aéroport de St-Hubert.
Vous le savez, OWG fait beaucoup de bruit en ce moment pour se tailler une place dans le marché des vols vers le Sud.
Ce qu’il reste à faire pour offrir des vols internationaux depuis l’Aéroport de St-Hubert :
-offrir les services de l’ACSA (services de fouillage) : « les démarches sont déjà faites et on pourrait avoir leurs services d’ici la fin de l’année » – Jane Foyle
-élargir le service douanier : « un service de douanes est déjà en place pour accommoder jusqu’à 15 passagers » – Jane Foyle
-aménager une aérogare : « nous évaluons actuellement la possibilité d’utiliser une installation qui est déjà ici » – Jane Foyle
Les arguments de DASH-L pour appuyer ses ambitions:
-l’aéroport compte sur un bassin immédiat de population de 2,5 millions de personnes
-l’aéroport est déjà doté d’une piste d’atterrissage/décollage pouvant accueillir les gros porteurs
-une idée maîtresse : « nous travaillons à devenir un aéroport pour les citoyens » – Jane Foyle.
Des vols au départ de St-Hubert, intéressant pour Transat ?
Open Jaw Québec a demandé au Groupe Transat ce qu’il pense des ambitions de l’Aéroport de St-Hubert. Voici leur réponse :
« Pour ce qui est des plans à long terme d’Air Transat, la possibilité d’offrir des vols au départ de l’aéroport de St-Hubert n’a pas été évaluée », a confié Debbie Cabana, directrice des relations publiques et médias sociaux pour Transat.
« Dans le cadre de notre plan stratégique, la concentration de nos départs à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau est plus qu’adéquate. De plus, avec l’arrivée du REM qui reliera l’aéroport YUL au centre-ville, les perspectives plus long termes sont excellentes. »
Et qu’en pense le Groupe Sunwing?
Open Jaw Québec a également demandé au Groupe Sunwing ce qu’il pense des ambitions de l’Aéroport de St-Hubert. Voici leur réponse :
« Nous savons à quel point il est important pour les résidents du Québec de pouvoir voyager depuis l’aéroport local de leur choix, car moins de temps de transport vers l’aéroport permet une expérience de voyage plus harmonieuse. C’est pourquoi nous leur offrons plus d’options de départ pratiques » souligne le département des médias du Groupe Sunwing.
Cela dit, « nous attendons plus de détails sur les projets de l’aéroport de Saint-Hubert visant à offrir des vols internationaux. »
Aéroport de St-Hubert en bref :
-En 2004, le gouvernement fédéral donne l’Aéroport de St-Hubert à DASH-L, l’organisation à but non lucratif qui en assure la gestion depuis
-Les démarches entreprises par l’Aéroport de St-Hubert, pour devenir un aéroport international civil, ont débuté en 2015
-La principale piste a été refaite en 2018 de telle sorte à pouvoir accueillir de plus gros avions
-Depuis longtemps et encore aujourd’hui, plusieurs écoles de pilotage logent à l’Aéroport de St-Hubert
-Les utilisateurs actuels des installations sont : Pascan Aviation (vols au Québec), la GRC, Airmedic, Chrono Aviation, des jets privés (qui souhaitent un FBO : base opérationnelle fixe)
-À l’occasion, des vols nolisés (ex. : les joueurs des Canadiens de Montréal) utilisent les installations de l’Aéroport St-Hubert pour « avoir un accès rapide ».