Louise Paquette : «mes plus beaux souvenirs à l’office de la Jamaïque? Attendez que je vous raconte…»

Louise Paquette

Pas toujours facile de tourner une grande page de son histoire, même si la décision vient de soi et pour des motifs heureux. Entre rires et trémolo d’émotion, notre rep de l’Office du tourisme de la Jamaïque, Louise Paquette, est en train de tourner cette page. Sur le point de partir à la retraite, elle a confié souvenirs et anecdotes à Open Jaw Québec, mais aussi ses espoirs pour la destination. Entrevue.

Open Jaw Québec : Pourquoi vous nous quittez? Vous venez tout juste d’arriver à l’Office du tourisme de la Jamaïque??

(rires en duo)

Louise Paquette : Waouh! Début février 2022, cela aura fait 26 ans que je travaille pour l’Office!!

OJQ : Rappelez-nous votre parcours…

LP : Avant d’arriver à l’Office du tourisme de la Jamaïque, je venais de compléter presque neuf années chez Air Canada, trois ans chez Aéroports de Montréal et quelques années à droite et à gauche…

Pour l’anecdote, à ce moment de notre entrevue, Louise a pris sa calculatrice et a additionné ….

LP : 26 + 8 + 3…. Ouf! Ça me fait environ 40 ans de carrière dans l’industrie du voyage!

OJQ : Et maintenant vous nous quittez…

LP : Je suis prête et très sereine. Il y a un petit pincement au cœur… Mais c’est ma décision. Je suis prête pour de nouveaux défis…

OJQ : Ah! Vous ne partez pas à la retraite?

LP : Si si. Mais je suis prête pour continuer à voyager, notamment au Portugal et en Afrique, prendre soin de moi et à devenir bientôt grand-maman!

Obtenir ce poste il y a 26 ans, ça s’est passé comment?

OJQ : Qu’est-ce qui vous a incité à postuler pour ce poste, il y a 26 ans?

LP : Je n’ai même pas postulé!! (rire à nouveau) Je travaillais chez Air Canada, j’étais responsable des routes sur les Caraïbes et suite à une restructuration, j’ai perdu mon poste. Tout de suite après, la Barbade et la Jamaïque sont venues me chercher! J’attends toujours la réponse de la Barbade, mais je prends pour acquis que je n’ai pas eu le poste!! (éclat de rire en duo!)

J’avais un penchant pour la Jamaïque parce que j’y étais déjà allée en vacances et j’avais suivi les premiers développements avec Air Canada. Et j’avais constaté que la Jamaïque était le plus grand marché.

OJQ : Quand vous êtes arrivée à l’Office il y a 26 ans, aviez-vous idée que vous alliez passer autant d’années à ce poste?

LP : Absolument pas! (rire) Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais il y a 26 ans! Je n’avais jamais travaillé du côté des conseillers en voyage. C’était donc un domaine que je ne connaissais pas. Disons que les 6 premiers mois ont été un peu ardus! (rire)

OJQ : Vos souvenirs sont tout frais?

LP : Je m’en souviens comme si c’était hier! À cette époque, on descendait de l’avion sur le tarmac et seul Vacances Air Canada vendait la Jamaïque. Je me souviens d’avoir consulté Denise Toméo (les plus anciens ont certainement ici un beau sourire aux lèvres en lisant ce nom…) pour avoir un coup de main! C’est avec Denise et Guy Marchand que j’ai fait ma première tournée sur la route…

OJQ : Croyez-vous que ce serait possible, aujourd’hui, qu’une personne partant de zéro dans le domaine de la représentation enfile les chaussures de représentant/e pour la Jamaïque, comme vous l’avez fait il y a 26 ans?

LP : Non, plus maintenant. Je ne fais que regarder la description des tâches du poste à combler aujourd’hui, et je me dis, ouf, il y a quatre pages!

OJQ : Ce n’était pas la même liste de tâches il y a 26 ans?

LP : Non. Les tâches se sont multipliées au fil des années. Et comme en plus le Québec francophone ne fonctionne pas comme le Canada anglophone, il faut toujours créer quand on occupe un tel poste au Québec. Et savoir s’entourer d’une belle équipe, qui devient une famille. Ce sentiment de famille est d’ailleurs unique au Québec, pour cette raison.

Un défi, des idées folles…

Open Jaw Québec : Quel aura été le plus important défi que vous vous êtes donné durant toutes ces années à ce poste?

Louise Paquette : Défaire les préjugés envers la destination.

OJQ : Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé faire en occupant ce poste, et que vous n’avez pas réussi pour toutes sortes de raisons? Manque de temps, manque de ressources…

LP : Je dirais non. Car même les idées un peu folles que j’ai eues, je les ai menées à terme!

OJQ : Des exemples?

LP : Les vitrines du magasin Simons dans le centre-ville de Montréal, aux couleurs de la Jamaïque! Ça s’est passé en 1996. J’avais eu le flash de louer les vitrines pour deux semaines, durant le janvier tout gris, pour faire rêver les passants à la chaleur avec du vert, du rouge, des palmiers, un radeau en bambou… La direction du magasin a tellement aimé mon projet, qu’elle m’a donné 4 semaines gratuites!

Les fameuses vitrines…

Après cet événement, l’Office du tourisme de la Jamaïque a travaillé avec La Vie en Rose, Météomédia, le Parc aquatique St-Sauveur, le Mont St-Sauveur, le Mont Orford, Occupation Double, etc.

Louise Paquette se remémore également la création de la Tournée Air-Mer-Terre il y a 25 ans et sa participation à ce grand coup : le spectacle d’Éric Lapointe et autres vedettes québécoises, à l’hôtel Braco il y a plusieurs années. TVA avait fait une émission sur cet événement.

OJQ : 26 ans ont passé donc. Que retenez-vous de toutes ces années?

Louise Paquette (centre avant) entourée de Nathalie Carpentier, Nathalie Bonin et Judy Makara, sur la route à Peggy’s Cove, en Nouvelle-Écosse

LP : Les personnes avec qui j’ai travaillé, ici comme en Jamaïque. Les reps d’hôtels et des t-o, directeurs des ventes, agents de voyage… Ces personnes sont devenues des amitiés, la famille.

OJQ : Combien de fois êtes-vous allée en Jamaïque?

Louise va rechercher sa calculatrice….

LP : 26 X 5… Des années c’était plus, des années c’était moins. C’est une moyenne!

Elle a changé, la Jamaïque?

OJQ : De votre point de vue, la Jamaïque a-t-elle beaucoup changé en 26 ans?

LP : Ah oui! (rire) Je me souviens de Bloody Bay, alors qu’il y avait qu’un seul hôtel sur cette plage! Le Grand Lido Negril. Aujourd’hui, cette plage est développée presque dans sa totalité… Puis on est passé de petits hôtels de 200 chambres à des méga structures à 1000 et quelques chambres! C’est tout un changement!

OJQ : Et la destination en général?

LP : Quand j’ai commencé, le tourisme n’était pas la première industrie du pays. Elle l’est aujourd’hui, définitivement.

OJQ : Vous êtes une des rares Québécoises à connaître autant la Jamaïque aujourd’hui. Que souhaitez-vous que notre industrie retienne de cette destination?

LP : Que la Jamaïque n’est vraiment pas uniquement une destination de plage. Il y a la culture, la musique, sa gastronomie, son peuple et le sens de l’humour des Jamaïcains. Grâce à tout ça, la Jamaïque est devenue ma deuxième patrie.

La relève

Open Jaw Québec : Que souhaitez-vous pour la personne qui va vous remplacer?

Louise Paquette : D’avoir autant de plaisir que j’en ai eu à faire découvrir cette destination, et avec autant de passion. Cette personne va travailler avec des équipes de personnes incroyables, des offices ici au Canada et en Jamaïque, mais aussi des hôtels et des tours opérateurs.

OJQ : Le voyage connait de grands bouleversements. Que souhaitez-vous pour la suite, au peuple jamaïcain et à la destination elle-même ?

LP : Du succès à continuer de développer cette industrie touristique. Et pour les visiteurs, de découvrir cette destination dans toute sa grandeur. Il y a encore des préjugés, et j’espère un jour qu’ils vont disparaître.

OJQ : En terminant, si jamais un agent de voyage compose votre numéro de téléphone par réflexe pour avoir des infos sur la Jamaïque, vous allez lui dire quoi?

(rires en duo)

LP : JE NE TRAVAILLE PLUS!!! (gros rire) Je blague! Cela me fera plaisir de répondre… Mais svp : ne dites plus à vos clients de me contacter!!

Louise Paquette tient à remercier chaleureusement tous les conseillers en voyage, les hôteliers, les tours opérateurs pour leur appui au cours des différents projets et promotions. « J’ai grandi avec eux! » a conclu Madame Paquette.

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.