Pour acheter un billet d’avion, votre client devra présenter sa carte de crédit ET sa carte à puce pour se faire débiter un montant carbone de la quantité annuelle à laquelle il a droit.
Et quand sa quantité annuelle allouée sera épuisée, deux options s’offriront à lui: 1 : il ne pourra plus acheter un autre billet d’avion le restant de l’année; 2 : il pourra acheter le montant carbone requis à son beau-frère, au voisin ou tout autre bon samaritain qui acceptera de se faire débiter le montant pour que quelqu’un d’autre consomme à sa place.
C’est là un scénario sérieux qui a d’abord été étudié par les Britanniques. Et non pas ceux qui travaillent dans le cinéma de fiction, mais bien dans les domaines de l’environnement et la consommation.
Des instituts européens s’emparent actuellement de l’idée pour la concrétiser, dont l’Institut Momentum en France, qui voit dans cette carte carbone « une piste pour une alternative à la taxe carbone qui soit socialement plus juste et plus efficace » révèle le magazine Socialter.
Un quota pour chaque citoyen
Ce projet a ceci de particulier : le calcul carbone n’est pas pelleté sur le banc de neige des entreprises ou du gouvernement, mais bien sur celui du citoyen.
L’idée de fond est de répartir les efforts pour le climat de façon plus équitable et de façon individuelle.
« La carte carbone consisterait à attribuer des quotas de carbone individuels, c’est-à-dire le droit d’émettre une quantité définie de gaz à effet de serre pour l’année » souligne Socialter en ajoutant que ce projet viserait la réduction de la consommation d’énergie liée au logement (le gaz, le fioul, l’électricité) et au transport (essence et billets d’avion).
On étudie la possibilité que cette carte carbone prenne la forme d’une carte à puce « avec un système de points représentant les unités de carbone auxquelles vous avez droit ».
Le « coût carbone » débité sur la carte sera basé sur un calcul très complexe. En des termes simples, le « coût carbone » correspondra aux dégâts climatiques occasionnés par la consommation de l’énergie du produit que le consommateur voudra acheter.
Un calcul individuel mais dans le cadre d’une norme nationale
Si une quantité carbone sera déterminée annuellement pour chaque individu, cette quantité s’inscrira d’abord dans un tout, soit celui du pays dans lequel l’individu habite.
On suggère l’idée qu’un comité expert indépendant déterminerait le « budget carbone » de chaque pays, soit « la quantité totale d’émissions autorisée annuellement pour toute la population du pays ».
Cette quantité serait définie en fonction des engagements pris par le pays en question et en fonction des avis des climatologues. « Puis, pour calculer la part de carbone annuelle allouée à chaque individu, ce budget carbone national serait divisé en autant de parts qu’il y a de résidents. »
Quant au beau-frère, il pourrait intervenir dans cette chaîne de consommation parce qu’un système d’échange de quotas est un volet également étudié. « Les individus à qui il resterait des points carbone pourraient les vendre à ceux qui voudraient dépasser leur quota alloué. »