Quand effet média et raccourci de conclusions brouillent les cartes, selon Tours Altitude

Steven Bergin

Dossier spécial. Tours Altitude reconnait que le réchauffement climatique affecte le volume de la neige sur les pentes de ski, spécialement celles en basse altitude. Mais cette division ski de Tours Chanteclerc met un bémol sur le charcutage annoncé des vacances de ski.

« La première fois, il y a 30 ans, que j’ai fait du ski en Europe, j’étais en t-shirt et j’ai tripé. C’était en mars. Et aujourd’hui, ce que je vois n’est pas très différent, soulève Steven Bergin, directeur des ventes de Tours Altitude.

« Je fais encore aujourd’hui beaucoup de ski. Quand je regarde les pentes, ça va bien. Mais quand je lis les médias, ça va pas bien. »

Open Jaw Québec : Est-ce que, la façon dont les médias rapportent les nouvelles alors, cela dresse un portrait erroné de la situation dans cette industrie?

Steven Bergin : C’est plutôt l’abondance et la consommation de tout ça. Tout le monde est à l’affût de l’information maintenant. Tout le monde veut savoir tout, vite et rapidement. Tout le monde connait les nouvelles en 5 minutes. Et tout le monde consulte aussi beaucoup plus la météo. Les médias sociaux participent à ce phénomène.

Par exemple, il y a un mois, l’Ouest Canadien a enregistré peu de précipitations de neige. Mais les conditions étaient quand même bonnes. Puis, des skieurs ont raconté sur les réseaux sociaux qu’ils avaient été déçus du manque de poudreuse. Oui, beaucoup de soleil a eu raison de la poudreuse à ce moment-là, mais les conditions de ski étaient quand même bonnes.

OJQ : Considérez-vous que les médias sont alarmistes?

SB : Ils le sont dans tout. Je ne nie pas qu’il y a un réchauffement climatique, et qu’il affecte les précipitations de neige. Mais si je commençais à croire tout ce que je vois passer dans les médias, j’arrêterais de vendre du ski!

Les médias et les lecteurs cherchent des sujets. Donc l’alarme va toujours être là. Si une région a une mauvaise année, c’est automatique aujourd’hui : on fait le lien avec le réchauffement climatique. Mais des mauvaises années, il y en a toujours eues.

Les photos des stations de ski qui ont souffert du manque de neige, et qui ont circulé cet hiver dans les médias, on les aurait vues il y a 30 ans, si, il y a 30 ans, il y avait eu des caméras partout comme il y en a aujourd’hui et si la diffusion des nouvelles avait été aussi rapide que ce l’est aujourd’hui.

Quand la déception vient d’un mauvais choix

Monsieur Bergin attire aussi l’attention sur un autre phénomène qui nourrirait peut-être le nuage négatif qui flotte au-dessus des skieurs :

« Les mécontentements des gens, aujourd’hui, proviennent beaucoup des mauvais choix que font beaucoup de skieurs par rapport aux conditions recherchées. Un adepte de la grosse poudreuse qui va en Europe sera probablement un peu déçu. Parce que la poudreuse, c’est l’affaire des conditions de l’Ouest Canadien (Revelstoke, Whistler) ou Américain.

Donc, ici, le mécontentement du skieur ne repose pas sur le fait qu’il y a moins de neige ou moins de poudreuse, mais plutôt sur le fait que ce skieur n’est pas sur la bonne montagne. L’Europe ne ressemble pas à l’Ouest Canadien.

À Chamonix au mois de mars, les tulipes sont sorties, et les gens capotent! Ils disent qu’il n’y a pas de neige. S’ils allaient aux stations de 2 000 mètres et plus, ils en trouveraient de la neige. Elle est là.

En Californie, il y a des stations où il tombe entre 30 et 50 pieds de neige chaque année. C’est en Californie où j’ai fait le plus de poudreuse dans ma vie.

Un autre bémol

Monsieur Bergin met aussi un bémol sur le sujet des activités de neige autres que le ski, qui sont évoquées comme étant un signe de la tendance au réchauffement climatique et du mode survie qui se met en place dans les stations de ski.

« En Europe, en général, les stations de ski offrent d’autres activités (luge, ski de fond, etc) que simplement le ski. Ce n’est pas une tendance à cause du réchauffement climatique. Ces offres existent depuis longtemps. C’est dans leur culture. Elles se répandent peut-être aujourd’hui, mais elles existent depuis longtemps.

« Car comparativement à la pensée québécoise qui est ski ski ski, en Europe, beaucoup de gens vont séjourner dans des stations de neige en combinant ski et autres activités, et même sans faire du ski du tout. »

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.