Dossier. Nous sommes dans les profondeurs de l’Algar do Carvao, ce trou géant dont l’histoire est fracassante… et touchante. Il s’agit d’une grande cavité souterraine de près de 80 mètres de profond qui a été sculptée par un volcan aux prises avec l’énervite ultra aigüe.
À gauche, le rock a refusé de céder à la pression volcanique au jour J, si bien que le volcan s’est incarné en Léonard de Vinci. « Nous appelons cette chambre la cathédrale en raison des couleurs et motifs magnifiques du rock que l’explosion volcanique a provoqués » nous explique la guide.
Créative mais tout de même piquée au vif, l’éruption a alors modifié son GPS, se défoulant comme une déchaînée dans l’axe vertical droit 180 degrés jusqu’à repérer enfin un chemin envisageable vers la sortie, vers la surface de la terre.
La guide poursuit : « le site est intact. C’est un fermier qui l’a découvert il y a quelques décennies. Ses vaches broutaient dans le secteur et l’une après l’autre, elles disparaissaient. Il est parti à leur recherche et a découvert que ses vaches tombaient dans le trou du volcan… »
C’est la désolation générale du groupe. Mais aussi l’admiration : cette cavité volcanique est une œuvre d’art, et l’une des deux seules du genre au monde (l’autre étant en Islande, selon la guide). La force et la beauté de la nature nous sont projetées ici en plein visage.
L’Algar do Carvao compte parmi les « durs à battre » de Terceira au chapitre des curiosités à ne pas manquer. Cette île des Açores, qui est maintenant desservie par un vol direct hebdomadaire de Montréal avec Azores Airlines, mérite visiblement de s’y attarder.
Les autres incontournables de Terceira
Notre groupe composé d’agents et tour opérateur du Québec, qui a le privilège de découvrir Terceira à l’occasion du vol inaugural YUL-TER de Azores Airlines, fait ainsi connaissance avec les entrailles volcaniques de l’île, mais y découvre aussi cette aisance à s’y aventurer en voiture en raison de la superficie relativement petite de l’île et le bon état des routes.
On découvre que les vaches font plus que partie intégrante de la vie locale (on en compte 80 000 pour les 55 000 habitants de Terceira) et que le paysage présente un patchwork paysager sublime : partout les longs murets de pierres volcaniques délimitent les lopins de terre, tantôt pour rassembler les vaches brouteuses, tantôt pour faire pousser les vignes grimpeuses (les pierres volcaniques emprisonnent la chaleur durant le jour pour la distribuer ensuite durant les nuits fraiches).
La campagne est à portée de main des villes et villages, Angra do Heroismo est la reine avec sa griffe de l’UNESCO et partout, sur la route qui fait le tour de l’île, les piscines naturelles dans la mer nous dévoilent le charme volcanique de Terceira. Quant aux excursions, celles aux baleines sont les incontournables ici. Coup de chance pour Terceira, ces grandes créatures des mers se présentent à différentes périodes de l’année alors l’activité peut espérer être rentable.
Au registre des visites, la cathédrale d’Angra réserve une surprise… surprenante : une exposition de toiles qui illustrent – de façon revue et corrigée par des artistes locaux – un moment de l’histoire de Jésus : soldats armés escortant Jésus ou encore coups de pinceaux hallucinogènes sont à l’affiche sur les toiles de cette expo qui a d’abord suscité la controverse mais qui a le mérite aujourd’hui de soulever les discussions.
Quant au Palacio d’Angra, la visite guidée passionnante explique tout de l’histoire du peuplement de Terceira et l’archipel des Açores, du frère de l’autre qui voulait être le chef aux bovins lancés contre les troupes ennemies pour remporter la guerre. Et cette devise sur les armoiries : « nous préférons mourir en étant libres plutôt que de ne pas savoir si nous allons obtenir la paix ».
Taureau or not taureau
Notre séjour nous a également inévitablement amenés à discuter de ces rendez-vous sportifs qui mettent en vedette des taureaux, et à en rencontrer quelques-uns…
-Alors c’est quoi la Bull Run?
-Bin ils lancent un pétard en l’air pour aviser que ça va commencer, ils ouvrent notre cage et nous lâchent dans la rue.
-Et ensuite? Vous fracassez tout sur votre passage?
-Même pas! On peut pas…
-Comment ça vous pouvez pas?
-On a la corde au cou.
-…
-Ils veulent que je coure après les humains qui courent eux aussi dans la rue en criant comme des malades et quand je suis sur le point de les embrocher avec mes cornes, bin ils tirent sur la corde pour m’arrêter. Pissous! Ça fait plus d’un siècle qu’ils nous font faire la même ritournelle…
-Ils t’écartèlent, te charcutent et te tuent à la fin de la course?
-Même pas! Pissous.
-Mais c’est mieux non?
-Je me blesse des fois. Ça glisse des sabots sur l’asphalte! Et là je tombe, et là je saigne et là ils capotent parce que je saigne, et ils arrêtent le jeu. Les vétérinaires veillent sur nous.
-Tu as entendu parler des mouvements contestataires qui veulent interdire toute pratique jugée non respectueuse des droits des animaux sur terre?
-Jamais ils n’arrêteront la Bull Run. Les Açoréens et les Portugais sont très liés à leurs traditions.
-Et toi, tu en penses quoi?
-Des pissous bizarres, mais sympathiques…
Photos : Isabelle Chagnon
Notre journaliste était l’invitée de Discover the World Marketing, Azores Airlines et les autorités touristiques de Terceira