
L’affaire « Champagne » & Sunwing, qu’une question de bulle et d’argent ? Open Jaw Québec a sollicité une entrevue, ce matin, avec les deux piliers de l’Association des agents de voyage du Québec, Moscou Côté et Éric Boissonneault, pour gratter davantage le sujet.
La proposition de Sunwing dans cette affaire, soit d’offrir un rabais de 7 % aux membres du recours collectif à la condition qu’ils réservent leur prochain voyage sur son site Internet uniquement, cache, selon l’AAVQ, un problème fondamental de droit.
Absence de liberté d’action et de choix
« Dans notre industrie, 80 % des consommateurs font déjà affaire avec des agents de voyage. Le règlement de Sunwing prévoit de ne plus faire affaire avec un agent de voyage. Alors la situation soulève ce problème : ces 80 % des gens vont être lésés dans leur droit, du fait que Sunwing, dans cette proposition d’entente, va les obliger à réserver leur voyage directement sur le site de Sunwing. C’est une question légitime de droit » explique Moscou Côté, président de l’AAVQ.
« Les consommateurs qui font affaire avec un agent de voyage, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas capables de réserver en ligne. C’est parce que eux, ils ne veulent pas réserver sur Internet, et ce pour leurs raisons à eux : pas de carte de crédit, pas à l’aise avec l’informatique ou encore parce qu’ils ont besoin de conseils d’un agent. C’est quand même notre job premier! »
« Le Fonds d’aide aux actions collectives aussi, a un souci par rapport à cet aspect » a ajouté Éric Boissonneault, vice-président de l’AAVQ.
Absence d’impartialité
« Un autre point important, c’est que le travail d’un agent, c’est d’être impartial. Un agent n’offre pas seulement les produits de Sunwing. Il propose aussi les produits de Transat et les autres. Alors le client qu’on oblige de réserver sur le site de Sunwing est privé de cette impartialité, parce qu’il ne se fait pas proposer les produits des Vacances Air Canada et les autres » explique Moscou Côté.
Absence du duo d’éléments fondamentaux dans une cause juridique
« Dans un jugement, il doit y avoir un élément de compensation ET un élément de dissuasion. L’entente proposée par Sunwing traite de l’élément de compensation (7 % de rabais), mais pas de l’élément de dissuasion, explique Monsieur Côté.
« L’entente présentée par Sunwing prévoit qu’il sauvera, finalement, de l’argent (NDLR : Sunwing offre 7 % de rabais aux consos mais économise les 8 % de comm aux agents). Donc, Sunwing n’est pas du tout confronté à un élément dissuasif. »
Rappelons qu’un élément dissuasif permet d’envoyer un message clair au fautif et au monde des affaires, à l’effet qu’une faute ou un manquement à des responsabilités ou à une éthique expose à des éléments dissuasifs, autrement dit punitifs.