Martinique : un virage majeur s’amorce

Dossier. À l’invitation du Comité Martiniquais du Tourisme, Open Jaw Québec était à la Martinique la semaine dernière dans le cadre d’une petite tournée découverte et familiarisation. Et voici ce que nous avons constaté : la Martinique est en train de passer de « L’Île aux Fleurs » à la « Terre de Rhum ».

C’est un grand virage d’image qui est en train de s’opérer. Car à la Martinique, oui, les fleurs sont toujours belles, mais le rhum a un avenir identitaire plus fort et prometteur. Même le surnom officiel de la destination – Île aux Fleurs – pourrait bien prochainement se métamorphoser en « Terre de Rhum ».

Un contexte historique qui explique tout

« Au début du tourisme à la Martinique, il y a environ une trentaine d’années, la population martiniquaise n’était pas le facteur qu’on voulait mettre de l’avant. On a voulu vendre la partie naturelle et végétale de la Martinique. Et c’est pourquoi on l’a appelée l’Île aux Fleurs, nous a expliqués Michel Fayad, conservateur du Musée du Rhum et de l’Habitation La Salle, historien de la Caraïbe et responsable de la culture La Martiniquaise.

« Aujourd’hui, au sein même de l’île, on l’appelle de plus en plus Terre de Rhum. Parce qu’on reconnait maintenant que la Martinique est la seule terre au monde où le rhum est d’appellation d’origine contrôlée, et aussi parce que le rhum de la Martinique s’exporte énormément à travers le monde. »

Le rhum a arrosé plusieurs fois notre tournée en compagnie du Comité Martiniquais du Tourisme, et les discussions à son sujet ont été nombreuses :

« Il y a quelques décennies seulement, les distilleries étaient en train de disparaître de la Martinique. Parce que plus personne ne voulait y travailler. Le travail à l’usine était devenu quelque chose de dégradant, nous a expliqués Marie-Annick Paulin-Pyram, guide interprète qui nous a accompagnés durant le voyage. Mais le tourisme a changé la donne. »

« Aujourd’hui, la production de rhum, qui était en déclin, augmente, et on commence même à remarquer que les champs de canne à sucre peinent à fournir adéquatement à la demande, a ajouté Monsieur Fayad.

Perception à revoir à l’égard du touriste

« Nous pensions que le touriste n’était intéressé que par les plages, le soleil, les cocotiers et le sable chaud. Et c’est pour ça qu’on mettait en valeur surtout le côté naturel de la Martinique. Les côtés humain et culturel étaient complètement mis de côté, a souligné Michel Fayad.

« Mais le tourisme du rhum, qu’on appelle chez nous le spiritourisme, est de plus en plus un attrait en soi. Et avec lui, c’est l’humain – le Martiniquais – qui revient au centre même de la culture martiniquaise et de la connaissance du produit régional. »

Revalorisation du produit « rhum »

Comme un trésor encore récemment inadéquatement considéré à sa juste valeur, le rhum est actuellement cette vedette montante que la population martiniquaise pose aujourd’hui sur la bonne marche du podium : la plus haute.

« Sur une période d’une trentaine d’années, le rhum a été revalorisé et aujourd’hui, il est reconsidéré. Le produit est devenu une fierté nationale. Et les conséquences de tout ça, c’est qu’en fait, c’est toute l’industrie du rhum qui est revalorisée, même le travail dans les cannes à sucre, nous a expliqués Michel Fayad.

« Aujourd’hui, on n’a plus de problème de main d’œuvre dans ce domaine parce que les Martiniquais sont maintenant fiers de travailler dans le domaine. »

« Alors que la production du rhum était jadis en déclin, quatre nouvelles distilleries ont vu le jour à la Martinique ces dernières années, nous a appris Marie-Annick Paulin-Pyram. La production prend de l’expansion et le produit est au cœur d’un nouveau tourisme, celui du spiritourisme. »

Photos : Isabelle Chagnon

Notre journaliste était l’invitée du Comité martiniquais du tourisme de Montréal.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.