
Dossier. C’était l’été dernier et l’événement a eu des échos partout dans le monde. La visite du pape François au Québec a marqué les actualités, et marque le tourisme. Anne Godbout, directrice générale de Spiritours, explique à Open Jaw Québec comment.
Quand Spiritours a vu le jour au début des années 2000, le tourisme religieux avait déjà commencé sa mutation.
« À nos débuts, nous savions déjà que, dès l’usage des mots religion et religieux dans le domaine du voyage, les gens exprimaient une crainte, une peur que ce type de voyage soit trop axé sur l’aspect religieux, que le déroulement du programme implique des prières et des messes.
« Alors on a lancé Spiritours avec des voyages de ressourcement. Plutôt spirituels. On voulait offrir des temps de ressourcement. Dès le début, notre mission a été de permettre aux gens de faire un point dans leur vie, se ressourcer » explique Anne Godbout.
Puis les demandes des voyageurs ont évolué : « Plus tard, on a scindé en deux catégories nos voyages parce qu’on avait une hausse de la demande pour les pèlerinages en compagnie d’un prêtre accompagnateur. »
Un tracé clair entre tourisme religieux et tourisme spirituel a été dessiné. « La catégorie des voyages de ressourcement s’est précisée, notamment par les lieux choisis pour le déroulement de ces séjours, poursuit Anne Godbout. Les voyages de ressourcement ont évolué dans des lieux de nature plutôt que religieux. »
« À mesure que les gens ont manifesté toujours plus d’ouverture sur les sujets spirituels, nous avons assisté à une hausse de ces voyages spirituels et de ressourcement. Les gens ont manifesté un intérêt grandissant pour les voyages qui reposent sur l’être. Par exemple, le yoga, la méditation, le développement personnel. »
Population vieillissante et population changeante
Dans toutes formes de tourisme, le vieillissement d’une population a un impact. Aux chapitres des tourismes religieux et spirituel aussi : « nos clients qui étaient de grands adeptes de pèlerinages de l’époque sont devenus, pour plusieurs, trop âgés pour voyager, poursuit Anne Godbout. Et aujourd’hui les gens qui sont en âge de voyager ne sont pas nécessairement intéressés par le tourisme religieux.
« Depuis des années, peu de gens fréquentent les églises. Et les choses évoluent dans le même sens : les adeptes d’une démarche religieuse sont moins nombreux.
« Cela dit, avant la pandémie, même si on a constaté une diminution de l’intérêt pour le tourisme religieux notamment en raison de la population vieillissante, les sanctuaires ont accueilli et accueillent plus de visiteurs qu’avant. Plusieurs visiteurs visitent ces lieux pour une stimulation touristique. »
Et soudainement, des événements ont changé le courant…
« En 2010, poursuit Anne Godbout, le tourisme religieux a connu un regain stimulé par la canonisation du Frère André. Suivant cette canonisation, il y a eu un gros regain pour le tourisme religieux! »
Par la suite, ce marché a connu d’autres vagues de regain de popularité : « quand il y a eu la canonisation de Kateri Tekakwitha en 2012 et celles de Marie de l’Incarnation et de François de Laval en 2014, nous avons assisté, là aussi, à un regain pour le tourisme religieux » souligne-t-elle.
Open Jaw Québec : Et la visite du pape l’été dernier? Vous attendez-vous à un regain du tourisme religieux et des pèlerinages?
Anne Godbout : Les gens ne vont pas, tout à coup, s’intéresser davantage à la religion de façon marquante. Par contre, la visite du pape au Québec a attiré l’attention des gens d’ici et de partout dans le monde. Parce qu’ils ont vu la visite du pape au Québec à la télévision, ils vont s’intéresser à un voyage au Québec. Et oui, faire un voyage de tourisme religieux au Québec sera considéré.
Chez Spiritours, nous le constatons déjà. Des agences aussi bien en France, en Belgique qu’aux États-Unis se manifestent et considèrent beaucoup le Québec et le Canada pour cette raison.
Open Jaw Québec : Sans faire de politique, on se souvient l’image de fond de la visite du pape, une image assez négative pour le Canada, celle des jeunes victimes autochtones. Mais voilà que vous dites assister à un regain d’intérêt pour le tourisme religieux suite à la visite du pape. Est-ce à dire que vous ne ressentez pas que la population en général a retenu un aspect négatif de cet événement? Autrement dit, du positif ressort de cette visite?
Anne Godbout : Oui. Et cela s’explique beaucoup ainsi : cela dépend par l’intermédiaire de quel média les gens ont suivi la visite du pape! Car il y a des médias qui ont abordé le sujet de façon très négative et agressive, et il y a d’autres médias qui ont abordé le sujet en faisant valoir la démarche du pape, et c’était magnifique. Les médias qui ont soulevé l’aspect positif de la démarche du pape ont véhiculé la compassion. L’effet a été vraiment positif.
Un guide pour mieux voyager et vous inspirer
Anne Godbout présente ici avec fierté le guide « Voyages spirituels » publié chez les Éditions Ulysse.
L’équipe de Spiritours a concocté ce sublime guide grand format et largement illustré, de plus de 200 pages. Il renferme 50 itinéraires de rêve autour du monde sur les thèmes de la spiritualité, le ressourcement, la découverte de soi.
Marches contemplatives au cœur du Sahara. Expériences de communion avec la nature au Kenya. Pèlerinages dans des lieux saints, périples sur les traces d’un pape, retraites à la recherche de la sérénité. C’est là les sujets abordés.
L’ouvrage peut s’avérer un outil très inspirant et utile pour faire des suggestions à ses clients.