Voyages sans alcool, ou quand le tourisme de sobriété devient une niche intéressante

« Voyager sobre est une tendance croissante, en particulier chez les milléniaux et la génération Z, qui boivent moins que les générations précédentes. »

Crédit : (iStock/Washington Post Illustration)

National Geographic faisait récemment du tourisme sans alcool un grand sujet. Car cette formule voyage existe bel et bien, par choix chez les voyageurs et par thème chez de plus en plus de tours opérateurs, surtout chez nos voisins du sud.

« Le tourisme sobre est une tendance en plein essor. Les bars sans alcool, les croisières sans alcool et d’autres outils peuvent vous aider à voyager sans avoir la gueule de bois.

« Des études montrent que les voyages peuvent entraîner une consommation excessive d’alcool et de drogues illicites, en particulier dans les régions tropicales. Peut-être est-ce dû à l’impression d’être loin de tout, y compris de la modération ? » ajoutait l’autrice du dossier.

L’exemple de Sober Vacations International

Établit depuis 1987, ce tour opérateur américain se décrit comme une agence de voyage spécialisée dans les vacances sans alcool pour les personnes sobres et leurs proches.

« Nous aidons nos compagnons à élargir leur zone de confort dans des environnements sûrs et magnifiques, entourés d’autres personnes en voie de rétablissement. On invite les voyageurs à nous rejoindre pour tenir la promesse d’une vie heureuse, joyeuse et libre ! »

La naissance de Sober Vacations n’est pas une histoire banale. Au milieu des années 80, le président et fondateur, Steven Abrams, s’est trouvé confronté à un dilemme. Vacancier dit chevronné, très expérimenté dans l’industrie du voyage et nouvellement sobre, Monsieur Abrams s’est retrouvé dans une situation inquiétante, celle de devoir faire face aux tentations typiquement associées aux voyages : la consommation d’alcool.

« S’appuyant sur le principe de l’union fait la force, j’ai décidé de demander à mes amis en rétablissement d’abus d’alcool d’organiser un voyage en groupe. La réponse a été extraordinaire » raconte-t-on dans son site Internet.

« Plus de 200 vacanciers se sont embarqués pour Ixtapa, au Mexique, en mai 1988 » souligne-t-on.

Et voilà que Sobre Vacations International (SVI) voyait le jour.

Crédit : https://travelsober.com
Un safari sobre offert par Travel Sober

Aujourd’hui, SVI propose en moyenne six voyages par an, dont au moins une destination dans un village sobre désigné. Les destinations de SVI couvrent le monde entier : de l’Alaska à l’Afrique, de Puerto Vallarta à Prague et de nombreux endroits spectaculaires entre les deux. Sober Vacations propose également des voyages récréatifs à travers les États-Unis, notamment du ski dans l’Utah, du golf à Scottsdale et du rafting dans le Grand Canyon.

Autre fait intéressant, dans le FAQ de son site Internet, Sober Vacations aborde le sujet suivant :

Une des questions souvent posées est la suivante : Puis-je venir avec mon conjoint ou mon partenaire s’il boit ?

La réponse : « Vous pouvez tout à fait venir avec votre conjoint/partenaire s’il n’est pas sobre. Nous ne sommes pas la police de l’alcool et nous n’avons encore jamais eu de cas où la consommation d’alcool d’une personne a posé un problème au groupe. »

Le tour opérateur n’est donc pas une agence exclusive mais bien inclusive.

« La sobriété n’a pas besoin d’être sombre. Sober Vacations International s’efforce de dissiper l’idée fausse selon laquelle la sobriété implique de renoncer aux plaisirs. Comme l’explique le fondateur, Sober Vacations est une célébration de la vie et de la sobriété. »

Tendance à la hausse

Deux agences américaines spécialisées dans les voyages sobres – dont Sober Vacations – indiquent une hausse notable de la demande depuis la pandémie.

Le Washington Post rapportait récemment que l’agence In This Life Travel, qui possède une division Travel Sober, enregistre des réservations à la hausse pour cette partie de l’activité, entre 2022 et 2024, hausse d’environ 2½ fois supérieures à ce qu’elles étaient les deux années précédant la pandémie.

On aborde également Sober Vacations International dans ce dossier, en indiquant que cette société de voyages sans alcool « a également constaté une augmentation de l’attrait, passant de huit voyages en 2018 à plus d’une douzaine en 2023, selon le chef de l’exploitation Max Abrams. »

« Pour de nombreuses personnes, les voyages sont étroitement liés à l’alcool, en commençant par une bière à l’aéroport et en continuant par un cocktail sur la plage à l’arrivée. Mais certains voyageurs optent pour des voyages sobres, qu’il s’agisse d’une brève pause dans la consommation d’alcool ou d’un changement de mode de vie à long terme » soulignant le Washington Post.

Les Alcooliques anonymes, partout dispos

Le Washington Post poursuivait son dossier en nous informant que « pour les voyageurs en voie de guérison, les Alcooliques anonymes sont présents dans le monde entier et il est possible de se rendre à une réunion près de chez soi ou de participer à une réunion en ligne. »

On y ajoute que la plupart des compagnies de croisière organisent des réunions « Friends of Bill W. » à bord – une référence codée au fondateur des AA, Bill Wilson – « offrant ainsi aux voyageurs un « refuge », qu’ils fassent partie d’un programme en 12 étapes ou non. »

On suggère également aux voyageurs et personnes impliquées, comme les conseillers en voyage, d’étudier les compagnies et « de se tenir à l’écart des navires qui ont tendance à avoir une atmosphère tapageuse et propice à la fête. On recommande Norwegian Cruise Line, Princess Cruises et Royal Caribbean. »

« Pour les personnes qui participent à des groupes de soutien à la sobriété tels que les Alcooliques anonymes, prendre des vacances ne devrait pas signifier prendre des vacances de vos réunions et de votre rétablissement, soutient Sarah Weston, directrice de Connections, un programme d’accompagnement à la sobriété de la Fondation Hazelden Betty Ford, dont les propos sont rapportés par National Geographic. Vous pouvez désormais assister à des réunions sur Zoom à tout moment, ou trouver une réunion à votre destination. »

Des vacances sans alcool – Un dossier du New York Times

Le tourisme sobre, cousin proche du tourisme de bien-être

Autre grand média à avoir abordé le sujet, le New York Times publiait un dossier sur le sujet en 2021.

Dans un passage du dossier, on explique que « des sociétés de voyages sans alcool, telles que Travel Sober, We Love Lucid et Sober Outside, organisaient des voyages sans alcool bien avant la pandémie. Aujourd’hui, elles connaissent un regain de popularité.

« Le voyage sobre est un proche cousin du tourisme de bien-être, un secteur actuellement évalué à près de 736 milliards de dollars et qui devrait croître de 315 milliards de dollars d’ici à 2024, la pandémie ayant amplifié notre désir d’optimiser notre santé.

« Les voyages de bien-être, dont font partie les voyages sobres, deviendront de plus en plus attrayants pour les personnes qui veulent garder un système immunitaire fort », citant le Dr Wendy Bazilian, physiologiste de l’exercice à San Diego. »

En conclusion, connaissez-vous les « Dry trips » et « Booze-free travel »?

En anglais, on appelle « dry trips » ou encore « booze-free » un voyage sans alcool.

Autre référence sur le sujet : We Love Lucid, www.welovelucid.com.

Et par ici: Et si on essayait de voyager sobre, de Lonely Planet.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.