Après la tragédie de Lac-Mégantic, dont on souligne les 10 ans aujourd’hui le 6 juillet, les Méganticois ont été fortement interpellés par les touristes curieux. Pour éviter de devenir une destination de tourisme de catastrophe, la Ville a plutôt planché sur un tourisme de mémoire, révèle le journal Le Devoir dans un nouveau reportage.
Au lendemain de la tragédie du 6 juillet 2013, le centre-ville de Mégantic est confiné. Des clôtures délimitent la zone sinistrée, mais les médias et les touristes curieux s’y rendent tout de même.
« Les visiteurs arrivaient de la rue Frontenac, ils se stationnaient à proximité et regardaient par les clôtures », se remémore la responsable des communications à la Ville, Karine Dubé, rencontrée à la gare patrimoniale.
La tragédie a attiré beaucoup de gens, se souvient pour sa part Paul Dostie, un résident de Lac-Mégantic. « Il y avait trop de caméras. C’est comme si on était obligés de vivre dans le regard des autres. On était obligés d’être résilients, parce qu’on nous filmait et qu’on nous disait qu’on était résilients », explique celui qui est aujourd’hui à la retraite.
Dix ans plus tard, la municipalité s’attend à un retour marqué des touristes, mais a trouvé des moyens pour protéger sa population.
De l’Espace mémoire aux panneaux d’interprétation, différentes installations ont été pensées au fil des années. Après plusieurs consultations publiques, la Ville a notamment décidé de faire son devoir de mémoire en créant le parcours de commémoration en plein air La Marche du vent, mais rien qui inciterait au voyeurisme.
Un tourisme de mémoire
Face au flot de questions des touristes après le drame, la Ville a donc décidé rapidement d’installer la Maison du temps, un kiosque d’informations qui répondait aux interrogations concernant la tragédie ferroviaire. Pour la population, il était possible d’y diriger les visiteurs.
Une fois la poussière retombée, les citoyens et la municipalité ont entamé un processus de consultation publique afin de s’assurer que les touristes ne viennent pas seulement pour contempler les vestiges de la tragédie. D’emblée, le souhait était de s’éloigner du tourisme macabre.
« Le tourisme macabre est défini comme étant l’acte de voyager vers des sites, des attractions, des expositions qui sont associés à la mort, à la souffrance », explique Taïka Baillargeon, docteure en études urbaines et touristiques. À Lac-Mégantic, l’idée était plutôt de parler de tourisme de mémoire, indique Karine Dubé.