OJQ teste le voyage Winnipeg-Churchill de Via Rail: pour qui, pourquoi, comment

Dossier. « Le voyage s’étire sur 1697 kilomètres et disons qu’il dure entre 44 et 46 heures. Si tout va bien. Parce qu’on sait quand on part. Mais on sait pas toujours quand on arrive! »

Photo: Isabelle Chagnon

C’est sur ces mots attrapés entre deux wagons qu’Open Jaw Québec est monté à bord du train-passager de Via Rail, la semaine dernière, pour explorer le voyage de Winnipeg à Churchill, cette ville située tout au nord du Manitoba, les pieds dans l’eau de l’immense Baie d’Hudson, connue mondialement pour l’observation de quatre merveilles : la faune ailée en mai/juin, les bélugas en juillet/août, les ours polaires d’octobre à décembre, les aurores boréales en hiver mais au top de leur démonstration et visibilité en février, nous dit-on.

Et nous venons de conclure ce voyage pour lequel nous avions également prévu de rester quatre journées à Churchill.

-« Mais pourquoi donc on sait quand on part mais pas quand on arrive? » avons-nous demandé à l’un et l’autre des agents de bord et passagers réguliers de ce train (chasseurs, chercheurs, pêcheurs) au fil des jours.

-« Baaah… la météo, les orignaux, l’état des tracks, un déraillement, des p’tites réparations ici et là des fois… tout ça peut avoir une influence sur le voyage. La température des roues aussi… »

-« Hein?! »

-« Ouais. On a déjà vu une roue rouge feu! On trouvait que ça allait pas bien, et on a vu qu’une roue surchauffait. Depuis cette fois-là, les ingénieurs à bord prennent la température de tout ça, avec un thermomètre genre laser, à chaque 50 miles. »

-« Et les réparations? »

-« C’est assez rare qu’on doit s’arrêter pour ça, mais c’est quelque chose qui peut toujours arriver. First, on est en territoire super remote de tout, second, vous vous rendez compte la huge longueur du chemin de fer? » nous a-t-on expliqués dans un bilinguisme succulent.

-« Et à quelle vitesse on va? »

-« Entre 10 et 60, gros max 80 km à l’heure. Parce qu’on doit souvent ralentir. Par exemple, à certains endroits, l’eau accumulée par des pluies abondantes ou la fonte de la neige et l’humidité du sol créée par le dégel du pergélisol, peuvent avoir pour effet de déformer la surface du sol, et donc des tracks. Rien de dangereux, mais il faut ralentir dans ces conditions. »

-« Et les orignaux dans tout ça? »

-« Il arrive des fois qu’on embarque un chasseur avec l’orignal qu’il vient de chasser. On le met en cargo. Juste l’orignal, pas le chasseur. Comme le chemin de fer est la seule voie d’accès pour plusieurs localités qu’on croise, bin faut bien qu’un chasseur ramène son orignal par les moyens du coin! »

C’est dans ces registres qu’on voyage et qu’on meuble les conversations à bord.

Et Open Jaw Québec adore!

Les intérieurs du train Winnipeg-Churchill de Via Rail. Photos: Isabelle Chagnon

Voyageur solo : au comble du bonheur

Pas seulement pour eux mais disons que cela a attiré notre attention : nous considérons que les personnes qui voyagent seules peuvent vraiment apprécier l’aventure. Un voyage en train qui s’étire sur plusieurs jours est incontestablement un type de voyage qui permet de faire plusieurs rencontres.

Aussi, à vos clients seuls qui voudront entretenir leur bulle et plonger pleinement dans la contemplation silencieuse du paysage au fil du voyage, pensez à leur suggérer de réserver une cabine pour un passager.

Cette cabine pour un passager est bien entendu l’option la plus chère, mais elle est équipée de plusieurs commodités : une petite banquette, un lit (literie et oreillers compris), une toilette, un lavabo escamotable, un robinet pour l’eau potable, crochets et cintres, grande fenêtre, petit ventilateur, éclairage ambiant et de lecture.

La porte coulissante de la cabine se barre de l’intérieur seulement. Il faut donc éviter d’apporter des objets de grande valeur si ceux-ci doivent être laissés en cabine pendant qu’on se promène dans le train.

Voiture-lits : les autres options et commodités

À bord de la voiture-lits, on trouve donc des cabines pour un passager mais aussi des cabines pour deux passagers. On y trouve également des couchettes superposées. Détail à noter : les couchettes du haut ne disposent pas de fenêtre. Seulement les couchettes du bas.

Cette voiture-lits est également dotée d’une douche commune (eau chaude comprise). Serviettes, shampoing et savon sont offerts aux passagers.

Les passagers de la voiture classe Économique font le trajet assis sur des fauteuils (dossier qui s’incline, appuie-pieds qui permet d’allonger les jambes). Les passagers de cette voiture n’ont pas accès à la voiture-lits, et donc pas accès à la douche.

Accessible à tout le monde, la voiture-restaurant est la seule qui dispose d’un second étage, et celui-ci propose des sièges sous un dôme pour les vues panoramiques.

Photo: Isabelle Chagnon

Repas

Jusqu’à la pandémie, nous dit-on, un cuisinier popotait sur place des repas servis à bord. Le service est suspendu depuis, et n’a toujours pas été réintégré.

Il est donc important de le mentionner à vos clients car le site Internet de Via Rail fait toujours mention de l’inclusion de ces repas dans la description des inclusions des cabines. Il faut amorcer le processus de réservation pour voir apparaître une fenêtre signalant que les repas ne sont pas inclus.

Cela dit, des repas congelés sont offerts (viande rouge, volaille, végé, $) ainsi que thé/café, quelques boissons rafraîchissantes ($). Bière et vin aussi ($), jusqu’à 21 h seulement.

Tous les passagers peuvent apporter leur propre nourriture à bord. À noter qu’il n’y a aucun accès à la cuisine et à un four à micro-ondes toutefois.

Au réveil comme durant toute la journée, le service de café et thé est payant. Le prix est diminué si on apporte son propre contenant.

Tarification dynamique

Open Jaw Québec a assumé tous les frais du voyage. Nous avons observé l’évolution des tarifs au cours des semaines qui ont précédé le départ et nous confirmons que Via Rail pratique la tarification dynamique.

Nous avons constaté que cette tarification dynamique concerne davantage les cabines (et moins les sièges). Durant nos observations, nous avons vu que le prix d’une cabine pour un passager est passé de +- 800 $ pour un aller à +- 500 $, plus la date de départ se rapprochait.

À noter qu’en haute saison (celle de l’observation des bélugas et des ours polaires), sans doute est-il vraiment, vraiment sage de réserver à l’avance. Les cabines avec lits et les couchettes sont en nombre très limité, il y a deux départs de train seulement par semaine et le nombre d’hébergements à Churchill est, lui aussi, en nombre limité.

Photos: Isabelle Chagnon

Pour prendre connaissance des autres articles de ce dossier portant sur notre voyage Winnipeg-Churchill avec Via Rail, c’est par ici :

Winnipeg-Churchill en train : qu’est-ce qu’on voit? Qu’est-ce qu’on fait?

Via Rail : un déraillement qui bloque tout? Oui, c’est arrivé!

Churchill : une ville surprenante. Photoreportage.

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.