Les dirigeants de deux pays des Caraïbes, durement touchés par l’ouragan Beryl, affirment que le reste du monde doit se réveiller face aux changements climatiques.
Le premier ministre de Grenade et celui de Saint-Vincent-et-les-Grenadines affirment que le temps des discours est révolu. Ils exigent maintenant une justice climatique.
« Ce cyclone est directement lié à la crise climatique à laquelle la Grenade, les Caraïbes et d’autres petits États insulaires en développement font face en première ligne », a affirmé le premier ministre de Grenade, Dickon Mitchell, dans une déclaration publiée le 8 juillet.
« Nous jugeons inacceptable de devoir subir constamment des pertes et des dommages importants causés par les évènements climatiques, tout en étant censés emprunter pour reconstruire chaque année. Les pays responsables de cette situation restent quant à eux inactifs… »
« L’ouragan a durement touché l’économie de la Grenade, son environnement physique, bâti et naturel. Il a considérablement ralenti les habitants de Carriacou et de Petite Martinique, qui ont dû se relever seuls. »
« Ce n’est pas juste, ce n’est pas correct », a ajouté Mitchell. « Nous demandons et méritons la justice climatique. »
Des commentaires similaires ont été formulés récemment par le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines (SVG).
S’adressant au Guardian depuis sa résidence de SVG la semaine dernière, le premier ministre Ralph Gonsalves a déploré le manque de volonté politique en Europe occidentale et aux États-Unis pour aborder la crise climatique mondiale.
Le Guardian a rapporté que Gonsalves a décrit la catastrophe en cours comme une « tempête monstrueuse » qui a arraché des toits, y compris celui de la cathédrale anglicane Saint George, vieille de 204 ans, dans la capitale du pays, Kingstown.
« Les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, ceux qui contribuent le plus au réchauffement climatique, font beaucoup de bruit, mais agissent peu : ils ne mettent pas suffisamment d’argent à la disposition des petits États insulaires en développement ni des autres pays vulnérables. »
« J’espère que ce qui se passe — et nous sommes encore assez tôt dans la saison des ouragans — les sensibilisera à nos vulnérabilités, à nos faiblesses, et les encouragera à respecter les engagements qu’ils ont pris envers nous sur divers sujets. »
« Nous entendons beaucoup de termes comme « sans précédent » et « choquant » à propos de Beryl », a déclaré Andra Garner, experte des ouragans à l’université Rowan au New Jersey, aux États-Unis.
Mais Garner a ajouté que ce n’est pas surprenant pour les scientifiques de voir une telle tempête aussi tôt dans la saison.
Elle a expliqué que les températures océaniques ont atteint des niveaux records, en grande partie à cause du réchauffement climatique causé par la combustion de combustibles fossiles. L’eau chaude sert de carburant aux ouragans.
« Malheureusement, c’est conforme à ce à quoi on s’attend quand on réchauffe la planète et ses océans, en particulier », a ajouté Garner.
Le National Hurricane Center prévoit entre 17 et 25 tempêtes dans l’océan Atlantique cette année. Au moins huit d’entre elles devraient se transformer en ouragans.