Voyageurs pro-durabilité : que des gros parleurs, p’tits faiseurs?

Il y a un gros décalage entre ce que les voyageurs disent sur leur propension au voyage durable… et les vrais choix qu’ils font, en fin de compte. Le prix du voyage et la qualité des prestations restent les priorités dominantes des voyageurs, et ce bien au-delà des considérations de durabilité.

Dans tous les segments de consommateurs, plus de 50 % déclarent que le coût est le facteur le plus important influençant les décisions d’achat, tandis qu’environ 30 % privilégient la qualité.

Photo: Mantas Hesthaven/Unsplash

Quant au facteur de la durabilité, et bien celui-ci n’est primordial que pour une petite minorité de voyageurs.

Et attention : l’indifférence n’est pas que l’affaire des indifférents : moins de 11 % des voyageurs tiennent compte de l’élément durable dans leurs choix de voyage, et ce faible pourcentage concerne même les groupes de voyageurs les plus soucieux de l’environnement.

Les voyageurs pro-durabilité : gros parleurs, p’tits faiseurs?

« Il y a un écart critique entre le désir des voyageurs d’opter pour des options durables et leur comportement réel » constate le World Travel & Tourism Council (WTTC).

Notre industrie, c’est aussi de notre faute !

Le constat ne s’arrête pas là : les voyageurs qui ne passent pas à l’acte ne sont pas les seuls responsables de cet écart ; nous, les gens de l’industrie, sommes en partie responsables :

Plus de 10 % des voyageurs-répondants à un sondage mené par le WTTC, ont déclaré n’avoir été exposés à aucun message ou information sur la durabilité par quelque canal que ce soit.

Pour que les voyageurs passent à l’acte, « il faut d’abord leur proposer des solutions qui rendent les voyages durables à la fois plus accessibles et plus attrayants, soutient le WTTC. Il faut équilibrer la croissance économique et la responsabilité environnementale. »

Dans un rapport tout juste dévoilé sur le sujet, le Conseil fournit des conseils pratiques aux entreprises du voyage et du tourisme sur la manière dont elles peuvent combler cet écart.

« Il est essentiel que les entreprises comprennent les diverses perspectives pour élaborer des stratégies de développement durable efficaces qui trouvent un écho auprès de leur public et génèrent un réel impact.

«Ces perspectives, ce sont d’abord de savoir dans quel segment de consommateurs le client se situe : optimistes inquiets soucieux de l’environnement ? Agnostiques du changement climatique désengagés ? Chaque groupe a des comportements, des priorités et des obstacles uniques dans le choix de choix durables. »

Jouer sur la corde sensible du client

Comme le prix du voyage fait partie des priorités dominantes des voyageurs, « les clients attendent des entreprises qu’elles créent des options durables abordables » déclare Julia Simpson, présidente et directrice générale du WTTC.

Recommandations à l’industrie

Le WTTC ne fait donc pas seulement constater ; il fait aussi des recommandations. L’une d’elles : il appelle les entreprises à « montrer l’exemple, en s’associant, lorsque cela est possible, à d’autres entreprises et gouvernements sur des initiatives de développement durable. »

Le WTTC recommande également ceci : pour susciter un véritable changement,

-il faut mettre en avant les avantages économiques et personnels des voyages durables

-il faut veiller à ce que les options écologiques soient simples et pratiques pour les consommateurs

-il faut introduire des programmes de récompense à plusieurs niveaux pour motiver l’action

-il faut user d’un marketing personnalisé qui parle directement des valeurs

-il faut concevoir des options non durables pour faire de la durabilité le choix par défaut peut faciliter le processus de prise de décision et améliorer l’expérience globale.

En résumé, le WTTC exhorte tous les dirigeants d’entreprises du secteur du voyage et du tourisme à inspirer l’innovation et tracer une voie durable.

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.