L’Afrique a repéré un marché touristique qui, non seulement aurait un potentiel énorme pour son industrie, mais l’éloignera aussi des concepts préfabriqués et de l’image de pauvreté qui l’a corrompue.

Quel est ce marché?
La diaspora. Plus précisément, le continent africain veut développer le « tourisme des racines ».
C’est que l’un de ses pays, le Ghana, a prouvé le potentiel : en 2019, le Ghana avait lancé une campagne historique intitulée « L’Année du retour ».
Selon les autorités, cette campagne a prouvé que le tourisme des racines est un moteur économique important et « un point de connexion émotionnelle et culturelle », rapporte l’ATTA (Association du tourisme et du voyage en Afrique).
D’un côté, cette campagne historique célébrait les 400 ans de l’arrivée des premiers esclaves africains dans les Amériques, et de l’autre, elle invitait les descendants africains à « rentrer chez eux ».
La réponse a été monumentale : plus d’un million de visiteurs ont visité le Ghana, contribuant à hauteur de 3,3 milliards de dollars à l’économie, selon l’Autorité du tourisme du Ghana.
« Le tourisme de la diaspora est passionnant car il permet aux gens de renouer avec leurs racines », explique Cynika Drake, experte en expériences de voyage en Afrique, et dont les propos sont rapportés par l’ATTA.
Les outils de généalogie et de recherche des ancêtres deviennent populaires, selon l’ATTA. Ainsi, de plus en plus de descendants africains se manifestent pour découvrir d’où ils viennent. « Et maintenant, ils sont prêts à investir dans des voyages dans ces régions, pas seulement pour des vacances, mais pour des expériences significatives et qui changent leur vie » soutient Madame Drake.
Comment l’Afrique envisage-t-elle le démarchage?
1-L’Afrique a cette certitude : on ne badine pas avec la diaspora qui s’adonne au tourisme des racines : « il ne s’agit pas d’un tourisme fourre-tout. Il s’agit d’un voyage profondément personnel et, pour les opérateurs touristiques, c’est l’occasion de créer des expériences transformatrices qui vont au-delà des attractions traditionnelles », explique Madame Drake.
« Les touristes de la diaspora ne cherchent pas seulement à cocher des cases ou à voir les « points forts ». Ils sont attirés par un lien avec la terre : ils veulent s’immerger et repartir avec un sentiment d’identité et de fierté » ajoute-t-elle.
2-Développer le tourisme de la diaspora signifie s’éloigner du business as usual : « les forfaits irréfléchis et universels ne séduiront pas ce créneau » fait valoir l’ATTA.
Un autre avantage qu’elle veut en tirer
Outre l’apport économique bien sûr, une épine douloureuse pourrait être retirée, en autant que cessent des erreurs du passé :
« Pendant des années, les campagnes touristiques africaines ont été alourdies par des stéréotypes néfastes : les images d’enfants pauvres ou de bidonvilles ont corrompu la façon dont le monde voit le continent » soutient l’ATTA.
Selon les observateurs, cette approche aliènerait les voyageurs – et surtout ceux qui ont des racines africaines – car « beaucoup recherchent la dignité et la fierté de leur patrie ancestrale ».
« L’image que beaucoup de gens ont déjà de l’Afrique n’est pas positive, ajoute Madame Drake.
« Pourquoi renforcer cela ? Au lieu de cela, nous devons nous concentrer sur la célébration de la beauté et du succès du continent. Comme mettre en avant les vignerons, les artistes locaux, les créateurs de bijoux, des gens qui créent quelque chose de vraiment inspirant. »
L’Afrique n’est pas le seul endroit dans le monde qui voit ouvertement dans le tourisme des racines – ou tourisme de la diaspora – un gros potentiel réel : certaines régions d’Italie, aussi.