TGV Toronto-Québec : les « beaux jours » du transport aérien régional sont-ils comptés?

« Tout le monde s’est déjà tapé des avions en retard entre Toronto et Québec. Beaucoup de gens qui prennent l’avion actuellement, dans ce grand corridor, prendraient le TGV. »

Photo (illustration seulement): Getty Images/Unsplash

Déjà qu’il ne l’a pas facile, le futur risque de ne pas arranger les choses : le transport aérien régional est inscrit dans la colonne des arguments « à remédier d’urgence » quand Frédérick Boivert, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et de l’industrie de Québec, s’exprime sur le projet qui vient d’être annoncé et approuvé par le premier ministre Justin Trudeau : l’aménagement d’une ligne ferroviaire électrique pour un Train à Grande Vitesse (TGV) entre Toronto et la ville de Québec.

Plus encore: on attribue à ce projet de TGV le pouvoir de changer complètement la face du transport dans l’est du pays, et particulièrement en Ontario et au Québec.

En entrevue ce matin à Radio-Canada, Monsieur Boivert était invité à s’exprimer sur ce grand projet. Et non seulement n’y voit-il que du bon, mais il clame l’urgence de le concrétiser enfin : « là, on a l’opportunité d’entrer dans la modernité! De ne pas avoir ce genre d’infrastructure, ça nous handicape. Un TGV du genre fait partie des infrastructures qui sont des éléments de propulsion pour l’économie du centre du Canada. »

Photo (Radio-Canada): Justin Trudeau

Un TGV et non un TGF

Dans un passé pas si lointain, le Canada parlait d’aménager, dans ce corridor, un TGF, soit un Train passagers à Grande Fréquence. C’est finalement l’option TGV qui l’emporte.

Scepticisme

Ce sujet du jour fait le tour des tribunes en ce moment. On vient de le constater, certains sont très partisans du projet, mais d’autres sont sceptiques :

« 120 milliards, c’est trop d’argent. C’est au-delà de tout ce qu’on peut réfléchir comme argent. Donc, humainement, on n’arrive pas à comprendre […] Je comprends que le TGV marche en Europe […] mais ici, ce n’est pas vrai que les gens de Trois-Rivières vont régulièrement à Peterborough » a confié au 98,5 FM Luc Ferrandez, chroniqueur et ex-politicien.

Photo: Frédérick Boivert, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et de l’industrie de Québec

TGV Toronto-Québec : c’est qui, c’est quoi :

-son nom : Alto

-longueur du trajet : 1000 km

-sa vitesse prévue : jusqu’à 300 km/h

-les arrêts et escales, dans l’ordre : Toronto, Peterborough, Ottawa, Montréal, Laval, Trois-Rivières, Québec

-on estime que le TGV, par rapport au train actuel de Via Rail, réduira de moitié le temps pour faire la liaison entre Toronto et Montréal, l’amenant à trois heures

-18 millions de personnes/passagers potentiels (qui résident autour du corridor), c’est le bassin jugé comme « une masse critique viable pour le projet »

-ce TGV correspondrait à 40 % du PIB du Canada

-estimation du nombre de passagers voyageurs : 30 millions par année

-un projet qualifié de majeur pour les économies du Québec et de l’Ontario

-clientèles visées : aussi bien les voyageurs d’affaires que de loisirs, et même les travailleurs qui doivent quotidiennement ou régulièrement faire un long trajet du corridor (ex. : Trois-Rivières-Montréal)

-le contrat sera signé avec le consortium Cadence

-durée de la phase de conception : 5 à 6 ans

-date du début des travaux et date de l’inauguration : inconnues pour l’instant

-facture estimée: entre 80 et 120 milliards de dollars.

Photo (illustration seulement): Getty Images
Article précédentAir Canada : 1290 vols annulés après la tempête et l’incident de Delta à Toronto
Prochain articleL’événement du 5 mars de l’ACTA à Montréal affiche complet
Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.