PACTE. SSUC. SUCL. Hôtels-prisons. Commissions : l’AAVQ vous aide et se prononce

Démêler l’indémêlable. Dénoncer injustice et absurdité. Donner de précieux conseils. Faire le point sur plusieurs points. Le 25 février, l’AAVQ conviait les agents à une réunion-zoom décortico-vulgaris-pratique. Résumé.

PACTE Tourisme

« Le PACTE est la seule forme d’aide que le domaine du voyage va avoir du gouvernement du Québec ». C’est ce qu’a d’emblée confirmé Moscou Côté, le président de l’Association des Agents de Voyages du Québec (AAVQ).

Ce qu’il faut savoir :

– le PACTE Tourisme est un prêt, à 3.18 % d’intérêt

– le plafond du montant est passé de 100 000$ à 250 000$

– les dépenses en énergie (électricité, gaz) vont être déductibles à 100 % de janvier à juin. « Entre juin et juillet, vous recevrez un formulaire où vous devrez inscrire ces dépenses. Le gouvernement va soustraire ces dépenses du solde de votre prêt » précise M. Côté.

– l’agence qui en fait la demande doit se qualifier au crédit et au niveau des états financiers. « Le ministre a dit qu’il n’allait pas aider une agence qui était sur le point de fermer ».

– le remboursement de ce prêt (montant + intérêts qui s’accumulent) ne peut pas se faire avant deux ans. « C’est comme ça qu’Investissement Québec fait son argent ».

– après le remboursement du prêt, dans un délai de 4 ans après le 2 ans d’attente obligatoire, vous recevrez une bonification de 40 % du montant du prêt.

Moscou Côté, président de l’AAVQ

Cas de figure :

Vous avez un prêt de 100 000 $ à 3.18 % d’intérêt par année. Dans 6 ans, vous allez avoir payé 18 000 $ en intérêts (donc le montant grimpe à 118 000 $) mais le gouvernement vous offre 40 % de ce 118 000 $, donc 47 200 $. « Vous allez avoir payé un peu d’intérêt, c’est certain, mais vous allez recevoir près de 50 000 $. Je considère que vous êtes en meilleur situation » juge M. Côté.

Questions posées durant la conférence :

-Peut-on modifier le montant demandé à une demande déjà déposée?

Réponse d’Éric Boissonneault, vice-président de l’AAVQ : « si vous avez déjà accepté le montant que vous demandiez, oui vous pouvez demander un montant supplémentaire. Sauf que votre demande ne passera pas par le Fast Track. Vous devrez transiger par Investissement Québec régional ».

-Si j’ai un prêt du PACTE, je ne pourrai pas vendre mon agence?

Réponse de Moscou Côté : « Il est faux de croire que vous ne pourrez pas vendre votre agence parce que vous avez un prêt actif. Si vous vendez votre agence, le prêt devient exigible immédiatement. C’est comme un prêt hypothécaire pour une  maison. »

Impression à l’égard du PACTE :

« Plusieurs agents nous confient qu’ils ne veulent pas de dettes. On comprend et on respecte cette idée. Par contre, il y a une différence entre avoir une dette sur une carte de crédit pour s’acheter n’importe quoi, et avoir un prêt pour payer le loyer de son entreprise » mentionne Moscou Côté.

Conseils de l’AAVQ à l’égard du PACTE :

Moscou Côté : « ne dépensez pas votre argent du PACTE en 3 mois! C’est un prêt pour passer à travers 18 à 24 mois, jusqu’à ce que les choses reviennent. Certaines agences font des ventes pour 2022 et 2023 en ce moment. C’est bien, mais on ne touchera pas l’argent de la commission avant 2022. Il se passera au moins un an avant d’avoir des revenus. Je déconseille aux agences de prendre cet argent pour refaire la déco du bureau ou mettre l’informatique à neuf. C’est un prêt d’urgence pour survivre. »

Éric Boissonneault : « Sincèrement, faites les Séraphins avec cet argent. Visez qu’on en a pour deux ans. Faites des prévisions sur 18 à 24 mois. Car n’oubliez pas aussi que nos budgets d’opérations vont augmenter. Vous aurez des employés à payer, des agents extérieurs aussi. »

Éric Boissonneault, vice-président de l’AAVQ

Jusqu’à maintenant, 153 agences sur 680 ont appliqué au PACTE Tourisme, pour un total d’un peu plus de 20 millions $. Investissement Québec et l’AAVQ sont curieuses de savoir pourquoi les autres agences n’ont pas déposé une demande. D’où l’invitation à participer au sondage sur ce programme.

Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC)

Ce qu’il faut savoir :

-ce programme permet d’obtenir jusqu’à 75 % en subvention salariale, pour un maximum de 1 130 $/semaine

-le calcul est fait par comparatif (tel mois par rapport à un autre mois)

-ce programme fonctionne par période. La période 11 s’est terminée le 17 janvier. La période 12 est en cours.

Conseils de l’AAVQ à l’égard de la SSUC :

Éric Boissonneault : comme il s’agit d’un programme où l’on compare tel mois d’une année avec le même de l’année précédente, « tout allait bien quand on comparait avril 2020 avec avril 2019. Mais un problème s’en vient : si on compare avril 2021 avec avril 2020, on tombe dans le négatif. Ça veut dire que si on fait 1 $ de profit en avril 2021, on perd toute la subvention. Pour éviter cette situation, il est hyper important de choisir la méthode de comparatifs de mois actuels avec janvier et février 2020. Autrement dit, janvier & février 2020 doivent être vos mois de référence. Je vous encourage fortement, et c’est tout à fait légal, de changer votre méthode de comparaison. On a le droit de la changer une seule fois. Il faut figer la méthode de comparaison à janvier/février 2020. Car autrement, ce sera un problème récurrent. »

L’AAVQ souligne que modifier la méthode n’est pas un processus compliqué : lorsque vous complétez votre formulaire dans le dossier Mon Entreprise du site du gouvernement, vous n’avez qu’à choisir la case A ou la case B.

Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL)

Ce qu’il faut savoir :

– il s’agit d’une subvention de 65 % du montant fixe de votre loyer inscrit au bail

– les frais d’électricité ne sont pas pris en compte et ce, même si les frais d’électricité sont comptabilisés dans votre loyer

– si vous êtes propriétaire du bâtiment où se trouve votre agence, et que vous vous louez le local, vous devez répondre « oui » à la question « avez-vous un lien de dépendance », c’est une autre méthode de calcul : « vous pourrez quand même aller chercher 65 % – et non 85 ou 90 %, selon une fausse rumeur – de vos comptes municipal et scolaire, les assurances et les intérêts hypothécaires » précise Moscou Côté.

Hôtels de quarantaine

L’AAVQ est catégorique sur le sujet : les hôtels de quarantaine obligatoire sont des « hôtels-prisons ».

« Notre position là-dessus, c’est que ce n’est pas la bonne façon d’agir. Si des médias ou autres vous contactent, nous vous invitons à leur expliquer qu’il y avait des alternatives. Car tout est sur les prémices que les gens ne faisaient pas leur quarantaine. Mais aucune étude a démontré que c’était vrai, aucun sondage n’a été fait. Personne n’a reçu une contravention ou a été condamné pour ne pas avoir fait sa quarantaine. Donc on a beaucoup de difficulté à comprendre ce qui a poussé le gouvernement à mettre cette procédure en place, si ce n’est pour des raisons politiques. 85 % des Canadiens sont en faveur de ces hôtels-là. Donc on a une côte à remonter » a mentionné Moscou Côté.

Éric Boissonneault a ajouté : « cette procédure n’a aucun bon sens! Et il me vient une question : qui aura le courage politique d’enlever cette quarantaine-là? C’est ce qui nous fait le plus peur. Et combien de temps ça va durer? On se réjouit qu’il y ait des groupes de droits et de la famille qui commencent à lever des injonctions ou demander s’ils peuvent aller en cour supérieure pour remédier à cette procédure. On en discute aussi avec les grossistes. Politiquement, c’est une game qu’on va devoir jouer. Plus cette prison va perdurer, plus nos ventes vont être arrêtées. »

Rappel des commissions

Ce que fait actuellement l’AAVQ dans ce dossier :

Moscou Côté : « advenant le cas où les voyagistes seront tenus de rembourser les clients, nous travaillons en ce moment à ce que, 1- notre commission soit protégée, et 2- qu’on aura une compensation pour l’énorme travail que cela demandera de notre part. L’OPC nous dit qu’on devra rembourser les commissions au grossiste pour que lui puisse rembourser le client. Ainsi, l’agent se tapera le travail une sixième fois, à refaire le crédit de voyage, s’assurer que le client soit remboursé, etc. Pour nous, c’est inacceptable sans compensation d’une forme ou une autre. »

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.