(Dossier spécial) La vie est injuste. Certains sont naturellement plus privilégiés que d’autres. Et certains de ceux qui le sont en rajoutent une couche, en créant un moyen hallucinant d’exploiter au maximum leurs atouts hallucinants. Bienvenue 1 : à bord d’un train, 2 : en Suisse!
Open Jaw Québec a profité de son séjour en Suisse, en septembre dernier à l’occasion de la Course d’Air Canada qui se déroulait dans ce pays, pour y rester un peu plus longtemps et tester un produit phare pour Suisse Tourisme : le Grand Train Tour (une partie du moins).
Ce produit apparait dans tous les manuels de vente de la Suisse, pratiquement dans toutes les campagnes de promotion. Parcourons ensemble ce qu’il a dans le ventre.
Le parcours
Le Grand Train Tour de Suisse est constitué de plusieurs parcours ferroviaires qui, mis bout à bout, forment un grand parcours qui sillonne le pays. Le tracé qu’a testé Open Jaw Québec a présenté une exception : le trajet de Tirano à Lugano, qui emprunte le décor d’Italie, s’est fait à bord d’un autocar (d’une gare à une autre).
Pourquoi vendre ce produit
Le Grand Train Tour est parfait pour ce client qui veut éviter de conduire une voiture pour voyager dans le pays, mais qui ne veut pas pour autant que sa mobilité soit restreinte ou compromise pour parcourir un large territoire de ce petit pays et accéder à de grands essentiels à découvrir.
C’est le cas : le Grand Train Tour de Suisse nous amène là où il faut, soit vers les villes à ne pas manquer (ex. : Zermatt), soit vers des attraits d’exception (ex. : Château de Chillon à Montreux).
C’est aussi le cas parce que le tracé s’immisce dans toutes les parties du pays. Il n’y a donc pas de laissé pour compte. Le voyageur n’est pas tenu de faire tout le parcours, mais s’il le veut, il brossera un beau tableau du pays.
Le Grand Train Tour est également un parfait exemple où le moyen de déplacement EST le voyage. Et dans cette discipline, la Suisse bascule dans l’opulence. Tout en se déplaçant, on sustente largement sa gourmandise contemplative, laquelle bascule aussi, dans la boulimie admirative.
On se sustente… vraiment?
L’injustice de la vie soulevée plus haut place ici la Suisse dans le top des privilégiés de la planète, registres lacs, monts et vallées, sommets montagneux, climat… (arrêtons pour éviter la jalouse indigestion). Résultat : il aurait fallu être vraiment mauvais pour rater un parcours touristique ferroviaire du tonnerre!
La Suisse outre-livre la marchandise. Le voyage en train devient ici un déclencheur d’exclamations et de discussions. Le paysage nous fournit les sujets : on découvre à gauche et à droite ces pelouses à flanc de montagne aux allures de tapis ou encore ces maisons qui, dans leur projet d’aménagement, n’ont pas suivi une logique immobilière, mais bien une logique de l’envie.
On découvre aussi à droite et à gauche que les fabricants d’horloges ont été de bons amis des architectes de clochers d’église, puisqu’un nombre incalculable de clochers ne présente pas une, pas deux, ni trois, mais souvent quatre horloges par clocher!
Le Grand Train Tour est également un voyage pour les oreilles. De certains trains à d’autres, pouf, on entend une nouvelle langue. C’est bien souvent à ce moment-là d’ailleurs qu’on se rend compte qu’on vient de changer de région linguistique du pays.
C’est là une merveilleuse nouvelle. La Suisse n’est pas tombée dans le piège : à bord des trains, elle n’a pas renié ses identités linguistiques et viré à l’anglais pour plaire à tout prix aux « internationeux ».
L’anglais n’est pas l’une de ses quatre langues officielles, et tant pis pour ceux que ça dérange. L’anglais se trouve ici et là, certes, mais pour le reste, les débrouillards et ouverts d’esprit (et ceux qui ont un bon agent de voyage!) se régalent : avec quelques mots d’usage traduits en poche, on passe et converse agréablement du suisse allemand à l’italien puis du français et quelques balbutiements de romanche. C’est ça voyager, non?
Parlons tunnels
En Europe, qui dit train, dit tunnel. On n’y échappe pas. Pour ceux qui en ont la phobie, on peut bien leur dire qu’en Suisse, les tunnels sont beaux, certains vêtus de pierres ou briques magnifiques, solides, qu’ils n’ont rien à voir avec l’état actuel du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine de Montréal, c’est ainsi : ils se réveillent la nuit pour les maudire.
Mais on doit le dire : au cours du Grand Train Tour de Suisse, oui, les tunnels sont fréquents. Certains sont de quelques mètres seulement, d’autres de plusieurs kilomètres.
Peut-on au moins souligner que lorsque les trains pénètrent dans les tunnels, l’habitacle ne nous plonge pas pour autant dans un noir d’encre. Les éclairages intérieurs nous assurent une constante visibilité.
Par ailleurs, ce clin d’œil sur les tunnels : disons que ouf, les tunnels font offices d’entractes au spectacle. Remercions-les pour ces pauses. Car s’ils n’étaient pas là, avec toutes ces merveilles qui défilent dehors quand on est à bord, ce serait trop beau, juste indécemment trop beau…
Le Grand Train Tour en résumé
-un tracé de 1 600 km
-les lieux de départ/d’arrivée sont au choix du voyageur
-les horaires des voyages sont de jour; les trains évoqués dans ce reportage ne sont pas des trains dotés d’installations pour dormir à bord
-à chaque train ses particularités : l’un offre un audioguide permettant d’obtenir une multitude d’infos dans le confort de son oreille, l’autre va de bas en haut et de haut en bas. Celui-ci longe des falaises vertigineuses, celui-là nécessite une réservation de siège mais pas l’autre. Les uns effectuent des parcours d’une à deux heures, les autres des trajets pouvant aller jusqu’à près de huit heures
-les trains sont, tantôt essentiellement destinés aux touristes (ex. : Bernina Express et Glacier Express), tantôt empruntés également par la population locale qui se déplace d’une ville à l’autre.
Photos : Isabelle Chagnon
Notre journaliste Isabelle Chagnon était l’invitée de Suisse Tourisme et d’Air Canada.