Ce sera premier arrivé, premier servi. Pour le voyageur loisir et non l’entreprise. Pour cette destination et pas l’autre. À bord de tel transporteur et non tel autre. Autrement dit, non, ce ne sera pas l’Open Bar.
Hier mardi 19 avril, le gouvernement du Québec a lancé l’idée que dès le 1er juin, « tous les Québécois pourront voyager vers l’ensemble des régions éloignées pour un montant maximum de 500 $ aller-retour, et n’importe quand au cours de l’année » a explicitement annoncé le ministre des Transports, François Bonnardel.
Mais ce n’est pas vraiment ça.
1 : pas systématiquement tous les transporteurs
Il s’agit d’un programme, offert à l’ensemble des transporteurs canadiens. Les intéressés appliqueront et, si le deal est établi (tu offres Mtl-Gaspé à 500$ et moi, le gouv, je te rembourse les 300 $ de différence sur les 800 $ que tu charges en ce moment), ils rendront disponibles des billets aller-retour entre différentes régions du Québec.
Et les critères ne sont pas connus.
2 : pas partout
Ce sont une vingtaine de liaisons qui seront admissibles. Celles-ci couvrent entre autres les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord.
Et les critères ne sont pas connus.
3 : pas pour n’importe qui
Ces billets seront disponibles pour les particuliers seulement, et non pour les entreprises ou les organismes.
4 : pas en nombre illimité
Comme le gouvernement du Québec ne dispose pas d’un budget illimité pour cette initiative (l’enveloppe est de 261 millions de $ pour les 5 prochaines années, et certains millions vont aller notamment aux programmes d’aide d’urgence existants), les billets à 500 $ ou moins seront en nombre limité.
5 : pas n’importe quand
Leurs quantités disponibles seront réparties sur une année, en fonction de l’achalandage prévu, selon le mois.
6 : pas jusqu’à la fin des temps
Les ententes qui seront signées avec les transporteurs le seront pour une durée d’un an. Au bout de cette année, il y aura une réévaluation de l’impact des prix offerts sur la demande.
L’Alliance de l’industrie touristique applaudit…
« Le programme va simplifier la vie du consommateur, stimuler la demande, accroître les volumes, prolonger la saison touristique en région et mieux répartir les clientèles. Il représente un incitatif supplémentaire pour explorer le Québec et profiter d’une offre touristique unique au monde. Nous remercions le gouvernement du Québec», a souligné Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, dans un communiqué.
…mais il y a des réserves des acteurs de l’industrie et des régions
« Nous croyons qu’un plan à long terme devrait être envisagé par le gouvernement. Que se passera-t-il quand il n’y aura plus d’argent dans l’enveloppe? Allons-nous revenir à la case départ? Le gouvernement du Québec pourrait en faire plus, ce qui permettrait de développer davantage les régions du Québec », a déclaré Jesse Vigneault, président du Syndicat canadien de la fonction publique, dans un communiqué.
« Il faut que les solutions présentées permettent des vols régionaux à des prix plus compétitifs, entre autres pour les gens d’affaires des quatre coins du Québec, tout en s’assurant que les transporteurs ne soient pas déficitaires dans leurs opérations. Ce que les transporteurs veulent et demandent, c’est du volume dans leurs appareils », a affirmé Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
Les Îles-de-la-Madeleine mettent un bémol
« Si les consommateurs bénéficieront à court terme de meilleurs tarifs, le problème de fond demeure : la fréquence des vols, la disponibilité des sièges et la pérennité de l’offre ne sont pas assurées, puisque la compensation aux transporteurs est inconditionnelle, a souligné le député des Îles-de-la-Madeleine, chef parlementaire et porte-parole du Parti Québécois en matière de transports, Joël Arseneau.
« Encore une fois, le gouvernement de la CAQ demeure dans l’esbroufe et les apparences, dans les solutions à courte vue. Oui, à partir du 1er juin prochain, les voyageurs devraient avoir droit à un tarif avantageux, mais auront‑ils des sièges et des itinéraires adéquats et, le cas échéant, pour combien de temps? »
« Si le gouvernement prend les moyens pour stimuler la demande, il ne répond pas pour autant à l’autre facette du problème, plus fondamentale encore : stimuler l’offre. C’est pourtant une condition sine qua non pour que le modèle du transport aérien au Québec soit fiable, durable et pérenne, et ce, à la fois pour les régions et les transporteurs. »