Cinq facteurs sont pointés du doigt pour expliquer la hausse actuelle des prix des billets d’avion. Le premier : au lendemain de la pandémie et du confinement qu’elle a imposé, les voyageurs sont devenus émotifs, les poches pleines d’argent, et donc ils achètent, pour certains, peu importe le prix.
C’est ce dont traite BNN Bloomberg dans un dossier sur le sujet.
On rapporte ce constat posé par le directeur général de l’Association du transport aérien international, Willie Walsh : « les prix plus élevés des billets ne semblent pas dissuader les gens de faire des voyages maintenant que de nombreuses restrictions de voyage se sont assouplies. Certains consommateurs exploitent des budgets de vacances dormants et passent à des cabines d’avion plus chères pour des voyages de loisirs ».
Les prix augmentent, mais surtout, l’acheteur est au rendez-vous. Rien pour forcer un virement de tendance.
Le soi-disant voyageur de la vengeance est « une personne qui a été émotionnellement affectée par les fermetures et qui a soif de voyages, a déclaré Hermione Joye, responsable du secteur des voyages en Asie-Pacifique chez Alphabet Inc.. Ils sont très spontanés. »
2ème facteur : un secteur qui a perdu son attrait pour les travailleurs
L’étude aborde également le fait que l’industrie aérienne est maintenant jugée trop cyclique pour séduire les employés. Et cela serait l’un des facteurs qui jouent un rôle sur les prix.
« Des centaines de milliers de pilotes, agents de bord, agents d’escale et autres travailleurs de l’aviation ont perdu leur emploi au cours des deux dernières années. Avec la reprise des voyages, l’industrie se trouve désormais incapable d’embaucher assez rapidement pour permettre des opérations à des niveaux pré-pandémiques, relate l’analyse.
« L’aéroport Changi de Singapour, régulièrement élu meilleur au monde, est cité en exemple. On y cherche à recruter plus de 6 600 personnes. De nombreux travailleurs licenciés ont trouvé d’autres carrières moins volatiles et ne sont pas disposés à revenir dans une industrie cyclique. »
On explique que les salaires ont été revus à la hausse et que certaines compagnies offrent des primes de plusieurs milliers de dollars pour attirer les employés. Et cela aurait un impact sur toute la chaîne comptable des entreprises.
« Un opérateur de Changi offre une prime d’entrée de 25 000 dollars singapouriens aux agents de police auxiliaires, un travail qui rapporte au maximum 3 700 dollars singapouriens par mois. »
Aussi, le manque de personnel de l’aviation aurait créé un déséquilibre entre les compagnies. « Aux États-Unis, les petites compagnies aériennes régionales ne peuvent pas voler à pleine capacité parce que les gros transporteurs ont embauché trop de pilotes », rapporte-on.
3ème facteur : les transporteurs veulent sortir du rouge
Cet été, les analystes prédisent que les prix des billets d’avion pourraient être 30 % plus élevés que les niveaux d’avant la pandémie.
L’analyse parle de « réparation de bilans » pour expliquer les tarifications plus élevées des billets par les transporteurs, qui jouent un rôle dans la hausse actuelle.
« L’aviation est une industrie à forte intensité de capital avec des marges historiquement très minces. La Covid a rendu ce climat opérationnel encore plus difficile : à l’échelle mondiale, les compagnies aériennes ont perdu plus de 200 milliards de dollars au cours des trois années précédant 2022.
« Les tarifs élevés offrent aux transporteurs un moyen de récupérer des pertes et de sortir du rouge. »
4ème facteur : des transporteurs frileux de remettre leurs gros avions en service
Le dossier fait état du désir de re-voyager qui est plus rapide chez les voyageurs que la remise en service des avions des compagnies aériennes.
« Les transporteurs sont prudents quant au retour de tous leurs avions inactifs, même si la plupart des pays ont assoupli les restrictions transfrontalières. Cela est particulièrement vrai pour les avions géants comme les super jumbos A380 d’Airbus SE et les anciens 747-8 de Boeing Co., alors que les compagnies aériennes se tournent vers des modèles plus économes en carburant comme les A350 et les 787 Dreamliners. »
« Après avoir navigué dans des politiques gouvernementales variées et changeantes au cours des deux dernières années, il faudra du temps aux compagnies aériennes pour reconstruire leurs flottes étant donné que de nombreuses restrictions n’ont été assouplies qu’en mai, a déclaré Subhas Menon, directeur général de l’Association of Asia Pacific Airlines. C’est encore tôt », a-t-il déclaré.
Résultat: la demande est plus forte que l’offre (sièges), ce qui cause la hausse des prix.
5ème facteur : montée en flèche des prix du carburant
On le sait, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a exacerbé la hausse constante des prix du pétrole brut au cours des derniers mois, rappelle l’analyse. Mais les proportions que cette hausse représente sont inquiétantes :
« Le kérosène représente désormais jusqu’à 38 % des coûts moyens d’une compagnie aérienne, contre 27 % dans les années précédant 2019. Pour certaines compagnies aériennes à bas prix, il peut atteindre 50 %. »
« De nombreux transporteurs américains ont été en mesure de couvrir l’augmentation des coûts de carburant jusqu’à présent, mais uniquement en les répercutant sur les voyageurs sous la forme d’ares plus élevés. »