Réflexion. Quark Expeditions, Hurtigruten et Aurora Expeditions font couler beaucoup d’encre en ce moment. Pourquoi? Le réchauffement climatique mondial leur est une « belle aubaine » pour offrir des primeurs.
Passage du Nord-Ouest au grand complet
Si plusieurs compagnies de croisière de catégorie « expéditions » proposent depuis longtemps des itinéraires qui empruntent le célèbre Passage du Nord-Ouest, en Arctique, on assiste en ce moment à l’implantation d’itinéraires qui prévoient parcourir ce passage dans sa totalité.
C’est que le réchauffement climatique mondial provoque, depuis récemment, la libération complète du Passage de ses glaces. Les compagnies de croisière sautent alors sur cette occasion d’offrir de la nouveauté à leurs passagers.
Parce que dans notre industrie, il faut offrir de la nouveauté.
Les compagnies de croisière attirent l’attention des adeptes d’itinéraires hors normes, et ici aussi, elles n’oublient pas d’être prudentes, et de se garder une petite gêne :
Aurora Expeditions annonce que son nouvel itinéraire intitulé Complete Northwest Passage, prévu en août prochain, « tentera » de naviguer sur toute la longueur du Passage du Nord-Ouest, du Groenland occidental à Nome, en Alaska, sur une période de 30 jours.
Hurtigruten aussi saute sur l’aubaine du réchauffement climatique qui permet aujourd’hui d’offrir la nouveauté du Passage du Nord-Ouest dans sa totalité. Tout comme Aurora Expeditions, elle n’oublie pas également de faire dans la prudence : la compagnie annonce un itinéraire de 26 jours dans ce Passage, dont le départ en prévu le 18 août 2023, et présente le produit ainsi : « un voyage légendaire qui tentera de traverser l’Arctique en empruntant le célèbre passage du Nord-Ouest ».
C’est que les glaces, si elles fondent de plus en plus jusqu’à disparaître complètement par moment, elles sont encore imprévisibles d’une année à l’autre.
Ainsi, force est de constater que la nouvelle donne climatique ici est encore très incertaine, mais l’opportunité d’offrir de la nouveauté est visiblement trop belle pour être ignorée.
Groenland
Le 30 janvier dernier, la compagnie Quark Expeditions a, pour sa part, annoncé le lancement d’un « tout nouvel itinéraire avant-gardiste au Groenland, construit autour des deux hélicoptères bimoteurs d’Ultramarine – et mis en œuvre avec des partenaires groenlandais locaux, permettant aux clients de profiter de l’itinéraire le plus innovant des 32 ans d’histoire de Quark Expeditions ».
L’itinéraire de 11 jours intitulé Greenland Explorer : Sail and Soar the Alpine Arctic sera lancé en 2024.
La compagnie australienne Aurora Expeditions ira elle aussi s’amuser encore davantage au Groenland, en 2023, et sur un territoire où elle n’a encore jamais été. « Aurora Expeditions veut être la première à naviguer dans la partie nord du Groenland oriental » titre aujourd’hui Seatrade Cruise News.
La compagnie a ainsi l’intention d’explorer la pointe la plus septentrionale du Groenland, avec son navire Greg Mortimer, qui compte 120 passagers. Ce navire quittera Reykjavik, en Islande, le 15 août.
Cette croisière expédition « East Greenland Explorer », d’une durée de 14 jours, est décrite ainsi : elle naviguera jusqu’à la Terre de Germanie, puis jusqu’à la Terre chrétienne de Kronprins au nord-est du Groenland, un endroit peu fréquenté par les croisières d’expédition.
Une « fierté » de pousser les limites
Seatrade Cruise News rapporte les propos de la directrice du marketing d’Aurora Expeditions, Hayley Peacock-Gower, qui a déclaré que « la compagnie est fière de repousser les limites de la découverte afin d’offrir des expériences uniques et immersives aux membres de ses expéditions, tout en maintenant une empreinte légère. »
On indique que le voyage « dépendra des conditions météorologiques et de l’état des glaces, mais il est prévu de se diriger vers le nord, vers la Terre chrétienne de Kronprins, où se trouve la seule patrouille militaire de chiens de traîneau au monde, la patrouille Sirius du Parc national du nord-est du Groenland. »
Ceci étant dit, devons-nous nous questionner sur cette tendance à « pousser les limites » – et être fier de le faire – là où on ne cesse de nous prévenir que les écosystèmes sont les plus fragiles de notre planète?
Comment et à qui pouvons-nous proposer ces nouveaux itinéraires? Risquons-nous des réactions?
Lançons le débat.