Cette semaine, tous les Robert, Sylvie, John et Lucy du pays qui lisent les médias pourraient voir leur jugement se diriger sur une piste erronée de la réalité s’ils lisent trop vite.
« L’Office des transports du Canada a imposé des dizaines d’amendes aux transporteurs aériens après les retards et les annulations pendant l’été et en décembre 2022 » publient d’emblée les grands médias d’actualité.
Histoire d’éviter de nourrir la population avec des raccourcis – et éviter éventuellement un lynchage public basé sur des motifs tout aussi raccourcis, sans doute est-il utile de se rappeler les bons motifs pourquoi Flair, Sunwing et WestJet ont écopé d’amendes par l’OTC.
Pas sur le retard lui-même
Dans son site, l’OTC indique que les compagnies albertaines Flair et WestJet sont celles « qui ont commis le plus de violations du Règlement sur la protection des passagers aériens (RPPA) ».
WestJet a écopé d’une amende de 112 800 $, non pas parce que ses vols ont accusé des retards, mais bien parce que la compagnie n’a pas fourni d’indemnité à ses voyageurs dans un délai de 30 jours pour des vols entre juillet 2022 et janvier 2023.
À quoi, en passant, WestJet a répondu que l’ampleur des perturbations aériennes rend difficile l’obligation de réponse dans les 30 jours – et l’OTC de répondre à son tour ne pas lui donner plus de flexibilité.
La compagnie Flair a été sanctionnée 28 000 $ pour 144 violations similaires entre décembre 2021 et juillet 2022.
Ne pas communiquer avec ses pax, ça coûte plus cher
L’OTC a imposé l’amende la plus élevée à Sunwing. Pour la bonne compréhension de la situation, le motif justificatif est important : Sunwing a écopé d’une amende de 126 000 $ pour ne pas avoir tenu ses passagers au courant des retards et des annulations en décembre.
En d’autres mots, c’est le manque de communication, ici, qui coûte plus cher à Sunwing.
Ces histoires qui font dénoncer des amendes pas assez élevées
Les médias du pays qui traitent de la nouvelle rappellent des histoires pas drôles du tout particulièrement durant le chaos de décembre dernier. L’une de ces histoires est celle d’un couple de Vancouver qui, après l’annulation par Sunwing de leur vol de retour du 21 décembre, est resté bloqué dans leur hôtel de Puerto Vallarta pendant six jours supplémentaires.
Contrairement aux fantasmes exotiques qui peuvent émerger quand on a les deux pieds dans un banc de neige, ce couple n’a pas dédié ces six jours de plus au Mexique à siroter des Piña Colada sur fond d’Hakuna Matata ; il raconte avoir passé la majeure partie de ce temps à attendre dans le hall de l’hôtel qu’on leur annonce un nouveau vol.
Ce sont ces situations que personne ne veut vivre qui font dire à plusieurs observateurs que les amendes ne sont pas assez élevées.
« La sanction de l’Office des transports du Canada (OTC) est trop faible » estime Gábor Lukács, de l’organisation Air Passenger Rights et dont les propos sont rapportés par Global News.
Professeur adjoint de droit à l’Université Thompson Rivers, Matt Malone estime que l’OTC « devrait utiliser tous les outils à sa disposition. Les amendes ont pour but de forcer les compagnies aériennes à se conformer aux règlements et ce n’est pas ce qu’il se passe » rapporte pour sa part Radio-Canada.
Quant à l’OTC, son porte-parole, Tom Oommen, indique que « le montant des amendes est proportionnel à l’impact sur les voyageurs ».
L’OTC signale également que plus de 40 000 plaintes sont en retard de traitement.