Pour être plus écolo, l’aéroport d’Amsterdam mise sur la décroissance

Photo: Schiphol AMS

C’est un acte très audacieux : l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol a pris quatre décisions pour devenir plus durable, écolo et respectueux. Ces décisions ont ce dénominateur commun : la décroissance du trafic aérien.

Décision no 1 : réduire puis limiter le trafic aérien

Le gouvernement néerlandais a décidé de réduire progressivement de 500 000 à 440 000 vols par an (avec une étape entre les deux à 460 000) le trafic aérien à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol.

Décision no 2 : l’instauration d’un couvre-feu

Les autorités ont annoncé vouloir mettre en place un couvre-feu, au plus tard en 2025. Les décollages seront interdits de minuit à 6 h du matin et les avions ne pourront plus atterrir à Amsterdam de minuit à 5 h du matin.

Selon la direction aéroportuaire, cela signifie 10 000 vols de nuit en moins par année.

Décision no 3 : l’interdiction des jets privés

On doit souligner ici une audace assez remarquable de la part des autorités de cet aéroport, celle de « s’attaquer » à ceux qui sont normalement intouchables dans une sphère basée sur l’économie et le profit : les plus riches.

Car l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol a décidé d’interdire l’accès aux jets privés au plus tard en 2025/2026 à cause de « leur bilan carbone par passager désastreux et leur nuisance sonore » souligne-t-on ici.

« Ils ne sont plus les bienvenus. Schiphol va interdire les avions privés et le trafic des petites entreprises. Ce trafic provoque une quantité disproportionnée de nuisances sonores et d’émissions de CO2 par passager (environ 20 fois plus de CO2 par rapport à un vol régulier).

« Parmi ces vols, 30 à 50 % sont des vols de vacances vers des destinations telles qu’Ibiza, Cannes et Innsbruck. Il existe suffisamment de services réguliers disponibles vers les destinations les plus fréquemment empruntées par les jets privés » souligne-t-on dans un communiqué et retransmis par les médias européens depuis quelques jours.

Décision no 4 : l’abandon du projet d’extension

« Schiphol renonce à la possibilité d’une piste de décollage et d’atterrissage supplémentaire et demande au gouvernement national d’annuler ce projet qui a donné lieu à des options sur des terrains avoisinants, une pression inutile sur l’espace rare dans la région » souligne-t-on.

Trainé en justice par les transporteurs aériens

Depuis ces annonces, la Justice a été sollicitée et celle-ci aurait invalidé le plan gouvernemental de limitation du trafic.

« Un tribunal s’est en effet opposé mercredi au plan gouvernemental de réduire dès cette année (2023/24) le nombre de vols à Schiphol, l’un des plus grands hubs d’Europe, pour limiter les émissions de CO2 et les nuisances sonores » indique-t-on ici.

« L’aéroport voulait implanter sa nouvelle politique dès cette année mais les transporteurs aériens ont eu recours aux tribunaux pour lui interdire d’aller de l’avant et ce, sous prétexte d’avoir été exclu des discussions », mais aussi parce que « cela leur porterait préjudice, ainsi qu’à l’économie et aux voyageurs néerlandais » annonçait-on ici.

« Cela signifie qu’en conséquence de cette décision, Schiphol ne peut pas réduire le nombre maximum de vols à 460.000 pour la saison à venir », a déclaré le tribunal dans un communiqué.

Les compagnies aériennes qui se sont jointes à la plainte sont notamment KLM, Delta, EasyJet, TUI et Corendon.

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.