Dossier spécial. Par curiosité de voir réellement comment ça se passe, sur le terrain en temps de pandémie, derrière la porte d’une chambre d’hôtel, j’ai séjourné à l’Hôtel Le St-Germain de Rimouski.
Le choix de l’hôtel s’est effectué ainsi : j’ai déployé une carte du Québec, repéré une région sur le point d’accueillir son lot de touristes (Bas St-Laurent) puis ai sorti cet hôtel de 25 chambres du chapeau.
L’accueil et les lieux publics
À mon arrivée à cet hôtel, j’ai tout de suite fait face à cette chose qu’on embrasse depuis plus d’un an et qui nous incite parfois à crier pour se faire entendre, et j’ai nommé le fameux panneau de plexiglas.
Postée derrière et tout sourire, Maitté, la réceptionniste, porte en tout temps son masque. Après les vérifications d’usage, elle m’explique que demain matin, mon petit déjeuner continental me sera livré à ma chambre à l’heure souhaitée. Les victuailles seront soigneusement enfouies dans un coffre de type Pirates des Caraïbes et ce coffre sera déposé sur une tablette accrochée au mur, dans le couloir, à tribord de la porte de ma chambre.
Puis Maitté traite mon paiement et, mains vêtues de gants de protection et dans un élan doux, calculé et cajoleux, elle me tend mes cartes d’identification et le porte-clés de ma chambre (clé et aimant détecteur pour la porte extérieure de l’hôtel) après les avoir nettoyés dans un linge humecté de désinfectant. Zéro contact.
Une fois l’enregistrement conclu, le parcours qui mène à la chambre se révèle un test d’endurance de la confiance à l’égard du personnel de l’établissement. Maitté m’a bien souligné que la désinfection des surfaces et boutons d’ascenseur est effectuée plusieurs fois par jour, mais le bourrage de crâne sévère que l’on subit depuis un an me fait calculer chaque geste que je m’apprête à poser.
La chambre
D’emblée, le site Internet m’avait signalé, sur une grande bande rouge, que chaque chambre dispose de son propre système de climatisation/ventilation, « ainsi il n’y a aucune circulation d’air avec d’autres chambres ». Nouvelle rassurante!
J’entre dans ma suite supérieure avec mini-cuisinette (incluant vaisselle et ustensiles) et j’amorce le tour du propriétaire. Une constatation : l’émancipation de la technologie et des gadgets qui vont avec, hors pandémie, c’est super cool. Mais en temps de pandémie, ça peut stresser! J’ai une douce pensée pour les hypocondriaques.
Car technologie et gadgets sont hyper présents dans ma chambre. Boutons pour les lumières – on n’y échappe pas – mais aussi boutons pour les rideaux de la fenêtre, boutons pour les rideaux de la douche (oui les parois de verre de la douche sont munies de rideaux), téléphone bien sûr, télécommande pour la télé et télécommande pour la cuve de la toilette (elle est auto-plein-de-trucs), puis je découvre que même les prises électriques, sur les tables de chevet, sont rétractables, nécessitant ainsi d’appuyer sur l’objet pour le camoufler et le déployer.
Objets identifiés non essentiels
Le Plan de sécurité sanitaire de l’industrie touristique, préparé par l’Alliance Touristique, indique aux hôteliers, même encore depuis sa dernière mise à jour en date du 10 mai 2021, de retirer tout objet non nécessaire dans les chambres.
Plus précisément, on y lit ceci :
« Retirer les objets inutiles ou non essentiels (ex.: bibelots, décorations, magazines, jouets pour les enfants, etc.), surtout ceux qui pourraient être difficiles à nettoyer. »
Ma chambre m’offrira coussin décoratif déposé sur les oreillers, bloc-notes et crayon à l’effigie de l’hôtel et cartable contenant 23 feuilles et déclinant les services de l’hôtel et les suggestions de restaurants à proximité ainsi que boîtes de mouchoirs (4) déjà ouvertes par d’anciens locataires.
Les absents et les attentes
Au registre des absents, je note ces petites fiches informatives de type « nous avons désinfecté ceci, nous vous recommandons cela » et une bande de plastique jetable apposée sur les surfaces des télécommandes, à remplacer entre chaque client.
Aussi, certains objets auraient pu certainement disparaitre sans compromettre le confort et la qualité du séjour du client. Je pense ici au stylo ou encore le petit bloc-notes, et sans doute aussi 3 boîtes mouchoirs sur les 4. Quant au cartable, le propriétaire de l’hôtel m’expliquera plus tard la raison pour laquelle sa présence est justifiée, selon lui, dans la chambre (lire « Hôtellerie & pandémie: entrevue avec l’Hôtel Le St-Germain de Rimouski »).
Par ailleurs, je ne crois pas que nous pourrions aller jusqu’à dire que des ustensiles et assiettes jetables auraient été à considérer. S’il est vrai que le jetable annule les risques de transmission, le client qui va à l’hôtel mérite de se délecter sur fond de céramique et non de plastique…
Afin d’optimiser l’expérience cliente pour les besoins de ce reportage, notre journaliste a séjourné dans l’établissement sans annoncer sa venue au préalable et a payé les frais de la chambre pour son séjour. Date du séjour : mars 2021.