Pourquoi c’est si contraignant, voyager de l’aéroport Trudeau Mtl-YUL?

Entre 2h de l’après-midi et 8h le soir, c’est la pire période pour se pointer à l’Aéroport Montréal Trudeau-YUL. Car c’est à ce moment-là que la grande majorité des vols atterrissent et décollent.

Aéroport Montréal-Trudeau
Aéroport Montréal-Trudeau et sa façade automnale. (Photo tirée de la page Facebook de YUL)

Les voyageurs en souffrent (congestion routière, accès laborieux), mais aussi les transporteurs (manque de gates pour accueillir tous les avions aux heures de pointe).

Les transporteurs aériens ne pourraient-ils pas choisir une autre plage horaire? Et bien non : même s’il y a 24 heures dans une journée, les choses se passent entre 14 et 20h.

C’est le modus operandi.

Et pas d’hier.

Alors si on le sait depuis longtemps, comment expliquer que c’est si contraignant, aujourd’hui, voyager de l’aéroport Trudeau Mtl-YUL?

Y’aurait une explication « côté pistes », et y’aurait une explication « côté ville ».

Côté pistes

« YUL a exactement les mêmes pistes, la même configuration que l’aéroport Heathrow à Londres. Heathrow accueille 85 millions de passagers par année. À YUL, avec la même configuration, on en accueille 24 millions par année« , a expliqué Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile, au micro de Radio Canada samedi le 24 août dernier.

Si Heathrow a certainement ses petits problèmes même si son rendement est impressionnant, intéressons-nous à ceux de YUL : « Le problème avec YUL, c’est que c’est un aéroport qui a été conçu il y a longtemps, et donc, pas pour ce qu’on lui demande aujourd’hui, a poursuivi Monsieur Ebrahimi.

« Les infrastructures de YUL, comme le système de traitement des bagages, datent des années 80. On n’a pas les reins assez solides pour investir là-dedans. »

« Pas seulement à Montréal mais partout au Canada, les infrastructures des aéroports se sont détériorées. Et on ne les a pas supportées. Et la reprise des voyages, depuis la pandémie, a été beaucoup plus forte qu’on l’avait envisagée. »

Côté ville

« L’accessibilité à l’aéroport est un problème. Pour des milliers de passagers qui partent et qui arrivent, et pour les gens qui veulent déposer des voyageurs à YUL (30 % du trafic routier autour de YUL), et bien ils doivent passer par une espèce de couloir étroit, qui devient un entonnoir et qui congestionne rapidement. La passerelle qui est en place pour accéder à YUL ne répond pas à la demande » a ajouté Monsieur Ebrahimi.

Pas la faute à la direction d’ADM

Monsieur Mehran Ebrahimi ne pointe pas du doigt la direction actuelle d’ADM. Il compatit même :

« Le président actuel ne peut pas faire de magie. Avant la pandémie, la Trésorerie d’ADM était de presque 2 milliards de $. Pendant la pandémie, ils ont été obligés de rester ouverts mais sans récolter de revenus. Résultat : ADM est tombé dans le 1 milliard de dettes. L’argent qui devait servir à moderniser cet aéroport a servi finalement à la gourmandise du gouvernement fédéral. »

Notons ici que le gouvernement fédéral n’est pas propriétaire des aéroports du pays. ADM a un bail de location avec la Couronne et le gouvernement récolte des redevances.

Transférer les vols vers le Sud vers l’aéroport de St-Hubert

Durant cette entrevue, cette idée-solution a été évoquée : transférer les vols vers le Sud (Caraïbes et Antilles) et tous les vols low cost à l’aéroport de St-Hubert (Aéroport Métropolitain de Montréal), lequel est situé sur la Rive-Sud de Montréal, pour désengorger l’aéroport de Mtl-YUL.

Pour accéder à l’article d’Open Jaw Québec portant sur cette idée, c’est par ici.

Pour écouter l’entrevue à Radio-Canada dans sa totalité, c’est par ici.

Mehran Ebrahimi est le directeur de l’Observatoire de l’Aéronautique et de l’Aviation Civile, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et dirige, depuis le printemps dernier, un laboratoire de recherche et d’innovation pour l’Aéroport Métropolitain de Montréal (St-Hubert).

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.