Les avions ne volent pas, mais l’industrie aérienne brasse tout de même de gros dossiers en ce moment. Sunwing a bel et bien reçu une offre d’achat mais n’est pas à vendre, et pendant qu’Ottawa approuve les intentions entre Air Transat et Air Canada, Pierre-Karl Péladeau sème le doute.
« Sunwing n’est pas à vendre »
Dans une entrevue accordée au journaliste économique Gérald Fillion sur les ondes de Radio-Canada, la directrice générale de Sunwing au Québec, Lyne Chayer, a fait cette déclaration :
« Sunwing appuie la volonté d’achat d’Air Transat par Air Canada. De notre point de vue, ce serait solidifier Air Canada compte tenu des circonstances actuelles, qui laisse la porte ouverte aux autres joueurs américains ou européens. Et avec WestJet, cela permettrait de ne pas perdre de parts de marché pour les transporteurs canadiens. »
Concernant la rumeur, qui a circulé ces derniers jours, à l’effet que WestJet aurait manifesté l’intérêt d’acheter Sunwing, Lyne Chayer a répondu : « ce n’est pas la première fois que Sunwing reçoit des offres. En ce moment, il n’y a pas d’offre ferme. Oui, il y a eu une offre, mais l’entreprise n’est pas à vendre. Nous focussons sur le futur pour sortir de la pandémie encore plus solide. »
Une intégration verticale toujours défendue par Sunwing
Madame Chayer a poursuivi l’entrevue en spécifiant qu’il y a en ce moment une inactivité apparente. « Le dernier vol de rapatriement s’est effectué le 5 février dernier. Nous ne volons plus en ce moment. C’est certain que nos revenus sont à la baisse. Cela dit, compte tenu que nous sommes verticalement intégrés, on a tout de même des revenus dans nos autres divisions, dont notre tour opérateur aux USA et nos hôtels à destination. Les 375 millions $ en crédits, que nous avons obtenus, vont nous aider à poursuivre pour les 12 à 18 prochains mois. »
Madame Chayer a conclu en disant que Sunwing partage l’optimisme d’Air Canada au sujet d’une aide d’Ottawa qui pourrait bientôt se pointer pour aider l’industrie aérienne. « Les discussions sont en cours » a conclu Madame Chayer.
Trio Air Transat, Air Canada et PKP
Dans le dossier Air Transat – Air Canada, on apprenait la semaine dernière qu’Ottawa avait approuvé l’acquisition proposée d’Air Transat par Air Canada. La suite de tout ça nous amène à prêter l’oreille à Pierre Karl Péladeau.
Le journal Le Devoir a publié, le 13 février, une lettre ouverte de M. Péladeau, qui souligne d’abord que « par l’engloutissement de Transat, étant un concurrent direct pour la très grande majorité des trajets transatlantiques et des « destinations soleil », Air Canada concentrerait plus de 60 % du marché, un seuil inacceptable dans quelque industrie que ce soit. »
Dans sa lettre, M. Péladeau nous rappelle également à notre mémoire que « il y a lieu de se questionner sur les réelles motivations de Transport Canada et du gouvernement du Canada d’autoriser la transaction, alors que le Bureau de la concurrence en arrivait à la conclusion suivante dans son rapport du 27 mars 2020 remis au ministre des Transports : « le commissaire a déterminé que la transaction envisagée entraînerait vraisemblablement des effets anticoncurrentiels considérables en raison de l’élimination de la rivalité entre Air Canada et Transat dans les zones de chevauchement de leurs réseaux ».
« Contrairement aux membres du conseil d’administration de Transat qui ont les mains liées par les termes de leur entente avec Air Canada, le ministre des Transports aurait dû communiquer avec moi, comme l’a pourtant fait la Commission européenne à plusieurs reprises, pour connaître les détails de mon offre. » a ajouté M. Péladeau.
Pierre Karl Péladeau a aussi interpellé le grand public à l’égard de son potentiel dans ce dossier : « Pour celles et ceux qui en doutent, j’ai les moyens de mon ambition et je souhaite reprendre Transat pour que les Québécoises et les Québécois puissent continuer de bénéficier du choix que la concurrence procure. Air Canada, comme Bell Canada d’ailleurs, issue d’un ancien monopole exsangue du concept de service à la clientèle, veut rétablir son monopole d’antan pour mieux récompenser ses actionnaires et non sa clientèle et les citoyennes et les citoyens. »