Préserver les bonnes conditions de glisse : une affaire de gestion

Dameuse

Dossier spécial. La neige, on ne peut pas aller en chercher une couche additionnelle dans les nuages. Alors celle qui tombe au sol, qui tend à se raréfier et fondre plus vite, est chouchoutée, étudiée, redéployée, remastérisée, calculée et protégée. Un nouveau cartel du flocon? En tout cas une nouvelle ère de gestion.

La volonté est là, et la démarche est en action.

Le cas des canons à neige

Dans les domaines skiables du Canada et d’Europe, c’est par la gestion de la neige qu’on est en train, entre autres, de s’adapter, sur le terrain, aux conditions climatiques qui changent la donne.

Et cette gestion passe notamment par l’ajout, la multiplication et l’usage d’équipements, dont les plus connus sont l’enneigeur et le canon à neige. Pour les non-initiés, l’enneigeur sert à fabriquer de la neige et le canon sert à la projeter sur les pistes et les pentes, donc à pallier à sa rareté progressive.

Mais aussi :

Monyse Bélisle, directrice des produits ski et marketing chez Flextour/Voyages Gendron : Les canons sont aussi installés et utilisés pour garantir que les conditions soient agréables. Garantir que les conditions, au début et à la fin de la saison, soient bonnes, jusqu’au pied des montagnes. Ce n’est pas tant pour un motif de fabrication de la neige, là où il y en n’a pas ou plus.

Monyse Bélisle

Chaque année, les canons à neige sont le premier ou le deuxième investissement le plus important pour les stations qui les utilisent. Et cela s’intensifie pour pallier au réchauffement climatique.

Fabriquer de la neige en avril, c’est fabriquer une neige qui va fondre rapidement sous le soleil. Les canons sont plutôt largement utilisés pour améliorer les conditions de neige durant la haute saison.

Open Jaw Québec : La neige fabriquée par un enneigeur, si elle assure une couche de neige appréciable pour skier, assure-t-elle une bonne qualité? Sommes-nous en train de baisser de qualité de neige?

Monyse Bélisle: Je ne pense pas. Mais c’est certain qu’elle est plus humide. Une neige d’un enneigeur et canon à neige, c’est une neige manufacturée. Elle glace plus vite parce que l’humidité est plus présente.

La fabrication de la neige, c’est une science. Et le mécanisme se raffine. Les canons des années 50 ne ressemblent pas du tout aux canons d’aujourd’hui. Il y a eu une nette augmentation de la qualité. La neige fabriquée n’est pas une poudreuse de l’Utah, mais elle est agréable.

Un autre point intéressant, c’est que la neige soufflée par des canons va aussi aider à ensevelir les croutes glacées qui nuisent à de belles descentes.

Les dameuses : ces insomniaques indispensables

Elles travaillent de nuit et font un boulot du tonnerre! Pour les non-initiés, les dameuses sont ces machines genre gros VTT chaussés comme des motoneiges, avec des chenilles (par l’insecte, mais le pneu!).

Elles sont utilisées pour casser les croutes de glace et répandre les amoncellements de neige pour que les pistes soient plus douces.

Monyse Bélisle : Les dameuses sont beaucoup plus larges aujourd’hui, et donc elles sont beaucoup plus efficaces. Elles viennent assurer de belles conditions pour le lendemain.

Rotation des pentes

La gestion des domaines skiables s’attarde également sur d’autres concepts que ceux visant l’usage d’équipements.

Monyse Bélisle : Les endroits qu’on ne peut pas travailler mécaniquement, on essaye de les protéger d’une autre façon. Par exemple, certaines stations de ski vont ouvrir un secteur, et le fermer le lendemain, pour garder les bonnes conditions durant toute la semaine.

Elles alternent les périodes d’ouverture des endroits skiables pour garantir de la belle neige. C’est une façon de gérer qui est assez récente. Ce n’est pas généralisé, mais cette méthode est exploitée.

La gestion qui vise à offrir des bonnes conditions de neige aux clients, elle se fait à l’année longue en fait. Ce n’est pas nouveau que les secteurs skiables sont sécurisés en été pour améliorer les pentes en hiver (taille d’arbres, entretien des pistes, etc). Mais ce que l’on voit beaucoup, c’est l’optimisation des efforts qui est assurée toute l’année.

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.