« Les stations de ski s’adaptent » – Flextour

Monyse Bélisle

Dossier spécial. Une mauvaise année, ça peut arriver à tout le monde. Même à Mère Nature. Mais voilà : certains observateurs parlent de tendance réelle et de progression continue de la rareté quand ils abordent le sujet de la neige dans les domaines skiables.

Qu’en pensent nos observateurs d’ici? Nous avons posé la question à l’un des plus grands spécialistes québécois des voyages de ski au Canada comme à l’international : Flextour/Voyages Gendron.

Monyse Bélisle, directrice des produits ski et marketing : « Dans l’Ouest Canadien ou même du côté de Tremblant, la saison du ski se raccourcit dans les stations de basse altitude. Les conditions idéales ont reculé dans le temps. À mes débuts chez Voyages Gendron, il y a 27 ans, on organisait des fam trips mi-fin avril dans des destinations ski. Ce n’est vraiment plus possible aujourd’hui.

« Le réchauffement climatique a un impact réel, en ce moment, sur la quantité de neige qui tombe, mais surtout sur la longueur de la saison, qui est plus courte qu’avant parce qu’il fait plus chaud. Dans notre industrie, l’une des conséquences, c’est que le remplissage des hébergements et domaines skiables est plus condensé.

« Aujourd’hui, la saison du ski de destination va de la mi-décembre à la mi-mars. On assiste à un condensé plus lourd des réservations. À l’interne, c’est une année de ventes pour une courte période d’utilisation. Cette tendance créée une rareté de l’offre, et donc ça fait augmenter les prix. Car il y a de plus en plus de demandes que d’offres. En d’autres mots, on doit considérer que les changements climatiques, dans ce domaine, ont un réel impact financier sur les vacances à la neige. »

Open Jaw Québec : Y a-t-il alors une volonté de trouver une solution pour que les prix demeurent compétitifs? Malgré ce rapport de l’offre et la demande?

Monyse Bélisle : Les mots magiques sont « promos réservez-tôt ». En été, jusqu’au mois d’août, on affiche du 50 % de rabais dans certains hôtels qui veulent garantir un revenu. Ensuite, les prix augmentent, tranquillement, jusqu’à une saturation. S’il y a un sérieux dans la démarche du voyageur, il faut leur conseiller de réserver tôt pour garantir, 1-les vols en classe économique, 2-l’inventaire à tarif raisonnable.

OJQ : L’impact des changements climatiques se fait-il davantage sentir en Europe par rapport à l’Ouest Canadien?

MB : Je dirais que c’est assez similaire.

Le ski de printemps

Open Jaw Québec : Qu’en est-il de la fin de saison?

Monyse Bélisle : Les fins de saison sont plus courtes. Faire du ski de printemps, c’est super. La neige est excellente en haut. Mais en bas, c’est moins agréable, et la neige devient vite de la slush. Le bon côté du ski de printemps, notamment en Europe, ce sont les offres spéciales, pour les premières semaines d’avril. Il y a beaucoup d’inventaire disponible, les tarifs sont moins chers. Mais il faut retenir que la bonne neige, c’est en altitude qu’on la trouve.

Dans l’Ouest Canadien, bien qu’on déconseille les stations de basse altitude après la mi-mars, les grandes stations comme Sun Peaks vont maintenir les conditions de glisse jusqu’à la fin des contrats, qui peut être déterminée au début avril. Elles ne seront peut-être pas optimales, mais les clients vont pouvoir skier.

Activités alternatives

Le tour opérateur québécois remarque également une autre tendance : la diversification des activités sur la neige.

Monyse Bélisle : Depuis bientôt 10 ans, les activités alternatives praticables sur la neige se multiplient dans les domaines skiables. Par exemple, le fatebike, la raquette, les balades en traîneau à chiens, le ski de fond. Car ces activités peuvent se pratiquer avec moins de neige. Elles viennent donc allonger la liste des activités offertes dans les stations de glisse.

En parallèle, Madame Bélisle souligne que « de plus en plus de stations de ski offrent des passeports d’activités autres durant notamment les « shoulder seasons » (saisons intermédiaires), qui sont des saisons un peu moins populaires. Le skieur va parfois préférer ces saisons parce que le prix est intéressant. Le skieur qui ne veut pas faire 6 jours de ski consécutifs va aussi être intéressé. »

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.