Croisière fluviale en français en Europe : la recette d’Avalon Waterways

Le grand salon, à bord du navire Illumination

Dossier. Offrir un départ en français, pouf comme ça, une mission impossible pour une compagnie de croisière ? Pas pour Avalon Waterways. Voici comment la compagnie gère la faisabilité.

Globus Family of Brands, à qui appartient Avalon Waterways, travaille en ce moment à développer davantage le marché québécois. Et ne se met pas la tête dans le sable : la compagnie sait que pour marquer des points au Québec, ça prend du français.

À l’occasion de cette croisière fluviale à l’essai sur le Danube et organisée exclusivement pour le marché québécois, en septembre dernier, Globus a démontré comment elle retrousse ses manches.

Regrouper des membres d’équipage qui parlent le français

Pour organiser cette croisière spéciale en français, Avalon Waterways a réuni des membres d’équipage qui travaillent sur l’ensemble de la flotte qui sillonne l’Europe, et qui parlent le français.

La directrice générale du siège canadien de Globus Family of Brands, Stéphanie Bishop, explique : « nos membres d’équipage proviennent de l’international. C’est une chance en ce sens qu’ils parlent plusieurs langues. Il nous a ainsi été possible de former un équipage où le français est offert dans plusieurs départements du navire, de la salle à manger à l’accueil et la direction, en passant par le service aux cabines.

« De plus, nous avons comme objectif de disposer d’un plus grand nombre de membres d’équipage qui parlent le français. Pour cette première initiative, et post-Covid en plus, on croit que c’est prometteur. »

Créer une base de données en français

Dans sa démarche, Globus a pris les moyens qu’il faut pour accueillir les passagers en français, mais aussi pour les informer, tout au long de la croisière, dans la langue de Molière.

Avant le jour d’embarquement, Avalon Waterways a mis la main à la pâte, et traduit en français les données et informations qui ont été distribuées durant la croisière, à savoir les menus au restaurant, les informations sur les ports d’escale et sur les excursions, ce qu’il faut savoir sur le navire, etc.

« Ces ressources, qui augmenteront avec le temps, sont là pour rester » ajoute Madame Bishop.

Dénicher des guides locaux qui parlent le français

Offrir service et informations en français à bord du navire, c’est bien, mais on s’entend que, pour que l’énergie francophone opère avec succès, la lune de miel en français doit se poursuivre sur la terre ferme.

À ce chapitre, la compagnie a usé de ses contacts aux escales et lancé un avis de recherche des guides locaux qui parlent le français.

« Ce n’est pas une démarche compliquée. Mais il fallait le faire » a simplement précisé Stéphanie Bishop.

Le français, facteur décisif pour les uns, pas systématique pour les autres

Cela dit, faisons une parenthèse importante ici. Alors que certains agents de voyage sont convaincus qu’une croisière fluviale sur la Danube a du potentiel au Québec uniquement si ça se passe en français, d’autres conseillers placent la langue de Molière sur un podium important, oui, mais à la seconde marche.

Ces divergences d’opinion reflètent parfaitement bien la carte linguistique du Québec : l’agence pro-langue-française se trouve bien souvent en région tandis que l’agence pour qui la langue française n’est pas indispensable partout sur le navire se trouve souvent à Montréal.

Marie-Hélène Jacques, directrice générale de Groupe Voyages VP, à Montréal :

Marie-Hélène Jacques

« Mon agence se trouve dans la métropole, et pour l’ensemble de mes clients, le français n’est pas nécessairement une condition à un voyage.

« Aussi, pour qu’une croisière en français ait du succès auprès de la clientèle québécoise et de notre réseau des agences, il faut qu’elle soit accessible dans un calendrier d’une saison. Si un départ en français est offert qu’à une seule date durant une période de deux ans par exemple, cela veut dire que ce départ doit coïncider avec les possibilités de voyage du client. Il faudra être attentif à ce qu’Avalon Waterways pourra offrir. »

Louise Drouin, conseillère en voyage, accompagnatrice et propriétaire des agences Voyage Louise Drouin de Sorel et Drummondville :

« Au Québec, dès qu’on sort des grandes villes comme Montréal, le français en voyage, c’est important. Beaucoup de Québécois des milieux plus ruraux ne parlent pas une autre langue que le français.

« Avec une croisière complètement en français, je peux enlever la structure rigide du groupe – où je choisis tout pour tout le monde – dans l’encadrement du voyage. Parce que je peux laisser à chacun le soin de choisir ce qu’il veut faire grâce à la compréhension de la langue. J’espère beaucoup qu’Avalon Waterways pourra programmer un autre départ en français dans un proche futur. »

Le moment parfait: des passagers Avalon en balade en canoë sur le Danube, observant leur navire Illumination défiler sous leurs yeux, dans le décor majestueux…

Chantale Lapointe, conseillère et spécialiste Europe à l’agence Club Voyages Mille et une nuits, à Mascouche :

Chantale Lapointe

« La langue française, c’est indispensable pour plusieurs de mes clients qui ne parlent pas anglais. Avalon nous a montrés que oui, il est possible de réunir du personnel qui parle français sur le bateau, et c’est ça qu’on doit pouvoir garantir à nos clients. »

Si le français ne vient pas à nous, allons vers le français!

Durant nos discussions avec des conseillers en voyage à bord, une idée pas bête du tout a fait son chemin, celle de travailler en équipe, à plusieurs agences, pour organiser un ou des groupes francophones, et solliciter un ou des départs en français auprès de la compagnie.

Nous avons demandé à Globus ce qu’il pensait de cette idée : « absolument!, a lancé d’emblée Stéphanie Bishop. Si un groupe est formé d’un minimum de 30 ou 35 passagers, oui, il nous sera possible de faire en sorte que des excursions en français soient offertes aux escales. Tout s’organise!

« Nous ne pourrions peut-être pas garantir que le directeur de croisière parlera le français, mais nous pourrions faire en sorte que les guides locaux, par exemple, parlent le français.

« Avalon Waterways offrira toujours son soutien et sa collaboration pour organiser un départ en français qui n’est pas initialement prévu au programme. »

Martine Phaneuf, conseillère et propriétaire de l’agence Vacances Le Faubourg Virtuoso, à Boisbriand :

Martine Phaneuf

« J’espère qu’il y aura d’autres départs en français. Mais on peut aussi, nous les agents de voyage, privatiser un navire. Travailler à plusieurs agences, ensemble. Car c’est aussi à nous, les agents, de promouvoir les croisières d’Avalon pour créer la demande, et bénéficier des avantages qui viennent avec, comme des départs en français. »

Photos : Isabelle Chagnon

Notre journaliste était l’invitée de Globus Family of Brands et Avalon Waterways.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.