« Quand la guerre sera terminée, le tourisme jouera un rôle clé pour permettre à l’Ukraine de se relever et de relancer son économie », assure auprès de l’AFP Mariana Oleskiv, présidente de l’Agence nationale pour le développement touristique en Ukraine, un organisme gouvernemental créé en 2019.
À la tête d’une délégation ukrainienne invitée au Salon international du tourisme Fitur, qui se tient jusqu’à dimanche à Madrid, Mariana Oleskiv juge nécessaire de « travailler » d’ores et déjà pour préparer cette reprise, d’après un reportage du magazine L’Écho Touristique.
« Il ne s’agit pas bien entendu d’inviter les touristes à venir maintenant : il n’est pas question de leur faire prendre des risques, même si dans certaines régions d’Ukraine le risque est actuellement faible », souligne-t-elle.
« Mais quand le pays sera de nouveau sûr, nous voulons être prêts pour inviter les gens à venir visiter l’Ukraine », ce qui implique d’avoir « suffisamment de partenaires pour promouvoir » le pays et en faire une « importante destination », ajoute-t-elle.
Ce qui supposera aussi des investissements très conséquents. Les réseaux ferroviaire et routier sont détériorés, des bâtiments historiques et des musées endommagés ou détruits.
Préserver le patrimoine
Yuliia Zghurska, porte-parole du bureau de la coopération internationale du conseil municipal de Kharkiv, en témoignait lors de la conférence A World For Travel fin 2022.
« Ma ville souffre depuis le début de la guerre » le 24 février 2022. « Il est aujourd’hui de notre devoir de protéger les monuments, les théâtres, l’ensemble de notre héritage culturel. C’est important pour nous ainsi que pour les générations futures. »
Mais déjà, « plus de 140 bâtiments historiques sont détruits ou très endommagés », a ajouté Yuliia Zghurska.
Des sites culturels tentent de mettre leurs collections à l’abri des frappes, sous terre, comme ce fut le cas pour le musée ci-dessous. Toutefois, l’exercice n’est pas facile, a-t-elle complété. D’où l’importance de la coopération internationale en la matière, même en plein conflit.
Andriy Moskalenko, maire-adjoint de la ville Lviv, a lui aussi témoigné lors de la conférence A World For Travel : « Notre ville était une destination touristique. Avant la crise du Covid, nous accueillions 3 millions de touristes par an. Près de 10% du PIB de notre ville provenait du secteur du tourisme et des services. » Depuis des écoles, des lieux culturels, des infrastructures, des musées ont été bombardés ».
Pour Andriy Moskalenko, certaines attaques russes prennent délibérément pour cibles des bâtiments historiques. En face, la population ukrainienne tente de préserver le patrimoine, avec des moyens parfois rudimentaires.
« Nous avons barricadé des monuments comme des églises et les fontaines. Il est impossible de construire un avenir sans notre héritage. »
Autrefois, 20 millions de visiteurs étrangers par an
Jusqu’au début des années 2010, le pays recevait en moyenne près de 20 millions de visiteurs étrangers par an, en provenance principalement de Russie et d’Europe de l’Est, selon l’Organisation mondiale du tourisme.
Ce qui faisait de l’Ukraine le huitième pays le plus visité d’Europe.
Ce chiffre a chuté à près de 12 millions en 2014 avec le début de la guerre du Donbass et l’annexion par la Russie de la Crimée. Il s’est littéralement écroulé avec l’invasion de l’Ukraine déclenchée par la Russie le 24 février.
À long terme, la destination espère bien retrouver des couleurs.
« Cela va prendre du temps », reconnaît Mariana Oleskiv. Mais l’Ukraine, réputée pour ses stations balnéaires au bord de la Mer Noire, ses cités historiques ou ses stations de ski familiales, a « le potentiel » pour rebondir et « attirer les visiteurs », explique-t-elle.