Méga projet The Line en Arabie Saoudite : la destination touristique du futur ?

Imaginez un Habitat 67 sur 170 km de long, 200 mètres de large et 500 mètres de hauteur, aménagé en plein désert mais pas trop loin de la mer. Aménagez-y port et terminal de croisière, lieux de divertissement, boutiques et magasins, restaurants ainsi que hébergements et potagers verticaux.

Bienvenue à The Line, la « ville du futur » qui s’inscrit dans le ultra méga projet d’aménagement de la région de Neom, au nord-ouest du pays, et qui est sur la table à dessin de l’Arabie Saoudite.

Des idées de grandeur pour se sortir d’un cul-de-sac annoncé

La ville de The Line est le souhait de Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, qui est actuellement en tournée mondiale pour discuter pétrole avec les Macron et Biden de ce monde, mais aussi financement pour ce gargantuesque projet.

Le comité directeur de Neom distribue des miettes d’info à propos de la ville de The Line, partout sur la planète depuis 2017, mais voilà que le projet se précise. Et les premières images numériques viennent tout juste d’être dévoilées.

L’objectif du prince – qui est également président du conseil d’administration de Neom – est de mettre à exécution, le plus tôt possible, un plan B pour son pays : la région de Neom s’intègre dans un plan baptisé Vision 2030, qui vise à sortir le pays de la dépendance aux hydrocarbures.

« Peu attractive pour les touristes, hormis les quelques millions de pèlerins qui se rendent chaque année dans la ville sainte de La Mecque, l’Arabie Saoudite espère atteindre 100 millions de touristes annuels à l’horizon 2031 » relatait Géo à l’automne dernier dans un dossier qui annonçait un autre méga projet en Arabie Saoudite : la reconversion d’une plateforme pétrolière en immense parc d’attractions.

Pourquoi l’appelle-t-on la « ville du futur »

Chaussant une grande pointure dans le domaine du pétrole depuis des lunes, l’Arabie Saoudite sent que le vent tourne, chez elle comme partout sur la planète, et souhaite donc pointer son radar sur une alternative et ce, avec la même taille de chaussure.

Et avec cette philosophie « J’annonce aujourd’hui l’objectif zéro émission de l’Arabie saoudite d’ici 2060 grâce à une stratégie d’économie circulaire du carbone », annonçait le prince héritier, en octobre 2021.

La région de Neom est déjà en train de se construire « une vie de demain » et la ville du futur de The Line est l’un des concepts élaborés à même le projet et la région de Neom.

« L’accent est mis sur l’aspect écologique de la future mégalopole. En effet, le Royaume ambitionne de faire de Neom une zone alimentée à 100 % par de l’énergie renouvelable, en plus d’être pratiquement autosuffisante sur le plan alimentaire », précise-t-on ici.

Voici comment le prince héritier Mohammed bin Salman a décrit son projet qu’il porte sur le cœur:

« Lors du lancement de The Line l’année dernière, nous nous sommes engagés à réaliser une révolution civilisationnelle qui place l’homme au premier plan en s’appuyant sur un changement radical de la planification urbaine. Les conceptions de la ville révélées aujourd’hui, basées sur des communautés établies en couches verticales, remettront en question les villes plates et horizontales traditionnelles et créeront un modèle de préservation de la nature et d’amélioration de l’habitabilité. The Line s’attaquera aux défis auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui dans la vie urbaine et mettra en lumière des modes de vie alternatifs. »

Dans un communiqué du 25 juillet dernier provenant de Neom, le comité directeur poursuit la description du projet ainsi :

« Le design de The Line incarne ce que seront les communautés urbaines du futur, dans un environnement sans route, sans voiture et sans émission. Elle fonctionnera avec une énergie 100 % renouvelable et donnera la priorité à la santé et au bien-être des personnes plutôt qu’aux transports et aux infrastructures comme dans les villes traditionnelles. Elle fait passer la nature avant le développement et contribuera à préserver 95 % des terres de la région. »

Réunir 9 millions de personnes et des touristes tout en réduisant l’empreinte

Cette ville linéaire, dont un tgv reliera les extrémités en 20 minutes, pourra accueillir à terme des voyageurs et 9 millions de résidents et sera construite sur une superficie de 34 kilomètres carrés, «ce qui est inédit par rapport à d’autres villes de capacité similaire» ajoute le comité.

« Cela permettra de réduire l’empreinte de l’infrastructure et de créer des efficacités jamais vues auparavant dans les fonctions de la ville. »

Mégalomane ou visionnaire, ce prince héritier?, questionnent les observateurs du monde entier.

Le prince a ajouté : « Nous ne pouvons pas ignorer les crises de l’habitabilité et de l’environnement auxquelles sont confrontées les villes du monde entier, et Neom est à l’avant-garde des solutions nouvelles et imaginatives pour répondre à ces problèmes. Neom compte sur une équipe composée des esprits les plus brillants en matière d’architecture, d’ingénierie et de construction pour faire de l’idée de construire vers le haut une réalité. »

Superposer à la verticale

The Line propose une nouvelle approche de l’aménagement urbain : l’idée de superposer verticalement les fonctions de la ville tout en donnant aux gens la possibilité de se déplacer de manière fluide dans les trois dimensions (vers le haut, vers le bas ou à travers). Et pour y parvenir, l’instauration d’un concept appelé Urbanisme à gravité zéro.

« Il ne s’agit pas seulement de grands immeubles, mais aussi de parcs publics et de zones piétonnes, d’écoles, de logements et de lieux de travail, de sorte qu’il est possible de se déplacer sans effort et de satisfaire tous ses besoins quotidiens en moins de cinq minutes » souligne le comité.

Trojena, la voisine touristique

L’annonce des plans de The Line s’inscrit dans la continuité des projets mis de l’avant par Neom, dont OXAGON, une ville de fabrication et d’innovation réimaginée, et TROJENA, sa destination de tourisme de montagne.

Images : www.neom.com

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Isabelle Chagnon
Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.