Le sort complexe de Hong Kong qui freine la reprise de son tourisme long-courrier

Des vols et congrès internationaux qui ne reviennent pas. Une rareté des vols qui hausse les prix. Des pilotes deux fois moins nombreux chez le transporteur d’habitude le plus prolifique. Des super idées pour attirer les touristes mais qui ne lèvent pas. Des mises en garde des gouvernements étrangers à leurs citoyens. Le doute chez les voyageurs à l’effet que Hong Kong n’est peut-être plus sécuritaire…

Photo: bady abbas/Unsplash

C’est tout un cocktail de situations qui arrose la ville de Hong Kong, en ce moment, jusqu’à lui faire perdre l’équilibre et le titre de destination qui accueille un lot considérable de visiteurs long-courriers.

Si la ville aurait retrouvé 80 % des touristes chinois depuis la réouverture des frontières post-Covid, « les touristes des marchés internationaux sont revenus dans une proportion de seulement 60 %. Et le Canada et les États-Unis sont bien derrière » rapportent les médias qui se penchent sur le sujet, dont la Hong Kong Free Press, cette semaine, dans ce dossier intitulé Hong Kong struggles to win back long-haul tourists amid fewer flights and travel warnings.

Pourquoi?

Pourquoi les vols ne sont pas tous de retour…

En se gardant de faire un seul cas avec Cathay Pacific, les observateurs portent néanmoins un grand regard sur ce méga transporteur d’une importance capitale pour Hong Kong.

Dans ce dossier, on rapporte qu’Allan Zeman, président du Lan Kwai Fong Group, a déclaré que « les touristes long-courriers ne reviennent pas à Hong Kong en aussi grand nombre parce que les compagnies aériennes n’ont pas encore rétabli le nombre de vols à destination de Hong Kong aux niveaux d’avant la pandémie ».

Pourquoi?

Selon la Hong Kong Aircrew Officers Association, « Cathay Pacific employait un peu moins de 4 000 pilotes en 2019. Aujourd’hui, elle en compte environ 2 500. De plus, avant la pandémie, Cathay Pacific desservait 119 destinations, selon son rapport annuel 2019. À la fin de 2023, la compagnie aérienne ne comptait plus qu’environ 80 destinations sur sa carte des itinéraires. »

Pourquoi d’autre?

Shukor Yusof, fondateur du cabinet de conseil en aviation Endau Analytics, a déclaré que « les compagnies aériennes ont été hésitantes dans leur projection sur Hong Kong, après la pandémie, oui, mais aussi après les manifestations de 2019 »

Il a ajouté que « les voyageurs d’affaires constituaient une clientèle importante pour les vols à destination de Hong Kong. Mais avec moins de conventions et d’événements majeurs, la ville suscite moins d’intérêt ».

« Les compagnies aériennes voleront quand il y aura de la demande. Les marchés ne mentent pas » a-t-il ajouté.

Le pourquoi du pourquoi…

La baisse du nombre des vols internationaux atterrissant et décollant de l’Aéroport international de Hong Kong serait telle que l’aéroport serait passé d’une 10ème place sur la liste des mégas plaques tournantes dans le monde en 2019 à une 37ème place en 2023, selon les données du Official Airline Guide, derrière notamment Kuala Lumpur, Bangkok et Jakarta.

Pourquoi les prix ont augmenté…

C’est sans surprise d’assister à ceci : la hausse des prix des billets d’avion.

« La diminution du nombre de vols disponibles a entraîné une hausse des tarifs aériens à destination de Hong Kong » note le président du Lan Kwai Fong Group.

Pourquoi des décisions politiques font mal au tourisme…

Bien que l’industrie du tourisme souhaite toujours se dissocier de la politique, l’impact de l’un sur l’autre est parfois hors du contrôle de quiconque.

C’est ce qui se produirait en ce moment du côté de Hong Kong :

Bien que les autorités fassent de la reconquête des touristes un objectif politique clé et bien que le gouvernement ait annoncé investir 1,1 milliard de dollars hongkongais à la promotion de méga événements, Hong Kong n’échapperait pas à ça :

« Après les manifestations de grande ampleur en 2019, Pékin a imposé l’année suivante une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, en vertu de laquelle les groupes de la société civile ont été dissous et des dizaines de militants ont été emprisonnés, rappelle Hong Kong Free Press.

« Les autorités s’efforcent d’attirer les touristes vers une Hong Kong qui, selon certains, a changé depuis 2019. Les États-Unis, le Canada et l’Australie ont émis des avis pour la ville (et émettent encore, NDLR), mettant en garde contre des lois locales « larges » et « arbitraires », ce qui incite les touristes à se demander si Hong Kong est « sûre » ».

Et ce pourquoi du pourquoi pas…

En conclusion de cette analyse, on souligne que la société Walk in Hong Kong croit que « la politique est rarement évoquée dans les conversations avec les touristes. Mais ce qui les préoccupe, c’est de savoir qu’ils trouveront, dans la destination, la sécurité physique, le confort et la possibilité de faire ce qu’ils veulent. »

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.