Êtes-vous prêts pour un grand changement?

Jean-Michel Perron, consultant en tourisme, président de la firme PAR Conseils & Stratégies et auteur du blogue La tourte voyageuse

« Actuellement, c’est la tempête parfaite! » C’est sur ces mots que Jean-Michel Perron, consultant en tourisme, président de la firme PAR Conseils & Stratégies et auteur du blogue La tourte voyageuse, a débuté l’entretien sollicité par Open Jaw Québec. C’est notre cadeau du Nouvel An : une pause réflexion, pour mieux aligner nos actions. Résumé.

Open Jaw Québec : Commençons par la question qui tue : Jean-Michel Perron est-il un optimiste? Ou un pessimiste? À l’égard de tout ce qui se passe en ce moment dans le monde du tourisme et voyage?

Jean-Michel Perron : Je suis définitivement un optimiste! Je vois définitivement les verres à moitié pleins. Car par expérience, on en a vu d’autres.

OJQ : Expliquez-nous sous quel angle vous observez la situation actuelle pour être optimiste?

JMP : L’industrie du voyage souffre d’un manque de ressources humaines et côté relance touristique, il n’y a rien de gagner, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a un paquet de solutions, dont les innovations technologiques, qui s’installent rapidement. Et si on regarde l’état du tourisme dans son ensemble, actuellement, c’est la tempête parfaite!

OJQ : Que voulez-vous dire par « c’est la tempête parfaite »?

JMP : Nous sommes passés de 50 millions de touristes internationaux dans les années 50 à 1,4 milliard en 2019. L’humanité et la planète n’avaient jamais connu une telle situation. La crise actuelle dérange donc beaucoup.

OJQ : Voulez-vous dire alors que la tempête est parfaite parce qu’elle nous oblige à faire une pause et réfléchir ?

JMP : Oui, mais surtout, la situation doit nous faire prendre conscience que dans toute crise, il y a des opportunités à saisir. Et actuellement, la planète nous parle.

OJQ : Et qu’est-ce qu’elle dit à votre oreille?

JMP : Que au-delà du tourisme et de nos vies personnelles qui sont chamboulés, la crise fait voir que le modèle économique qui battait son plein en 2019, c’est un modèle insoutenable. Et de revenir comme en 2019, c’est totalement impensable.

OJQ : Mais ne ressentez-vous pas que pour plusieurs personnes et pratiquement toutes les entreprises, l’objectif est, justement, de revenir exactement au point où nous étions en 2019? C’est sinon la mort de plusieurs entreprises, non? Et la population, ne manifeste-t-elle pas une crainte à l’idée de perdre ses acquis d’avant la pandémie? Notamment cette liberté de voyager et de consommer?

JMP : Effectivement. Mais le modèle économique devra être revu.

OJQ : Et les gouvernements dans tout ça?

JMP : Ce qu’il y a d’inquiétant, c’est que les gouvernements suivent souvent le pouls de la population, et l’un des sondages réalisés par Léger, pour les dernières élections fédérales, avait démontré que l’un des grands enjeux actuels qui fait couler beaucoup d’encre avec la crise, l’environnement, arrive au 6ème rang des préoccupations de la population. Le danger ici, c’est que les gouvernements suivent les vagues d’opinions de la population. Et là où il n’y a pas une pression de la population, les gouvernements ne s’empressent pas d’agir.

Mais je persiste à croire que la situation actuelle est en train de changer plusieurs choses en nous.

OJQ : L’industrie du voyage occupe-t-elle ou doit-elle occuper une place particulière dans ce mouvement de changements?

JMP : Tout-à-fait car le tourisme, c’est le plus gros employeur dans le monde. Le tourisme n’est pas le plus gros secteur d’activités économiques, mais au point de vue de l’impact par rapport à la richesse et le développement des communautés, l’industrie du tourisme est la plus importante.

C’est aussi une industrie très symbolique. Très marketing et très symbolisée. On parle de vacances, donc de quelque chose de positif. Pour ces raisons, c’est une industrie qui peut sérieusement aider à reconstruire notre planète, notamment par l’influence qu’ont les différents services touristiques et les employés. Et il est possible d’influencer positivement les voyageurs.

Oui, le tourisme de masse va revenir et les gros paquebots de croisière vont se remplir à nouveau. Mais malgré ça, il y a une tendance de fond, celle de donner du sens aux voyages, de changer les choses.

OJQ : Et à ceux qui veulent revenir aux rythmes de 2019, vous leur dites quoi?

JMP : Revenir à un semblant de 2019, ça prendra des années. Des années d’ajustements et d’adaptations. Sur le plan personnel et sur le plan psychologique. Il se produira de grands changements au cours des prochaines années. Et pour cette raison, je souhaite bonne chance à ceux qui n’ont pas une ouverture d’esprit et un minimum de positivisme.

Il y aura des étapes charnières à franchir. Individuellement mais aussi comme entreprise ou organisation touristique. Les personnes qui ne seront pas dans ce mode de pensée, où il faut s’adapter et accepter le changement, elles vont trouver les prochaines années difficiles.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.