Voyages de groupe : pourquoi leur reprise se fait attendre

Open Jaw Québec a récemment écouté aux portes d’une conversation où les mots « aspect juridique », « particularité » et « voyages de groupe » étaient soufflés. Piqués par la curiosité, nous avons interpellé l’interlocuteur pour savoir de quoi il s’agissait.

L’interlocuteur en question est Harry Goetschi, vice-président et directeur du développement chez Tours Chanteclerc. Et le sujet de la conversation était pourquoi, en ce moment toujours, la reprise des voyages de groupe se fait attendre.

Open Jaw Québec : Pourquoi souligniez-vous que l’aspect juridique fait des voyages de groupe un segment tout particulier en ce moment?

Harry Goetschi : En tant que tour opérateur, vous avez une obligation de résultat. Alors si vous prenez le risque de faire voyager un groupe durant une période comme actuellement, en temps de pandémie, où il y a des restrictions sanitaires obligatoires qui changent et qui parfois sont différentes d’un pays à l’autre et d’une région à une autre, cela devient infernal au point de vue opérationnel.

Car par définition, un voyage de groupe, particulièrement en Europe, va commencer dans un pays et se terminer dans un autre. Plus encore, vous traversez parfois au minimum quatre ou cinq pays. Le tour opérateur a alors l’obligation de s’ajuster à chacun des règlements en vigueur dans les régions que le groupe traverse. C’est ça qui devient infernal au point de vue opérationnel.

OJQ : La problématique peut-elle également provenir de l’intérieur du groupe?

HG : Effectivement. Aux règles en vigueur dans les pays s’ajoute le risque probable dans le groupe. Si vous prenez le risque de faire voyager un groupe de 30 personnes et que, à destination, un membre du groupe attrape la Covid, que faites-vous avec les 29 autres?

Car le tour opérateur est obligé de les mener à terme. De plus, dans une telle situation, le groupe est tout-à-coup plongé dans une situation d’insécurité. Et qu’en est-il si les clients ne veulent plus poursuivre le voyage? Et bien le tour opérateur a l’obligation de les ramener.

En d’autres mots, vous devenez responsables financièrement d’une situation que vous n’avez pas créée. C’est dans ce sens que le tour opérateur prend un risque de laisser partir un groupe.

OJQ : Le voyageur aussi a pris un risque, non? Le risque n’est-il pas partagé?

HG : Non, pas du tout.

OJQ : Donc, dans le cas d’un voyage de groupe comme un circuit, le fardeau repose uniquement sur le dos du fournisseur?

HG : Oui.

Comment la loi s’applique dans un tel contexte

Open Jaw Québec : C’est ce qui explique la reprise plus lente des circuits de groupe? Actuellement?

Harry Goetschi : Oui. Car voici : un individu qui voyage seul, qui prend la décision de faire quelque chose lui-même, il est le seul maître de sa destinée. Mais dans le cadre d’un groupe, l’individu se joint à quelque chose qui est contrôlé par quelqu’un d’autre, ici le tour opérateur.

Cela veut dire que le tour opérateur prend la responsabilité de laisser partir un groupe et, en ce temps de pandémie, durant une situation incertaine. Alors le tour opérateur prend le risque en totalité. Et la loi nous le prescrit. Nous n’avons pas le choix de nous extirper de ça.

C’est pour ça que dans une situation comme celle actuellement, un tour opérateur ou une agence ne voudra pas prendre un tel risque et laisser partir un groupe. Car des conséquences néfastes peuvent survenir et cela pourrait ruiner une entreprise.

OJQ : Comment ça se passe donc, au quotidien en ce moment, dans le département des circuits groupes chez Tours Chanteclerc?

HG : Nous gardons le contact avec tous nos fournisseurs à destination, mais les nouveaux projets concrets de groupe sont à l’arrêt. Sauf dans des zones comme le Canada. Bien que les règles puissent être différentes et/ou changer d’une province à une autre, il y a quand même une structure fédérale en place. Ailleurs dans le monde, si ça tourne mal, ça peut vite devenir tout un charivari!

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.