Open Jaw invité à la conférence d’Annick Guérard, sur le nouvel envol pour Transat

C’est devant une salle comble que s’est exprimée Annick Guérard, présidente et chef de la direction chez Transat, lors d’un déjeuner-causerie organisé à Montréal, par la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, le 4 mai dernier, et auquel Open Jaw Québec a assisté.

Annick Guérard. Photo: Chambre de commerce du Montréal métropolitain

« Lorsqu’on regarde les pertes à l’échelle mondiale qui ont été accumulées dans l’industrie du voyage en 2020, on parle de 138 milliards de dollars US. En 2022, c’est 10 milliards $US de perte. Ces chiffres démontrent la violence du choc, mais aussi la force de la reprise. Aujourd’hui, on est en piste et bien prêts pour notre prochain cycle de croissance », a annoncé d’emblée Mme Guérard lors de cette conférence.

Ce fut d’ailleurs l’occasion de faire un retour sur cette crise mais surtout, de présenter le nouvel envol de Transat ainsi que les défis à venir pour l’industrie aérienne.

Les bouleversements de la crise

« À mon entrée en poste durant la pandémie, l’entreprise n’était que l’ombre d’elle-même. Tous nos avions étaient cloués au sol et 85 % des employés avaient dû être mis à pied », illustre Mme Guérard.

Mais, chiffres à l’appui, elle souligne que Transat se relève aujourd’hui de cette crise avec :

  • 4600 employés au travail;
  • une programmation aérienne 2023 équivalente à 90 % de celle pré-pandémie ;
  • une situation financière qui se rétablit progressivement.

Selon les estimations annoncées par Mme Guérard, la courbe de croissance de Transat devrait être retrouvée en 2025.

Photo: Marie-Noël Ouimet

Un nouveau modèle pour Transat

Ces années de crise auront également été l’occasion de revoir le positionnement de Transat et son modèle d’affaires.

« Il y a 3 ans, Transat se définissait comme un voyagiste, une compagnie spécialisée dans l’organisation de voyage. Depuis, on a recentré nos activités autour du secteur aérien. »

Parmi les nouvelles mesures prises en lien avec ce positionnement, elle mentionne celles-ci :

  • relocalisation des activités de Transat dans l’est du Canada, principalement en Ontario et à Montréal;
  • réduction du nombre de modèles d’avion dans la flotte, passant de 4 à 2 modèles d’avion;
  • développement de nouveaux partenariats aériens, notamment avec WestJet et Porter;
  • numérisation des processus pour une plus grande efficacité.

À ce plan s’ajoute un positionnement de niche sur les destinations. « L’ambition de Transat n’est pas d’offrir toutes les destinations du monde, mais d’être les meilleurs sur chacune des routes que Transat offre », affirme Mme Guérard.

Leur marché principal reste l’Europe. Transat est d’ailleurs le seul à opérer en liaison directe certaines destinations telles que Malaga, Porto, Zagreb, Gatwick ou Glasgow. Les destinations soleil gardent également une place enviable dans leur offre.

Les défis à venir pour le secteur aérien

« Selon l’Association internationale du transport aérien, les compagnies aériennes devraient déployer, en 2023, une capacité équivalente à 90 % de celle de 2019 et, en 2024, le trafic aérien devrait retrouver le niveau de 2019 » mentionne Mme Guérard. Mais plusieurs défis attendent les transporteurs aériens.

Tout d’abord, on assiste à un remodelage du type de voyage effectué par les consommateurs. Les voyages d’affaires font face à une reprise plus lente, note la dirigeante.

« Les compagnies réduisent la fréquence de ces voyages et en parallèle, les consommateurs augmentent la durée de leur séjour, pour prolonger les vacances en voyage d’affaires ou l’inverse » explique-t-elle.

Selon Annick Guérard, ces changements représentent un défi important, principalement pour les compagnies aériennes dont une partie des profits reposent sur le segment de clientèle affaires.

Autre défi en vue, l’arrivée des compagnies aériennes à bas prix, les low cost, sur les marchés domestique et transfrontalier.

Mme Guérard reste toutefois optimiste : « Transat joue très peu dans le segment affaires et très peu dans le marché des compagnies à bas prix. Notre cible, ce sont le loisir et les marchés internationaux, les longues distances. »

Les conditions du marché restent également difficiles, précise-t-elle, en mentionnant plusieurs facteurs, dont l’inflation, les tensions géopolitiques, le taux de change, les retards sur la chaîne d’approvisionnement du secteur aéronautique et le fait que plusieurs aéroports n’ont pas retrouvé la fluidité d’avant la crise.

À quand la décarbonation du secteur aérien?

Un enjeu majeur reste également la conciliation entre le besoin humain de voyager et les impératifs liés aux changements climatiques.

« L’industrie du secteur aérien contribue aujourd’hui à 2,5 à 3 % des émissions globales de CO2 mondial », mentionne Mme Guérard. « La décarbonation, ajoute-t-elle, est cruciale chez Transat. On prévoit réduire nos émissions de carbone de 24 % d’ici 2030. »

C’est vers le carburant durable, le SAF (Sustainable aviation fuel), que l’attention est tournée, comme l’explique Mme Guérard durant sa conférence :

« Transat est un partenaire d’origine du consortium SAF qui vise à développer du carburant durable au Canada, plus précisément de l’électro SAF, la technologie la plus prometteuse. »

« Notre objectif nécessite une contribution de 10 % de SAF au sein de nos avions et on ne les a pas en ce moment. La technologie existe, elle est à Montréal. Mais pour parvenir à pouvoir produire à l’échelle industrielle, il faut de grands investissements et donc, un engagement des gouvernements à tous les paliers. »

« Pour nous, il est essentiel que le besoin du voyage trouve écho dans une démarche de décarbonation crédible », conclut-elle.

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