Hôtellerie & pandémie : le Château Beauvallon de Tremblant au banc d’essai

Dossier spécial. Par curiosité de voir réellement comment ça se passe, sur le terrain en temps de pandémie, derrière la porte d’une chambre d’hôtel, j’ai séjourné au Château Beauvallon de Mont-Tremblant.

Le choix de l’hôtel s’est effectué ainsi : j’ai déployé une carte du Québec, repéré une région qui accueille à l’année un lot important de touristes (Laurentides) puis ai sorti cet hôtel de 70 suites du chapeau.

L’accueil et les lieux publics

À mon arrivée au Château Beauvallon, des portes automatiques me souhaitent la bienvenue. Dans le hall d’accueil, une borne de désinfection m’attend et une affiche m’informe que le port du masque est requis en tout temps.

Au moment de l’enregistrement, et contrairement à mon expérience à l’Hôtel Le St-Germain (lire Hôtellerie & pandémie : l’Hôtel Le St-Germain de Rimouski au banc d’essai), je dois remplir un questionnaire sur mes symptômes en lien avec la Covid. Au bas de cette page, cette note :

« Si la réponse est « oui » à l’une ou l’autre des questions, l’accès au Château Beauvallon sera refusé. »

À l’accueil toujours, la réceptionniste m’informe que le petit déjeuner n’est plus offert (et que les tarifs ont été revus à la baisse pour cette raison), qu’un service de navette vers la montagne est toujours en vigueur et que le bar de l’établissement est fermé.

Elle me remet ensuite un document portant sur les mesures générales en place et à respecter et comment l’environnement de ma chambre a été sécurisé. Ce document m’informe entre autres que

« dans les suites, tous les éléments non essentiels ont été retirés mais disponibles à la réception au besoin. À moins d’une demande urgente, aucun service d’entretien aux chambres ne sera fait durant votre séjour, afin de limiter les interactions du personnel avec votre environnement. Des produits de nettoyage seront disponibles pour les clients désirant désinfecter eux-mêmes leur environnement durant leur séjour. »

La suite

Dès mon entrée dans ma suite, je fais une inspection visuelle. Comme la suite est dotée d’une cuisinette, ustensiles, essuie-tout ou encore linge à vaisselle ne sont pas jugés non essentiels, et n’ont pas été retirés.

Je remarque l’absence de toute documentation papier, et je remarque aussi que la terrasse extérieure adjacente à la suite et son mobilier sont dans un état de malpropreté lamentable, si bien que je dois faire un bon lavage de la table et des chaises avant de pouvoir m’y assoir.

J’apprendrai le lendemain que c’est la lenteur dans l’obtention des autorisations pour faire les travaux de nettoyage (lenteur que cause la pandémie dans de nombreux procédés) et la réduction actuelle du personnel en place qui sont responsables de cette décevante malpropreté.

Pour le reste, des coussins décoratifs trônent directement sur les oreillers et les accessoires d’hygiène corporelle habituels sont présents (séchoir à cheveux, petites bouteilles de shampoing, télécommande sans bande protectrice de plastique).

Une jasette dans le couloir

Au dernier jour de mon séjour, c’est ma rencontre dans le couloir avec une préposée de l’unité d’entretien des chambres qui me nourrit des informations que je souhaite savoir.

Par exemple, le personnel d’entretien ménager a pour consigne d’attendre 3 heures suivant le départ des clients pour entrer dans la chambre et y faire le ménage (au plus fort des inquiétudes et incertitudes de la pandémie, en 2020, le délai d’attente était de 24 heures).

Il s’agit ici des consignes émises par la CNESST et qui reposent sur la compréhension accrue de la Santé Publique du « fonctionnement » virus de la Covid, à l’effet qu’il ne présenterait un danger de contagion que durant trois heures sur les surfaces et le textile (rideaux, coussins, divan).

La dame m’informe également qu’avant la pandémie, 2 préposées avaient le temps de nettoyer 12 chambres par jour. En 2020 (au plus inquiétant de la pandémie), avec les nouvelles mesures de désinfection imposées, le ratio ne pouvait être plus que de 2 préposées pour 5 chambres/jour. Actuellement, avec un doigté acquis par le personnel (maintenant que les nouvelles procédures de désinfection sont maîtrisées), ce ratio est de 2 préposées pour 8 chambres/jour.

Au moment de mon séjour, un couvre-feu à 21h30 était en vigueur. Pour qu’il soit respecté par tous, l’hôtel demandait à la clientèle d’arriver avant 21h.

Afin d’optimiser l’expérience cliente pour les besoins de ce reportage, notre journaliste a séjourné dans l’établissement sans annoncer sa venue au préalable et a payé les frais de la chambre pour son séjour. Date du séjour : fin de semaine du 15 et 16 mai 2021.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.