Open Jaw Québec a répondu à l’invitation du Groupe Lufthansa, celle d’une table ronde avec deux chefs du groupe basés ici en Amérique. La rencontre s’est déroulée à Montréal et avait pour menu reprise, défis et projets.
« Nous avons beaucoup de choses positives à communiquer aujourd’hui » a annoncé d’emblée Frank Naeve, vice-président des Ventes Passagers pour les Amériques pour le Groupe Lufthansa.
« Le premier message que nous voulons adresser, c’est que nous sommes très heureux que l’industrie connaisse un bel élan de reprise en ce moment. Cette reprise se fait sentir sur les ventes de nos vols. Le paysage concurrentiel est similaire à celui qui prévalait en 2019. Et nous nous voyons en très bonne position.
« Comme vous le savez aussi, au plus fort de la pandémie, à cause des restrictions, les compagnies aériennes ont dû réduire leurs services. Pour les transporteurs de notre groupe, je suis heureux d’annoncer que tous les services sont de retour maintenant, au niveau pré-pandémique et ce, peu importe la catégorie de cabine. Tous les services sont également de retour dans nos points d’accueil au sol. »
Loisirs vs affaires
Monsieur Naeve nous a appris qu’en ce moment, les transporteurs aériens du Groupe Lufthansa (dont Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines) accueillent davantage les voyageurs d’agrément que les voyageurs d’affaires.
« La demande pour le volet loisirs est plus forte qu’en 2019. La demande pour le volet corporatif redémarre, mais à un plus faible niveau que le volet loisirs et ce, bien que les voyageurs d’affaires reconnaissent ce besoin de reconnecter et interagir à nouveau en personne avec des collègues, collaborateurs ou clients à l’étranger », explique Monsieur Naeve.
« Aussi, ce que nous constatons également en ce moment, c’est une demande accrue pour les déplacements dans un environnement plus haut de gamme chez les passagers loisirs. Ces passagers loisirs étaient davantage associés à la classe Économie. Mais nous constatons une augmentation de la demande dans notre cabine Économie Premium et notre classe Affaires chez ces voyageurs. »
Fréquence actuelle des vols
Pour le marché canadien, le Groupe Lufthansa a retrouvé un volume des vols presque similaire à celui d’avant la crise, « soit un total de 66 fréquences hebdomadaires entre le Canada et les destinations desservies pour le groupe Lufthansa, actuellement. Nous en sommes très fiers et d’ici la fin de l’été, nous desservirons cinq destinations au Canada. Car au cours de l’été, nous commencerons des opérations à Calgary et à Halifax (les trois autres étant Toronto, Vancouver et Montréal, NDLR) ».
Montréal : un marché important
Pour le Groupe Lufthansa, Montréal fait figure de marché important : « nous desservons Montréal à partir de quatre de nos hubs, soit depuis Francfort et Munich avec Lufthansa, depuis Zurich avec Swiss, depuis Vienne avec Austrian Airlines. Et nous sommes très fiers de la fidélité de plusieurs de nos consommateurs sur ce marché » a souligné Frank Naeve.
Investissements et nouveaux avions
Le Groupe Lufthansa a des projets au carnet, sur fond d’importants investissements : « au cours des 18 prochains mois, nous moderniserons toutes les classes de nos cabines. Et les appareils sur les liaisons avec le Canada sont concernés, a poursuivi le vp des Ventes Passagers.
« D’ici 2025, nous accueillerons 120 nouveaux avions dans notre flotte. Cela signifie que nous recevrons chaque semaine de nouveaux avions. Ces avions seront des 787, des A350 et 7 nouveaux Boeing 777X. Ces avions auront un impact positif sur l’expérience des clients et sur l’environnement. Et d’ici 2030, c’est 180 nouveaux avions que nous attendons. »
Durabilité
De tous les sujets abordés, la durabilité s’est taillée une petite place. Plusieurs initiatives sont en cours chez les transporteurs du groupe, et certaines visent un élément capital : le carburant.
« Outre l’innovation par la technologie, qui est majeure pour nous dans ce domaine, le choix d’un carburant plus écologique est véritablement ce qui nous permettra d’atteindre nos objectifs. L’un d’eux est de réduire de 50 % nos émissions d’ici 2030 et atteindre le 0 émission d’ici 2050 ».
Pénurie de main d’œuvre et retards dans les aéroports : comment Lufthansa gère la crise
Le Groupe reconnait faire face à des défis importants concernant le manque de personnel. « Mais nous pensons que nous pourrons fonctionner avec un horaire très stable tout au long de l’été. Nous sommes en dialogue intensif avec nos prestataires de services au sol pour nous assurer qu’ils sont en mesure de fournir les services que nos avions ont besoin. Nous avons des discussions avec toute la chaîne du voyage pour atténuer et minimiser l’impact du manque de personnel » a expliqué le vp des Ventes Passagers.
« Nous siégeons sur différents conseils pour rester en contact avec l’IATA et les gouvernements, notamment, afin de trouver des solutions aux retards dans les aéroports, a expliqué Brendan Shashoua, directeur des Ventes au Canada pour le Groupe Lufthansa, également présent à cette table ronde.
« Nous devons travailler tous ensemble. Le gouvernement doit trouver des solutions dans ses aéroports et de notre côté, les compagnies aériennes ont le devoir d’aider en respectant leurs horaires des vols. »
« En bout de ligne, il s’agit d’apporter de la stabilité à tout le système » a précisé Frank Naeve.
Les défis du voyageur selon Lufthansa
Au plus fort de la pandémie, les défis des voyageurs étaient les incertitudes liées au virus : les fermetures des frontières, les restrictions des voyages, etc. « Maintenant, les défis sont liés à la reprise : hausse de la demande des voyageurs et les défis que demandent les opérations des transporteurs, a exposé Monsieur Naeve.
« La pénurie de main d’œuvre apporte aussi son lot de défis pour les voyageurs d’aujourd’hui. Car le marché du travail est plus exigeant qu’avant : ce n’est pas tout, pour une compagnie aérienne, d’engager un nouvel employé ; cette personne n’est pas prête à travailler sur le champ. Il lui faut une formation complète et plus exigeante qu’avant et des suivis en matière de sécurité. Cela dit, tout le monde travaille de manière très constructive. »
Surpris par la rapidité de la reprise?
Nous avons profité de cet entretien pour savoir si la reprise actuelle du voyage, sommes toutes assez rapide, leur est surprenante.
« Surprenante n’est peut-être pas le bon mot, a souligné Monsieur Shashoua. Nous savions tous que la demande allait revenir et ce, dès que le voyage allait être permis à nouveau. »
« Dans le voyage, il est toujours difficile de faire des pronostics, a ajouté Frank Naeve. Normalement, les compagnies aériennes connaissent 12 mois à l’avance ce qui va se passer dans l’industrie. Mais avec la Covid, comme les fondements de la situation manquaient à nos connaissances à tous, c’était difficile de faire des prédictions.
« Cela dit, nous savons la valeur qu’accordent les gens aux voyages, et nous savions que la reprise allait reprendre dès que les voyages allaient être possibles. Un certain niveau d’incertitude demeure encore, mais la rapidité de la reprise n’est pas une surprise. »
La hausse du prix du carburant, oui, mais les taux d’intérêt aussi
« La hausse du prix du carburant est un défi pour tous les transporteurs aériens, a confirmé le vp. Et cela a inévitablement un impact sur les prix. Nos transporteurs travaillent à amoindrir cet impact en compensant en partie.
« Pour l’instant, cette hausse n’a pas un impact sur la demande des voyageurs. Les ventes vont très bien pour cet été. Cela dit, ce que nous surveillons de près, en ce moment, c’est le contexte global de l’inflation et la croissance des taux d’intérêt établis par les banques. Cela pourrait avoir un impact à moyen terme sur les dépenses des consommateurs. »