Guerre en Ukraine, tu ne fais plus peur aux voyageurs!

Lviv, en Ukraine

L’humain s’adapte à tout. Même à une guerre. En tout cas l’humain qui n’en est que le spectateur. Car on raconte, dans les agences du Québec, que la guerre en Ukraine ne fait plus peur aux voyageurs…

« L’année passée, on ne vendait pas du tout d’Europe à cause de la guerre en Ukraine. Les gens avaient peur de traverser et de ne pas pouvoir revenir, ou encore qu’une bombe nucléaire explose à proximité » a confié Gino Villeneuve, copropriétaire de l’agence Club Voyages d’Alma, au journal Le-Lac-St-Jean.

« Ces craintes se sont toutefois dissipées depuis alors qu’on observe « une bonne reprise » des voyages vers le vieux continent » ajoute l’auteur de l’article intitulé La pandémie finie, la « folie du voyage » surgit qui aborde la pandémie mais également le sujet de la guerre.

Donc, les voyageurs ont rangé leur peur. Mais le phénomène est, parait-il, encouragé par l’Ukraine elle-même :

« Les dirigeants ukrainiens le disent : l’une des plus belles façons d’appuyer l’économie de leur pays mise à mal par l’invasion russe, c’est de venir le visiter, malgré les dangers que cela représente. »

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« Si vous êtes braves, bienvenus à Lviv, lance le maire Andriy Sadovy, en étendant les bras pour montrer sa magnifique ville. » (NDLR : Lviv est une ville de l’ouest de l’Ukraine, située à environ 70 km de la frontière polonaise.)

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Dans cet article de la Presse canadienne intitulé Lviv est prête à accueillir des touristes, malgré les dangers et diffusé il y a deux jours (12 mars 2023) sur le site de Radio-Canada, on est sérieux :

« Cela peut sembler étrange, mais nous invitons les touristes qui n’auraient pas peur, dit le pdg d’une compagnie ferroviaire, Oleksandr Pertsovsky. L’économie est en difficulté et le tourisme pourrait devenir une source de revenus. »

« Sa compagnie a même créé un itinéraire scénique pour les touristes allant de la Moldavie à Kiev nommé Le Train de la victoire, rapporte la Presse canadienne. Chaque train est décoré de façon à représenter un territoire occupé par l’armée russe. »

On est rendus là.

Mais on est rendus encore bien plus là : les deux personnes citées (le maire et le pdg de la compagnie ferroviaire) ne s’adressent pas à ces voyageurs qu’on qualifie d’hurluberlus amateurs d’une quelconque formule de tourisme de l’extrême ou encore scabreux.

On s’adresse à tout le monde.

Et avec cet argument : « se rendre en Ukraine pourrait être l’une des meilleures façons pour les Canadiens d’appuyer l’effort de guerre » aurait souligné le pdg de la compagnie ferroviaire.

Et on nous rassure : l’Office du tourisme de Lviv « signale aussi que les hôtels ont leurs propres abris antiaériens »…

Idem pour le virus

En passant, c’est idem pour le virus. Le gros. Le récent. Vous vous souvenez? Tsé celui qui s’appelle COVID-19?

« Les inquiétudes liées à la COVID-19 se font également de moins en moins importantes, poursuit le journal Le-Lac-St-Jean, alors qu’Isabelle Bouchard, directrice générale de L’Agence par Groupe Voyages Québec à Alma, affirme n’avoir « à peu près plus personne qui lui pose des questions par rapport à ça. »

Guerre en Ukraine et guerre antivirale, vous ne faites plus peur aux voyageurs.

On est rendus là.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.