Commissions aux agents : ce que l’AAVQ et Sunwing ont négocié dans l’affaire Champagne

Que vous vendiez un forfait Sunwing à 800 $ ou à 3 000 $, vous obtiendrez finalement 40 $ de commission si le forfait concerne Cuba et 60 $ si le forfait concerne toute autre destination que Cuba.

Ce sont là les commissions à somme fixe que vous, agents de voyage, allez finalement obtenir de Sunwing, si/quand vous traiterez un dossier d’un client qui bénéficiera du rabais de 7 % dans le cadre de l’entente débattue en cour dans l’affaire Champagne.

C’était 0 commission avant (parce que les clients devaient réserver directement auprès de Sunwing). Maintenant c’est 40 et 60.

C’est l’Association des agents de voyages du Québec (AAVQ) qui en a fait l’annonce, vendredi dernier, durant une conférence zoom à laquelle Open Jaw Québec a participée.

Car au lendemain de l’acceptation du juge de l’entente proposée par Sunwing après qu’un recours collectif ait été déposé contre le voyagiste pour publicité trompeuse sur les verres de champagne servis à bord, et dont Open Jaw Québec publiait ici un dossier sur le sujet, ou encore ici, l’AAVQ n’a pas laissé tomber ses revendications – la première étant que les agents obtiennent une commission et soient inclus dans la boucle – et a continué d’interpeller Sunwing pour qu’il revoit sa position.

« Nous en sommes venus à une entente avec Sunwing, qui sommes toutes n’est pas parfaite. On aurait préféré avoir le 8 % de commission, mais on est contents », a d’abord souligné Moscou Côté, président de l’AAVQ.

L’AAVQ et Sunwing ont conclu d’un montant forfaitaire par passager. Ainsi, les agents qui accepteront des clients avec un code Champagne valide :

-pour Cuba, les clients auront un 7 % de rabais sur le montant du voyage avant taxes, l’agent recevra 40 $ par passager payant le tarif adulte

-pour toutes les autres destinations, l’agent recevra 60 $ de commission par passager payant le tarif adulte.

Selon l’AAVQ, Sunwing n’a pas accepté d’accorder le rabais de 7 % aux enfants. Seulement aux adultes.

Vérification des inscriptions, perçue comme un gain

« En plus des commissions fixes, Sunwing s’est engagé à faire du due diligence (NDLR : série de contrôles que les entreprises effectuent pour établir et vérifier l’identité d’un client potentiel), a poursuivi Éric Boissonneault, vice-président de l’AAVQ, qui voit cette démarche comme un gain dans les négociations.

« Chaque client qui va s’inscrire sur le site de Sunwing, pourra obtenir son code Champagne une fois qu’il aura passé par une vérification effectuée par Sunwing pour savoir s’il fait vraiment partie de la poursuite. »

« C’est un gros gain quand on sait que des personnes pourraient être attirées par l’attrait de l’économie sans avoir voyagé durant les dates visées par le jugement. »

20 000 $ en marketing, pas un sou de plus

Dans sa décision, le juge a exigé de Sunwing qu’il investisse 20 000 $ minimum dans les médias sociaux pour faire la promotion du règlement. L’AAVQ et Sunwing ont discuté de ce point et ont convenu de ceci :

« Sunwing ne dépensera pas un sou de plus » a annoncé Éric Boissonneault.

L’AAVQ soutient que, si Sunwing accepte l’idée de ne pas faire la promotion de ce règlement dans les médias sociaux, c’est que « Sunwing ne souhaite pas avoir des millions de personnes sur ce système » ajoute Monsieur Boissonneault et ce, malgré les exercices mathématiques récents de l’AAVQ qui ont démontré que Sunwing pourrait faire un gain de 1 % pour ces ventes à 7 % de rabais en ne donnant pas une commission de 8 % aux agents.

Membres d’un groupe exclus

L’AAVQ a également discuté des groupes avec Sunwing, et d’une problématique de multiplication des têtes qui pourrait survenir, et il a été convenu que « un client qui fait partie d’un groupe (mariage ou autres) aura le droit d’utiliser son code mais ne pourra pas en faire bénéficier les autres membres de son groupe » a annoncé Éric Boissonneault.

Un autre point a été discuté et est perçu comme un gain par l’AAVQ : durant les trois prochaines années de l’exécution de l’entente, quand Sunwing fera circuler une publicité, il n’indiquera pas seulement « Visitez Sunwing.ca »; il ajoutera « Contactez votre agent de voyage ».

Ovation à Lyne Chayer & stratégie

Les derniers propos de la réunion ont d’abord porté sur des remerciements : « Je tiens à lever mon chapeau à Lyne Chayer. Depuis les débuts Lyne s’est engagée dans les dialogues avec nous » a souhaité mentionner Éric Boissonneault.

« Lyne a été notre alliée dans les négociations. Nous avons fait du progrès, et c’est grâce à la participation de Lyne Chayer » a ajouté Moscou Côté.

La réunion s’est terminée par un appel à tous à suivre une stratégie, celle de ne pas ébruiter tous les points mentionnés plus haut sur la place publique, ni parler aux médias de cette affaire, durant le délai de 60 jours prévu pour la période des inscriptions, pour tenter de limiter, en fait, le nombre de ces inscriptions et l’impact de tout ça chez les agents de notre industrie.

Une brève période de questions a conclu la réunion. À la question « les voyages effectués de quelle date à quelle date sont éligibles à cette entente? », il n’y a pas eu de réponse de la part de l’AAVQ.

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.