Regard sur deux surprenantes équations du tourisme responsable

Dossier spécial. Certaines choses sont quand même surprenantes. Et quand l’une parait défier la logique de l’autre, on se dit qu’on a certainement loupé un détail! C’est dans cet esprit qu’Open Jaw Québec a gratté deux aspects qui présentent une étonnante équation dans l’univers du tourisme responsable. Histoire d’éclairer nos lanternes.

Paradoxe 1

Ceux qui croient qu’on doit arrêter de voyager pour sauver l’environnement, et bien non, ce n’est pas ce qu’en pensent plusieurs qui étudient la question. Au contraire : il faut faire du tourisme pour être converti au tourisme durable!

« Le fait d’être éduqué et renseigné sur les enjeux environnementaux, jumelé au fait de voir les choses à destination, il y a ce mécanisme qui s’opère : quand on aime quelque chose, on veut le protéger. Et pour aimer quelque chose, il faut le voir, il faut le sentir. Donc il faut être là, explique Jad Haddad, directeur général de Terres d’Aventure Canada & Karavaniers.

« Quand on est au milieu de la jungle ou entouré de icebergs, on développe une relation plus particulière avec la nature, avec la diversité et avec la biodiversité. Et on apporte ça avec nous. »

La question qui tue!

En parlant de l’Antarctique…

Est-ce moralement acceptable de se rendre en Antarctique, après trois avions et des jours en bateau, pour se faire dire par des scientifiques qui accompagnent les passagers, qu’il faut faire attention à la planète, et réduire notre impact sur l’environnement?

Jad Haddad : « c’est une grande question! Nous ne sommes pas dans le jugement et nous ne sommes pas là pour être des moralisateurs envers notre clientèle. Nous ne sommes pas là pour leur dire vous faites la bonne chose ou vous faites la mauvaise chose.

« Cela dit, la curiosité des gens existe. L’exploration fait partie du genre humain et à partir de cette réalité, la façon dont on fait cette exploration peut rendre l’exercice acceptable.

« Je fais le parallèle avec la viande : est-ce moralement acceptable de manger de la viande? Quand on sait l’impact de l’industrie de la viande sur l’environnement? Si c’est moralement non responsable de manger une viande qui provient de conditions d’industrie qui ont un impact néfaste sur l’environnement, je pense que ça devient moralement responsable quand on fait une démarche pour s’assurer des bonnes conditions de l’industrie où provient cette viande que l’on veut manger. Est-ce que le producteur fait de la compensation carbone, par exemple? Car à cet instant où l’on a cette assurance que les choses sont faites de façon responsable, on est en face d’un tout autre produit.  »

Laura Mony, géologue e formation et guide d’expédition pour Terres d’Aventure :

« Est-ce que, parce que l’Antarctique est l’un des rares endroits où l’on peut observer le grand bouleversement du changement climatique, notamment par la fonte des glaces et la disparition de certaines colonies de manchots, cela veut dire qu’il ne faut pas y aller? Je ne pense pas. Il faut plutôt choisir avec qui on y va et opter pour des entreprises qui proposent une expérience écoresponsable.

Une entreprise comme Terres d’Aventure veille par exemple à respecter les quotas touristiques imposés pour chacun des sites visités et à réutiliser l’eau souillée à bord du navire pour éviter le rejet de contaminants. »

Paradoxe 2

Afin d’aider les conseillers en voyage à garnir leur carnet d’adresses de produits touristiques durables et responsables, Open Jaw Québec a fait le tour des fournisseurs en voyage de notre industrie, dont les compagnies de croisière, pour leur demander d’identifier un produit qui correspond le plus, selon eux, aux initiatives pour un tourisme responsable.

Deux des croisiéristes sondés qui ont répondu à notre requête ont identifié les croisières dans la même destination, mais voilà, surprise : selon Royal Caribbean International et Celebrity Cruises, les croisières à connotation plus durable et plus responsable que les autres sont celles organisées dans les Îles… Galápagos!

« Tous nos navires ont des initiatives à caractère durable fort intéressantes, mais le Celebrity Flora, aux Galápagos, a définitivement été bâti dans cette perspective spécifique, explique Mathieu Robert, directeur commercial chez Celebrity Cruises.

Ceux qui croyaient qu’il ne fallait surtout pas toucher aux Galápagos pour préserver cet environnement ultra fragile, c’est la surprise.

« Les Îles des Galápagos sont très bien protégées et Celebrity fait sa part pour conserver et protéger la faune et l’environnement. Le Celebrity Flora a été bâti par des designers locaux, avec des matériaux locaux ET est entièrement opéré par un équipage de l’Équateur. »

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Détentrice d’un baccalauréat en journalisme de l’Université Laval, Isabelle débute sa carrière de journaliste en voyage en 1995. Ses articles et reportages ont voyagé dans les magazines L’agent de voyages, Voyager et Tourisme Plus, Atmosphère d’Air Transat et le Journal Le Devoir, entre autres. Elle est co-autrice de quatre guides chez Rudel Médias (25 destinations soleil pour les vacances) et aux Éditions Ulysse (Voyager avec des enfants, Fabuleux Alaska/Yukon, Longs séjours à l’étranger). Depuis 2006 aussi, elle présente des conférences devant public.